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Iran-Afghanistan : Washington revient à son argument initial
20.03.2009

Il y a 15 jours, Hillary Clinton invitait les mollahs à la conférence internationale sur l’Afghanistan avec l’arrière-pensée de mettre fin à leur fuite devant tout dialogue ou compromis. Depuis, Téhéran a multiplié les excuses pour ne pas y aller, et les Etats-Unis ont eux multiplié les initiatives pour attirer les mollahs à la table des négociations : après des missions avec des cadeaux et l’évocation de toutes sortes de menaces, en dernier ressort Washington tente la flatterie ! C’est ce que l’on peut appeler un retour à la source !



Quand Clinton avait évoqué une participation iranienne à la conférence sur l’Afghanistan, elle avait parlé de l’« importance régionale » des mollahs qui justifiait leur présence. Cette flatterie était un prétexte pour engager les mollahs dans un processus de dialogue qui les contraindrait à délaisser leurs provocations pour accepter des compromis. Cette flatterie n’a pas réellement touché les mollahs car ils savent que les Etats-Unis ont besoin de dominer l’Iran pour contrôler toute la région afin de vaincre leurs adversaires russes et chinois, c’est pourquoi ils veulent lui imposer des compromis (notamment sur le Hamas et le Hezbollah).

Les mollahs se sont donc immédiatement mis à la recherche d’un prétexte pour ne pas aller à ce rendez-vous piège. Ils ont cependant été tentés d’exploiter l’invitation informelle d’Hillary Clinton pour extorquer une invitation officielle de la part des Américains, afin de faire reconnaître que les Etats-Unis ont géopolitiquement besoin de l’Iran (et ainsi refuser les compromis).

Washington n’a donné aucune suite à cette demande incompatible avec le rôle d’alliés dociles qu’il assigne aux mollahs, et à contre-cœur, après deux semaines d’efforts infructueux et parfois comiques, avant-hier, Téhéran a laissé tomber cette ambition irréalisable pour revenir à la source : la recherche d’une excuse pour ne pas y aller. Téhéran a alors évoqué l’hypothèse d’un dialogue entre Obama et les Talibans.

Pour riposter, les Etats-Unis ont aussi opéré un retour aux sources : le recours à la flatterie initiale. Avec un manque consternant d’imagination, ils ont ressorti la même flatterie : « l’importance régionale des mollahs ».

Fort heureusement, elle ne nous vient pas de Washington mais d’un allié régional des Etats-Unis, l’émir du Qatar, cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani. Lors d’une rencontre avec le ministre iranien des Affaires étrangères, l’émir a déclaré que l’invitation faite à l’Iran de participer à la Conférence internationale sur l’Afghanistan témoignait du « rôle important de l’Iran dans la région », invitant le représentant de Téhéran à faire acte de sa présence « nécessaire pour la région » !

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Il faut croire que cette flatterie ne fonctionne jamais selon les vœux de ses auteurs. La première fois, elle avait convaincu les mollahs que Washington avait vraiment besoin d’une entente avec eux. Ils avaient alors exigé une invitation officielle pour l’embarrasser. Cette fois, Téhéran a infligé la même punition à l’émir du Qatar.

Pour cela, le ministre iranien a retourné la politesse à son illustre hôte en le félicitant pour la diplomatie active de son pays notamment dans le conflit israélo-palestinien et il l’a invité à étendre cette activité sur leur région, pour « une action collective qui bloquerait les ingérences étrangères ». On n’est guère avancé.

Cette nouvelle tentative américaine pour attirer (par des moyens détournés) les mollahs dans un processus de dialogue direct échoue encore. Cependant, cette tentative met le Qatar, l’organisateur du prochain Sommet Arabe, dans l’embarras. Il ne pourra plus refuser d’inviter Ahmadinejad à ce Sommet, comme le lui avait demandé l’Arabie Saoudite (conformément à une demande américaine d’isoler Téhéran).

Comme nous l’affirmions dans une récente analyse, en cherchant le plus rapidement une entente avec Téhéran, la nouvelle diplomatie américaine multiplie rapidement des initiatives contradictoires qui provoquent des désordres qui ne profiteront qu’à ses adversaires, les mollahs.

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| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |