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Iran : Khatami ne plait pas à tout le monde
17.02.2009

Actuellement pris au piège d’une demande encombrante de négociations directes qui le prive d’atout pour refuser un compromis, le régime agite dans ses médias et les médias occidentaux la promesse d’un retour aux affaires du soi-disant modéré Khatami. Dans le concert des louanges qui ont suivi l’annonce de sa candidature, la chaîne Al-Arabiya s’est démarquée en affirmant que Khatami n’était pas un partenaire fiable. | Décodages |



C’est à tort que les médias occidentaux comptent sur la modération de Khatami. Il a été le premier à revendiquer le droit à l’enrichissement en affirmant la volonté du régime à maîtriser la totalité du cycle du combustible nucléaire. Il l’a dit tout au long de sa présidence après le démarrage de la crise nucléaire iranienne. Il a renouvelé ces déclarations après la fin de son mandat notamment dans le dernier entretien qu’il a accordé en septembre 2006 au Monde, entretien où il évoque le « droit légitime (du régime) à la technologie nucléaire ». Une fois élu, il tiendra le même discours.

Mais son utilité pour le régime réside ailleurs. Khatami est l’arme secrète du régime pour arracher un compromis à Obama. Téhéran sait que les Américains souhaitent des négociations directes et officielles pour aboutir à un deal qui permettrait d’intégrer l’Iran dans leur diplomatie pour priver la Russie et la Chine de leur accès exclusif à l’Asie centrale. L’Iran est un maillon fondamental de la diplomatie globale des Etats-Unis en Asie. Téhéran joue la carte du retard pour excéder Obama et lui arracher un deal avec des conditions plus favorables. Pour cela il doit éviter les Américains et le meilleur moyen est de reprendre les négociations mais sans eux, via les Six ou encore les Européens ! Pour cela, il propose de troquer Khatami contre Ahmadinejad qui plait aux Européens. De plus, l’élection d’un « candidat modéré » supposé populaire auprès des soi-disant dissidents féministes ou étudiants renouvellerait la légitimité de la politique nucléaire du régime, donnant encore plus de poids à sa proposition d’un dialogue via les Six.

Au lendemain de l’annonce de la candidature de Khatami, le 10 février (jour du 30e anniversaire de la révolution islamique), le journaliste saoudien Abdul Rahman Al-Rashed, ancien directeur du quotidien londonien Al-Sharq Al-Awsat et actuel patron de la chaîne Al Arabiya, a publié un article assassin dans le quotidien Al-Sharq Al-Awsat où il a qualifié Khatami de « colombe sans ailes ». Selon Al Rashed, si un accord devait être signé avec l´Iran, il faudrait qu’il le soit « avec ceux qui détiennent réellement le pouvoir en Iran », c’est-à-dire Ahmadinejad et les Gardiens de la révolution.

Visiblement, quelqu’un préfère les provocations anxiogènes et stériles d’Ahmadinejad et ses autres collègues des Pasdaran. Mais qui se cache derrière Abdul Rahman Al-Rashed ?
Il pourrait s’agir des Américains, importunés par la stratégie machiavélique de Téhéran, mais également de tous ceux (Britanniques, Saoudiens…) qui redoutent le succès de cette stratégie et la signature d’une entente durable entre Téhéran et Washington.


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| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
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| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |
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