Iran : Enquête dégrisante sur les prix des stupéfiants 22.11.2008 (+vidéo de la vie de toxicomanes au cimetière de Chiraz) Dans son numéro du 6 novembre, le magazine allemand Stern a consacré un dossier à la situation de la toxicomanie en Iran. Un journaliste allemand (Steffen Gassel) et photographe iranien ont plongé dans « l’Iran, le bourbier de la toxicomanie » pour délivrer des images choc de ce pays qui a, selon l’ONU, le taux le plus élevé de la toxicomanie au monde. Très loin des paysages oniriques d’une jeunesse épanouie évoquée par les faux opposants ou des journalistes complaisants, Stern dépeint des parcs publics où les jardiniers ramassent tous les matins non pas les feuilles mortes mais des victimes d’overdose ou des prostituées très jeunes en train de vendre leur corps pour acheter une dose de crack. L’article décrit un paysage apocalyptique dans le quartier Khak Sefid ou dans le Parc Kossar du sud de Téhéran : un sol couvert de seringues usées et des junkies défoncés sur tous les bancs, les joues creuses la bouche ouverte, les yeux révulsés. Le procédé de consommation le plus courant est Khoun-bazi, jeu de sang : on s’injecte une dose, on retire le sang de la même veine pour se le réinjecter immédiatement. Selon les deux jeunes spécialistes interrogés, c’est l’effet garanti. © WWW.IRAN-RESIST.ORG © WWW.IRAN-RESIST.ORG L’article parle également de Ferestheh (Ange), 19 ans, qui se défonce au crack dans une veille et exiguë bâtisse du sud de Téhéran avec sa mère ; cette dernière allume une cigarette pour que le tabac adoucisse le goût âcre de l’héroïne qu’elles consomment. L’ange déchu pense avoir commencé à se shooter à 12 ou à 14 ans, quand le père a quitté sa mère et ses 6 frères et sœur. Son frère aîné qui se défonçait a quitté le foyer et un an après sa grande sœur est morte dans un accident de la route. A 15 ans, elle est devenue le chef de la famille et s’est mise à se prostituer pour faire vivre la famille et acheter la dose quotidienne pour elle-même et sa mère, une si bonne copine, mieux qu’un mec. Pour accéder aux sites que l’on cache, les journalistes allemands ont fait des concessions comme la diffusion des statistiques officielles (1 million de toxicos permanents, 700,000 occasionnels), statistiques qui minimisent l’étendue du problème et contredisent l’affirmation du début selon laquelle l’Iran a la plus grande population toxicomanes du monde (7 à 11 millions d’iraniens dont 16% à 21% des consommateurs par injection). Dans le même esprit, l’article donne très peu de chiffres sur les prix de stupéfiants : il évoque uniquement les revenus quotidiens d’une jeune prostituée (25 à 70 euros) et le prix d’une dose d’héro : 3 euros (5$). Cette absence de chiffres va de pair avec une autre concession faite au régime : l’éloge de ses mérites en matière de prévention, qui serait selon Stern, exemplaire au Moyen-Orient. Cette absence de chiffre a une raison : les chiffres du régime se contredisent. D’un autre côté, aux dires de la population, le marché est contrôlé par les Pasdaran et le Bassidj, les deux milices entremêlées dont l’une contrôle les frontières, les mairies et les ministères et l’autre la police. Ces deux milices contrôlent la drogue, mais aussi la prostitution qui dans cette économie souterraine permet aux junkies d’acheter leurs doses. Cette hypothèse est renforcée par le fait que les prix des stupéfiants baissent et les produits deviennent encore plus abordables chaque fois que le niveau de la contestation sociale augmente. Ainsi récemment, alors que les prix de logements et des produits comestibles ont augmenté de 60 à 70%, les prix des stupéfiants non seulement n’ont pas subi d’augmentation, mais ils ont perdu près de 50 à 60% [1] en un an ! C’est-à-dire qu’ils sont devenus plus de 100% moins chers en termes de pouvoir d’achat. Le prix au kilo du crack est passé de 12000 $ à 5000 $ (-60%), L’opium qui est destiné aux vieux a subi la plus petite dévaluation et le crack, le produit qui séduit les jeunes et les femmes (de profil prostituées) a subi la plus grande baisse. Ce qui montre l’intérêt des diffuseurs pour les consommateurs jeunes. La même disparité existe sur le taux de multiplication ces prix de mi-gros par les dealers : pour l’opium le taux est de 2,2 (la dose de 4 à 5 gr est à 4,5 $ à égalité avec une dose d’héroïne), mais le gramme de crack est vendu 7 dollars dans la rue, c’est-à-dire avec une marge minimale de 40% ! On les brade : pour avoir différents produits à un prix similaire. C’est le pouvoir d’achat ! Les toxicos durs finissent au terrible Crystal Meth (voir vidéo) dont la dose de 0,1 gr est passée de 15 $ à 11 $ (15% de son prix en occident). L’ecstasy n’est pas un produit qui intéresse les diffuseurs (car il ne défonce pas le consommateur, mais le rend heureux, et est moins radicalement destructeur) son prix reste donc élevé aux alentours de 10 dollars la pièce (soit plus cher que le crack ou l’héroïne). Les plus pauvres s’orientent vers l’alcool à 90%, le produit pharmaceutique le plus vendu en Iran (information utile pour Sonia Kronlund de France Culture qui aime bien les libertés sous le manteau sous le régime des mollahs). On est donc loin du compte dressé par Stern, dont le reportage a le mérite d’exister. En France, les médias sont occupés par des journalistes pro-mollahs qui ne parlent jamais de ces misères aux conséquences incalculables pour l’avenir du pays, par des lobbyistes universitaires qui ne font aucune recherche sur ces sujets ou par des bloggeurs occidentaux qui défendent uniquement des faux opposants envoyés par Téhéran. Donc bravo quand même aux Allemands et avis aux jeunes journalistes Français non contaminés par les pétrodollars des mollahs. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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