Ces mesures ne concernent ni le préposé à la lecture, Karim Mansouri, l’un des plus célèbres orateurs coraniques du pays qui avait réceptionné le Coran et lu les versets sans protester, ni aucun autre officiel présent, mais uniquement le ministre de la Culture du régime, Esfandiar Rahim Mâshâï, qui avait déjà défrayé la chronique en se disant l’ami des Israéliens. Les ayatollahs demandent sa démission.

Cette focalisation sur ce ministre est liée à ses déclarations à propos d’Israël, déclarations qui correspondaient à une tentative ponctuelle du régime pour afficher une dissidence intellectuelle dans le cadre des efforts consentis pour faciliter une entente préélectorale avec l’administration Bush. C’est d’ailleurs ce même ministre milicien au profil médiatique plus politiquement correct qui avait été dépêché à Washington par le régime pour les dernières tentatives de négociations avec l’équipe Bush.

Cette entente n’a pas eu lieu et aujourd’hui, Téhéran n’a plus besoin de faire des efforts dans le sens d’une modération de langage à propos d’Israël car il n’envisage aucune entente dans l’immédiat avec les Etats-Unis. La situation s’est même aggravée avec l’arrivée au pouvoir d’Obama qui a clairement proposé aux mollahs un dialogue sans condition préalable. Téhéran a immédiatement resserré toute les vis car la tactique de la reprise sans condition du dialogue suppose néanmoins que Téhéran se montre nécessairement plus fréquentable et moins menaçant par exemple envers Israël : une option incompatible avec la conception des négociations selon les mollahs.

Dès que les mollahs ont reçu les premiers signaux positifs d’Obama, ils ont annoncé l’essai d’un nouveau missile capable de frapper Israël et ont commencé à évoquer les conditions iraniennes exigées avant la reprise de tout dialogue : quitter l’Irak ou encore rompre avec Israël. Le prototype du ministre pro-juif est victime de ce resserrement des vis. Ce qui explique l’indignation à retardement dans cette affaire vieille de plusieurs jours.

Cet homme des services de renseignement du régime doit accepter d’être écarté, il en gardera sans doute une certaine amertume personnelle tant d’autres éléments du régime profitent de son lynchage pour se faire bien voir du sommet du pouvoir.

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