Cette dépêche très formatée expose les points de vue de trois personnes : deux proches d’Ahmadinejad qui font une analyse neutre de l’élection en évoquant une défaite de Bush, et un certain Saïd Leylaz, régulièrement consulté par l’antenne iranienne de l’AFP et par Delphine Minoui ou autres correspondants français en Iran.

Or, Leylaz, ex-n°2 des services secrets du régime, est une sorte de porte-parole officieux de Rafsandjani, la patron occulte du régime. Il exprime la ligne officielle du régime des mollahs et dans ce cas précis il expose ce que le régime attend d’Obama !

Leylaz a dit : « Si Obama met en oeuvre ce qu’il a promis (l’ouverture du dialogue avec Téhéran), cela va affaiblir les radicaux en Iran et les slogans durs et extrémistes ne trouveront plus preneurs… Cela va aussi affecter le dossier nucléaire iranien car la ligne rouge pour le pouvoir n’est pas le nucléaire, mais la sécurité (de l’Iran) et avec l’ouverture d’un dialogue, on lui assure cette sécurité ».

Via le canal formidable de l’AFP, Téhéran rappelle ainsi ses exigences (sa ligne rouge) : des « garanties de sécurité », et des négociations en direct avec les Américains.

Si l’on en croit Leylaz, la simple tenue des négociations directes prime même sur les garanties de sécurité !

Il n’y a rien d’étonnant : cela fait longtemps que Téhéran espère devenir le principal interlocuteur régional des Etats-Unis sans avoir auparavant fait des gestes dans le sens d’un désarmement de ses milices, le Hamas et le Hezbollah. C’est pourquoi ce porte-parole officieux du régime insiste sur l’ouverture d’un dialogue et propose un échange : la fin de la crise nucléaire contre un dialogue qui sera de facto une reconnaissance officielle du rôle régional des mollahs.

Cependant, ce n’est pas nouveau : c’est ce que Téhéran proposait à Bush depuis 2003 (la date du début de la crise). Aghazadeh, le responsable du programme nucléaire iranien, avait même évoqué ouvertement cette solution en juillet 2007. La politique de Téhéran reste donc la même avec le nouveau président américain. Cette dépêche comble en fait l’absence d’une réaction officielle du régime.

Cette absence a deux raisons : d’un côté Téhéran ne veut rien céder sans fermer la porte et de l’autre, comme l’a révélé Seyed Mojtaba Vahedi, rédacteur en chef du célèbre quotidien Aftab Yazd, le régime n’avait pas prévu l’élection d’Obama !

D‘ailleurs selon Vahedi, cette élection signe d’abord la faillite des prévisions des responsables du régime, responsables que Vahedi invite à réviser leurs méthodes d’analyses afin de ne pas trop fantasmer sur la possibilité d’une entente avec Obama. Selon lui, ce dernier agira dans le sens des intérêts américains qui sont par nature hostiles à ceux de la république islamique. C’est plus facile à dire qu’à faire. La dépêche concoctée par l’antenne iranienne de l’AFP et le régime témoigne de ce malaise.

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Obama n’était pas le choix des mollahs :
 Analyse de la déclaration iranienne sur le candidat Obama
 (24.10.2008)