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Iran – Russie : Le dilemme de Gazprom
05.06.2008

Téhéran a annoncé hier sa décision de mettre en chantier 2 pipelines intéressants pour l’Europe qui permettent d’accéder à l’Asie Centrale sans passer par la Russie. Prise dans la nasse de ses engagements atlantistes, l’Europe n’a pas réagi, contrairement à la Russie qui a décidé de s’en mêler.



Une délégation de GazpromNeft se rendra du 7 au 11 juin à Téhéran pour y discuter de la possibilité de coopération dans la réalisation de plusieurs projets pétroliers. Selon le quotidien russe Gazeta, la Russie participera ainsi indirectement au projet de pipeline Nabucco qui cherche à remplacer les fournitures gazières russes par les fournitures gazières iraniennes.

C’est une vision très optimiste de la situation car :
bien que la Russie ne soit pas tenue par les mêmes engagements que l’Europe,
que Gazprom soit richissime et capable de s’offrir de nombreux gisements en Iran,
ou encore que la Russie soit le fournisseur d’armes de l’Iran,
sa présence n’est pas spectaculaire
dans le domaine énergétique iranien : elle est même inférieure à la présence chinoise. Cette absence s’explique par une double réticence russe et iranienne.

Réticence iranienne : les mollahs se sont alliés à la Russie et à la Chine, non pas par anti-américanisme mais pour utiliser la puissance de ces alliances pour retarder des sanctions contre l’Iran. Mais ils mettent à profit ce sursis pour amplifier la crise avec Washington afin de le pousser à accepter un deal irano-américain favorable à leur régime. In fine, les mollahs espèrent conclure des accords commerciaux avec des compagnies pétrolières anglo-américaines pour aller braconner sur le domaine de Gazprom.

Mais l’entente avec Washington est encore loin (pas avant novembre 2008). Les sanctions américaines privent Téhéran des capitaux étrangers et mettent en péril leur régime. Dans ces conditions, tous capitaux mêmes russes seraient les bienvenus, mais c’est sans compter avec les réticences des russes. Moscou est conscient que ses investissements pourraient partir en fumée s’il aidait les mollahs à tenir le coup pour continuer leur manège afin d’arriver à une entente avec Washington.

Gazprom, le prédateur, pourrait choisir une coopération partielle en association avec des compagnies tierces européennes (par exemple ENI son partenaire de South Stream) pour réduire ses risques tout en prenant durablement pied en Iran, qui selon Paolo Scaroni, le patron du groupe pétrolier italien ENI, est l’« Eldorado du marché mondial du gaz ».

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