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Iran : Contourner les sanctions (info et intox)
27.05.2008

L’économie iranienne est durement touchée par les sanctions américaines qui pénalisent les sociétés étrangères souhaitant investir en Iran. Le contournement de ces sanctions préoccupe les mollahs qui ont amorcé des solutions bancaires en fermant les banques iraniennes sanctionnées pour déporter leurs activités sur de nouvelles banques tout en affirmant via une certaine presse que les sanctions sont sans effet et qu’ils arrivent à les contourner facilement.



Ainsi aujourd’hui nous avons eu droit à un long article pittoresque de Malbrunot dans le Figaro qui expliquait comment les mollahs contournaient les sanctions pour les ridiculiser. Or, ce qui est décrit correspond pour une large partie à des achats en contrebande des produits américains avec l’argent iranien, pratiques en cours depuis les 29 ans d’existence de la république islamique d’Iran. Les sanctions bancaires américaines ne privent pas l’Iran de produits de consommations mais d’investissements étrangers.

Ce qu’a décrit Malbrunot n’est pas le contournement de ces sanctions lourdes qui pénalisent les partenaires pétroliers ou gaziers de l’Iran, mais une dépense effrénée des commerçants du régime : beaucoup d’argent sort ainsi de l’Iran au profit des exportateurs basés à Dubaï, mais ce soi-disant contournement ne fait rentrer aucun capital étranger en Iran, ni aucun investissement notamment dans le secteur gazier (en panne depuis 18 mois).

Dans son article, Malbrunot évoque également le financement occulte des opérations gazières avec des sociétés écrans basés dans les Caraïbes ou à Dubaï, laissant entendre que ces investissements pourraient rivaliser avec ceux des banques d’affaires crédibles comme BNP Paribas ou Calyon, deux établissements français sanctionnés par les américains qui ne peuvent plus traiter avec les mollahs.

Selon l’économiste Jean-Pierre Chevallier, « passer par toutes ces astuces prend du temps et coûte cher. Les établissements des Caraïbes et autres de Dubaï permettent de régler des transactions de quelques millions de dollars au maximum alors que les mollahs ont besoin des grandes banques comme BNP permettant de traiter les affaires de plusieurs milliards de dollars ». Par ailleurs, si les mollahs sont fans d’opacité, ils ne peuvent se soustraire à la nécessité d’avoir des banques qui ont pignon sur rue, c’est pourquoi les soi-disant financements via les caraïbes ou Dubaï restent une solution très dérisoire.

L’approximation est la règle d’or de cet article à la gloire de la « malice iranienne ». Le journaliste du Figaro confond volontiers les genres (commercial, financier, importation et investissement) et en plus affirme que les mollahs gagnent des montagnes de dollars, via Nico (une filiale de la National Iranian Oil Company) en raison de la hausse du prix du baril. Il prétend ceci pour affirmer que ces sommes serviront à créer un fond financier de 90 milliards de dollars à Dubaï !

Ceci est doublement faux car le régime iranien n’a pas de réserves en dollars mais uniquement des dettes qui résultent de la vente du pétrole iranien en buy-back (à prix fixe) et non selon les cours du marché. De plus Nico est depuis mai 2007 dans le collimateur des américains qui lui reprochent de servir de relais pour financer le Hezbollah.

Comme d’habitude, les articles de Malbrunot sont un bric à broc pour remplir 6 feuillets où l’intox tient compagnie à une « propagande détournée » des capacités du régime. Par conséquent l’article demeure nul d’un point de vue économique, car le vrai défi pour l’Iran n’est pas d’importer des produits américains avec l’argent iranien par mille et une acrobaties coûteuses via des sociétés occultes, mais de trouver des mécanismes financiers légaux et sans opacité pour rassurer ses partenaires et permettre une reprise des investissements légaux.

Dans ce domaine vital négligé par Malbrunot, les mollahs sont actuellement très actifs et concentrent leurs efforts sur le système bancaire iranien. Les banques black-listées par les américains ou l’ONU sont en voie de requalification : elles vont changer de nom et de secteur d’activité. Parallèlement le régime va créer de nouvelles banques qui auront pignon sur rue, de préférence en coopération avec des pays membre de l’OMC.

Après l’annonce en février 2008 de la création d’une banque iranienne avec le Kirghizistan, modeste membre très endetté de l’OMC, le régime vient d’annoncer un partenariat beaucoup plus solide avec un Etat ami de la France.

Selon la presse iranienne, sur la base d’un accord commercial signé en mars 2007, l’Iran va créer une banque d’affaire binationale pour le commerce et l’action sociale au Venezuela, pays membre de l’OMC depuis 1995. Chacun des deux partenaires avancera 50% des capitaux nécessaires estimés à 1,2 milliards de dollars qui seront déposés sur une caisse créée à cette fin au Venezuela. Le siège de la caisse des dépôts sera à Caracas pour éviter les sanctions et le principal établissement actif sera à Téhéran.

Désormais le grand défi iranien sera de trouver non pas des partenaires pour importer des cigarettes de Dubaï ou des « néons du Brésil », mais d’autres pays membres de l’OMC (comme le Nicaragua ou certains Etats africains) qui seront partant pour tenter une association rémunératrice avec les mollahs.

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| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Instituions : Economies Parallèles |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Georges Malbrunot |

| Recherche Par Mots Clefs : Venezuela |

| Mots Clefs | Pays : Amérique Latine |