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Iran : Une résolution Blanche !
05.03.2008

Au cours de la semaine dernière, les membres européens du Conseil de Sécurité ont exposé l’Iran à un cocktail d’intimidations et de promesses de dialogue. Les alliés chinois de Téhéran se sont dits hostiles à des sanctions économiques qui pourraient être nuisibles au commerce normal entre les pays. Le dernier à intervenir fut El Baradei qui a appelé le Conseil de Sécurité à accorder des garanties de sécurité aux mollahs. Le Conseil de Sécurité a attendu la fin de son discours pour adopter une drôle de résolution (n°1803) susceptible de plaire à chacun et qui pourtant ne convient toujours pas aux mollahs.



Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté lundi une troisième série de sanctions contre l’Iran qui ne touchent pas le commerce avec l’Iran. C’est donc une bonne nouvelle pour Téhéran et ses partenaires commerciaux asiatiques. Cette résolution envisage l’arrestation de certains responsables du régime, s’ils venaient à quitter le pays. Cependant, les responsables en question ne sortent jamais de l’Iran. Aucune autre institution liée au Pasdaran n’a été sanctionnée et la seule nouveauté est la possibilité de fouiller les navires ou avions pour trouver des composants pour les soi-disant activités nucléaires et balistiques des mollahs.

Ces fouilles risquent de ne rien donner car les programmes nucléaires et balistiques des mollahs sont principalement fondés sur des bluffs. Ces fouilles risquent seulement d’empêcher Téhéran d’expédier des armes à destinations de ces milices en Afrique. Pour ce qui du Hezbollah, la livraison se fait via la Syrie et même pour l’Afrique, la livraison pourrait être prise en charge par un sous-traitant ami comme le Venezuela. Ce sont donc des mesures inoffensives [1] dans le cadre d’une résolution blanche.

En clair, le Conseil de Sécurité reste saisi et les sanctions déjà adoptées en vigueur. Cette résolution blanche a été saluée par Washington qui y voit une approbation de sa propre politique de sanctions bancaires à l’encontre des partenaires commerciaux de l’Iran : ce pays se trouve toujours en pénurie d’investissements grâce à ces sanctions. Et Washington espère qu’il finira par le supplier de lever ses sanctions en échange d’un deal. L’Amérique joue donc toujours la carte de sa propre guerre économique d’usure.

Mais cette guerre d’usure unilatérale a tout de même deux tranchants. Pour obtenir le délai nécessaire pour continuer d’appliquer ses propres sanctions contre les investisseurs étrangers en Iran, Washington a dû faire des concessions à la Chine, mais aussi à El Baradei. La Chine a obtenu l’abandon de vraies sanctions économiques et El Baradei a eu droit à une reconnaissance de son appel en faveur d’une large coopération technique avec l’Iran et des garanties de sécurité accordées au régime des mollahs. Or, dans ce nouveau délai accordé par cette résolution blanche, dans quelques semaines ou mois, ce même El Baradei, reconnu par cette résolution, pourrait produire un rapport qui blanchirait totalement Téhéran.

D’ailleurs, malgré la richesse du paquet d’offres incitatives, Téhéran a refusé en affirmant qu’il continuerait à coopérer avec El Baradei : l’objectif sera le rapport final qui blanchira Téhéran et reconnaîtra l’absence de légitimité des résolutions en vigueur. L’Amérique joue la durée, mais cette prolongation peut, à la longue, être fatale à sa politique de sanctions unilatérales.

Téhéran ne sera donc pas forcément le perdant de cette guerre d’usure. Il joue aussi la carte des prolongations et en plus cette durée sera utilisée par les mollahs pour accentuer leurs ingérences terroristes en Irak, à Gaza et au Liban. En espérant imposer à Washington une reconnaissance de leur rôle régional qui est le principal sujet de mésentente entre Téhéran et Washington.

La situation est bloquée en raison de l’intransigeance américaine à refuser (heureusement) cette demande et la nécessité vitale pour le régime des mollahs de l’obtenir. En l’absence d’une clause diplomatique de ce genre, l’appel à la négociation du Conseil de Sécurité est donc dépourvu de sens pour Téhéran qui le rejette (malgré le paquet d’offres déjà présent dans la précédente résolution (n°1747 du 24 mars 2007)  [2]).

Cette résolution blanche et son pseudo-appel à la négociation prolongent donc artificiellement une situation bloquée et irrésoluble.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

[1NOUVELLES SANCTIONS (Résolution 1803, adoptée le 3 mars 2008) |

Interdiction de voyager pour les responsables impliqués dans les programmes nucléaire et balistique iraniens et inspections des cargaisons vers et en provenance d’Iran en cas de soupçons sur la présence de biens prohibés.

Appel aux États « à faire preuve de vigilance avant d’entrer dans de nouveaux accords de financement public des échanges commerciaux avec l’Iran, y compris l’octroi de crédits d’exportation, garanties ou assurances à leurs ressortissants impliqués dans de tels échanges. »

Appel aux États à la vigilance concernant les activités d’institutions financières basées sur leurs territoires avec des banques domiciliées en Iran, en particulier les banques Melli et Saderat, ainsi que leurs branches et succursales à l’étranger.

[2MESURES INCITATIVES proposées par le Conseil de Sécurité |

Réaffirmation du droit de l’Iran de développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et soutien à un tel programme.

Soutien à la construction en Iran de réacteurs à eau légère dans le cadre de projets internationaux.

Négociation et mise en oeuvre d’un accord de coopération nucléaire entre la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) et l’Iran.

Coopération dans la gestion du combustible nucléaire usé et des déchets radioactifs dans le cadre d’arrangements appropriés.

Assurance de l’approvisionnement des réacteurs iraniens par un partenariat dans un consortium international en Russie fournissant du combustible enrichi.

Coopération commerciale à la création d’une réserve stratégique de cinq ans de combustible nucléaire pour l’Iran.

Amélioration de l’accès de l’Iran à l’économie, aux marchés et au capitaux internationaux par un soutien à son entrée à l’OMC et création d’un cadre pour un accroissement de l’investissement en Iran et du commerce.

Coopération dans l’aviation civile, avec levée possible des restrictions sur les exportations d’appareils européens et américains en Iran.

Coopération dans le domaine de la haute technologie.

Soutien à une nouvelle conférence pour promouvoir dialogue et coopération sur les questions régionales.