Depuis le mois de décembre, le régime des mollahs fait référence à un rapport des services secrets américains qui avait fait état de l’interruption par l’Iran d’un programme nucléaire militaire. Et depuis cette date, le régime ne cesse de qualifier l’adoption des résolutions par le Conseil de Sécurité d’erreurs que la communauté internationale doit réparer en accordant à l’Iran un dédommagement pour les préjudices provoqués par les sanctions. Les mollahs demandent également que le Conseil de Sécurité soit dessaisi. Le discours d’Ahmadinejad faisait référence à ces « erreurs » et à cette demande.

« Ils (les occidentaux) croyaient que les menaces, les pressions, la guerre psychologique et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU obligeraient le peuple iranien à céder, mais ils se sont trompés, comme toujours », a indiqué Ahmadinejad qui a également précisé que l’Iran « ne céderait pas d’un iota ».

Malgré les apparences, cela pourrait dire le contraire de ce que l’on pense : les mollahs espèrent une reconnaissance de leur droit à l’enrichissement « pacifique », c’est-à-dire une reconnaissance implicite à un rôle régional. Ils indiquent la voie à suivre dans ce discours déjà entendu qui cette fois n’est pas une déclaration de guerre mais une feuille de route. C’est ce que nous appelons légère erreur d’interprétation. Ce discours riche en sous-entendus comme beaucoup d’actions entreprises par le régime est aussi une preuve supplémentaire d’existence d’une politique d’amplification délibérée de la crise : une amplification suivie d’une proposition de feuille de route.

Tactique persuasive | Cette tactique est utilisée pour agir sur les européens partenaires commerciaux de l’Iran et alliés mous de l’Amérique, afin qu’ils encouragent cette dernière à capituler face aux mollahs. C’est aussi la raison pour laquelle les mollahs insistent pour affirmer que la foule était au rendez-vous pour écouter Ahmadinejad. Ce dernier demandait à la foule de scander les slogans de leur choix et celle-ci criait : « l’énergie nucléaire est mon droit légitime ». Les Etats européens qui espèrent aller dans le sens des attentes des mollahs n’ont donc pas cherché à contredire Téhéran quand il évoque une présence massive de la foule pour écouter ce discours.

Cependant les américains n’accepteront jamais de reconnaître un quelconque rôle régional aux mollahs et c’est pourquoi ils préfèreront avoir une lecture au premier degré de ce discours feuille-de-route, une interprétation qui dénoncera sur la poursuite indésirable des activités nucléaires ou des activités pseudo-balistiques des fusées lanceurs de satellites.

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