Nouvellement promu ayatollah, « l’homme qui contrôle tout » a mis en garde les occidentaux contre les menaces et intimidations qu’ils adressent à la république islamique d’Iran. Selon celui qui se veut un modéré pragmatique, ces menaces rendent le régime encore plus déterminé à poursuivre ses activités nucléaires. Il s’agit d’ailleurs de la ligne officielle du régime, la ligne défendue par Ahmadinejad et son nouveau responsable des affaires nucléaire Jalili et le prédécesseur de celui-ci Larijani. Il n’y a pas l’ombre d’une nuance de mésentente entre les soi-disant modérés et les soi-disant conservateurs.

Pour ce qui est du fond, on connaît la rectitude des mollahs sur le droit à l’enrichissement, et comme d’habitude et presque obligatoirement par conformité idéologique, le prédicateur du jour a évoqué des menaces contre les américains. Il y a eu cependant une nouveauté dans ce discours : l’accent a été mis par Rafsandjani sur le fait que le refus (par le Conseil de Sécurité) du droit à l’enrichissement (à l’Iran) aurait pour motif la préservation d’un monopole réservé aux Etats « colonialistes ».

C’est sans doute, le nouvel axe de contre-attaque des mollahs : chercher à mobiliser les ex-colonisés et leurs populations à une fronde tiers-mondiste contre ce monopole assuré par le TNP. C’est un discours qui a ses adeptes au sein du Mouvement des Non Alignés dont les membres sont par ailleurs très sensibles aux efforts des mollahs pour remettre en question l’universalité des critères des droits de l’homme. Cette référence aux colonialistes discriminateurs est une mise en cause du TNP, traité par essence discriminatoire, et une seconde mise en cause, celle de la légitimité du Conseil de Sécurité (composé selon les mollahs, d’ex-colonialistes, ex-impérialistes et envahisseurs en tout genre).

Cependant il s’agit d’une contre-attaque bien soft car malgré les sympathies alter mondialistes que peut susciter ce projet, il ne pourra pas constituer immédiatement un front anti TNP ou anti-Conseil de Sécurité.

Donc malgré les apparences, ceci reste du bavardage et le discours de Rafsandjani est la preuve d’une certaine forme d’attentisme. La conjoncture est défavorable dans tous les domaines. Ils ne peuvent pas provoquer une guerre au Liban ou en Palestine, où leurs alliés doivent filer droit et faire preuve de civisme. Leur efficacité terroriste est en baisse en Irak et sur le plan intérieur, les caisses sont vides et les investissements rares. Les mollahs font du bavardage en attendant de se refaire ou de voir les évolutions du groupe 5+1 avant de se lancer dans de vraies contre-attaques (y compris sur la remise en cause du TNP ou même sur la composition du Conseil de Sécurité).

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