Il convient de préciser quelques points. Cette indifférence insupportable est le résultat d’une complaisance continuelle de la presse écrite, des radios et des télés françaises ou internationales à l’égard de leurs invités iraniens ou spécialistes de l’Iran. Qui a déjà vu ou entendu un artiste ou un sportif d’origine iranienne prendre le temps de sensibiliser l’opinion sur ce qui se passe en Iran à propos de la lapidation, des pendaisons de mineurs ou d’homosexuels ? Assurément personne, tout tourne autour de leur petite personne et les journalistes respectent leur indifférence si semblable à celle des collaborateurs français sous l’occupation.

Mais cette indifférence est encore plus grave, les autres étaient collaborateurs car ils vivaient sous une occupation, nous avons là des personnages qui ont la chance de vivre dans un pays libre, qui en ont obtenu la nationalité mais ne font aucun usage de cette liberté pour dénoncer les violations officielles des droits de l’homme en Iran. Par là, nous n’entendons même pas la condamnation des sévices sur les prisonniers politiques, sévices que le régime nie, mais nous constatons que ces Iraniens qui ont accès aux médias ne condamnent aucune violation des droits de l’homme commise dans le cadre de l’application du code pénal. En outre, il s’agit bien de condamnations avérées et de faits publiés par la presse officielle iranienne et republiés par les médias occidentaux.

C’est Alireza Jamshidi, le porte-parole du pouvoir judiciaire des mollahs, celui qui avait reconnu la lapidation d’un homme iranien qui a également annoncé la pendaison de vingt personnes pour « crimes immoraux » : viol, abjuration, blasphème... et 6 des 20 condamnés seront pendus pour deux autres « crimes immoraux » : « fornication et sodomie », selon le jargon très châtié des mollahs.

Le très charmant Khatami a également rappelé récemment que la « fornication sodomite » devait être récompensée par de la torture (80 coups de fouets) suivie de la peine de mort, au choix par pendaison ou précipitation du haut d’une falaise (joies de la charia).

Les Iraniens médiatiques qui squattent les télés pour parler de leur petite personne (ou faire la promo de leur biographie) se gardent bien d’utiliser ce jargon et d’ailleurs tous savent qui parmi les mollahs est tenté par ces crimes immoraux car en Iran le régime ne punit que les « sodomites » sans relations haut placées.

Le Guide Suprême du régime est réputé pour ses penchants homosexuels (son rang lui permet d’ailleurs de laisser libre court à son appétit : photos ci-dessous) ! Mais la justice des mollahs ne l’accable pas, il y a d’autres cas célèbres comme le fils de Fallahian qui tua son amant dans un accès de rage le jour du mariage de ce dernier devant tous les invités, jamais il ne fut inquiété. L’homosexualité est très courante parmi les mollahs : c’est le secret de polichinelle de ces messieurs. Mais sous le régime des mollahs, on ne tue pas ceux du sérail, on tue uniquement ceux qui posent problème, ceux qui ne servent plus à rien.

D’ailleurs pour éviter une sur-médiatisation le régime a toujours fait exécuter les opposants politiques ou les emmerdeurs sous d’autres prétextes : violeurs, trafiquants de drogue, meurtriers... Dans ce cas qui nous intéresse, il y a une volonté de médiatiser ces pendaisons, d’affirmer la méchanceté de ce régime, sa capacité de punir avec sévérité ce qui est permis pour les gros bonnets du régime et leurs mômes.

C’est pourquoi l’indifférence pesante des Iraniens célèbres de la diaspora, les Satrapi-Ebadi et nos valeureux sportifs naturalisés français, est encore plus choquante : le régime ne se cache même pas et agit ouvertement. C’est l’été et ces pendus seront vite oubliés. Aucun journaliste n’ira harceler les célèbres iraniens de France pour si peu.

2nde indignation | A l’heure où nous avions fini l’article, nous avons remarqué un article de Thierry Meyssan qui prenait à parti Pascal Riché. Meyssan s’indigne : on veut diaboliser l’Iran !

On croit entendre le leitmotiv de Satrapi qui inlassablement utilise le mot IRAN pour désigner les mollahs. Bref Meyssan s’indigne : il ne faut pas diaboliser l’Iran.

Il affirme que Riché est un falsificateur d’infos et que contrairement à ce qu’il prétendrait, aucune des personnes condamnées à mort en Iran ne l’est « simplement parce qu’elle est homosexuelle ». Meyssan parle sans doute de ses propres fréquentations à Téhéran, où rappelons le, les gays d’en haut ordonnent la mort des gays d’en bas.

Meyssan affirme également que la lapidation n’existe pas dans le chiisme et n’a donc aucun rapport avec ce que l’on nomme péjorativement le « régime des mollahs » qui selon Thierry y serait opposé.

Enfin, Meyssan revient sur le cas de Jila, condamnée à être lapidé à 13 ans, sauvée par une campagne internationale (la campagne française avait été initiée par le fondateur de ce site).

Meyssan l’indigné s’attaque à Elisabeth Badinter qui avait sensibilisé l’opinion française sur le cas de Jila et avait contribué à la sauver. Selon Meyssan, elle serait un agent du Pentagone ! Faut arrêter de sniffer de l’Ajax Thierry. Au fait, à l’époque, aucun de nos people iraniens, écrivain, BDiste, tenniswoman, ex-tennisman rigolo, peintre, éditeur, cinéaste, productrice de cinéma, boxeur ou autres grandes gueules iraniennes n’avait mis le nez dehors pour défendre la petite ou crier halte à l’exécution des mineurs.

PS | Pascal Riché semble découvrir l’approche des médias sur l’Iran alors qu’il a travaillé pour Libé, ce journal qui a fait la fortune de Persépolis sans jamais inquiéter Satrapi avec des questions embarrassantes sur l’Iran. Quitte à s’indigner, il faut aussi balayer devant sa porte.