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Iran : Nouvelles sanctions ou nouvelles négociations ?
24.06.2007

Le régime des mollahs et l’Union européenne ont repris samedi à Lisbonne leurs discussions, 30 jours après la fin du délai de 2 mois que le Conseil de Sécurité avait accordé aux mollahs pour régulariser la situation. En tout cela fait 4 ans que les mollahs et les Européens se retrouvent régulièrement sans avancer d’un iota et tout en déclarant vouloir tenter une dernière fois d’éviter une aggravation de la crise.



Afin d’éviter une aggravation de la crise, les deux parties évitent d’évoquer les 2 questions qui posent problèmes : la suspension de l’enrichissement, l’application du protocole additionnel permettant aux inspecteurs de l’AIEA de visiter sans prévenir tout endroit qu’ils estiment lié aux activités nucléaires. D’ailleurs si les deux parties évoquent volontiers leur désaccord sur la suspension ou pas de l’enrichissement, d’un commun accord, les deux parties sont bien silencieuses sur l’application du Protocole additionnel.

En réponse aux provocations de Téhéran et son dédain à l’égard des exigences du Conseil de Sécurité, on évoque souvent des sanctions économiques, mais aucune d’elles n’est réellement susceptible de briser le régime des mollahs. Les Américains à eux seuls ont ce pouvoir : il leur suffirait de demander aux Fonds de Pension américains de ne plus investir leurs capitaux en Iran. Mais au lieu de faire ces actions qui ne demandent aucun consensus international, ils recherchent un « consensus international impossible à réaliser » ! Ils n’avaient pas ce genre d’attitude à l’égard de l’Irak de Saddam Hussein.

En effet, leur objectif était d’abattre le régime de Saddam pour créer un état chiite en Irak afin de créer un « pôle chiite au Moyen-Orient avec l’objectif de créer un Arc Chiite (avec l’Iran et le Hezbollah au Liban) dans un environnement pétrolier à dominance sunnite.

Ils espéraient qu’en mettant sous pression les mollahs, ces derniers accepteraient le plan américain d’un Arc Chiite. Les mollahs ont refusé « ce deal » et ont commencé une guérilla contre les Américains (et leurs alliés ou leurs protégés).

Ces derniers continuent d’espérer créer leur arc chiite et tolèrent les provocations de Téhéran et tablent sur un affaiblissement progressif du régime. Il est vrai que Téhéran est engagé dans un effort de guerre asymétrique au Liban, en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Maghreb, au Yémen (voisin de l’Arabie Saoudite) et en Somalie. Normalement, le régime des mollahs devrait s’épuiser sans de nouvelles sanctions économiques. Dans cette perspective pragmatique, les Etats-Unis estiment qu’ils peuvent évoquer un consensus international ou adopter de nouvelles sanctions sans réel impact car il n’y a pas d’urgence.

Selon le Washington Post de samedi, Washington comme Londres ont d’ores et déjà rédigé des projets de résolution, qui prévoient notamment des interdictions de voyager, un gel des avoirs bancaires ainsi que des inspections des navires et avions cargos iraniens, en cas d’échec des discussions de Lisbonne. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui tous les deux cherchent à créer un arc chiite au Moyen-Orient se retrouvent aux avant-postes pour prendre des mesures sans grande nuisance pour les mollahs.

Les personnes qui sont visées ne voyagent guère hors de l’Iran et les mollahs n’ont pas réellement de capacités nucléaires ou balistiques susceptibles d’être lésées par ces mesures. Le seul point de friction est la fouille des avions cargos mais ces derniers aussi font le voyage de Téhéran à Damas et l’on se demande où les américains comptent fouiller ces avions : à Téhéran ou à Damas ?

Ces mesures sont donc prises pour continuer la stratégie d’épuisement des mollahs dans la durée de leur effort de guerre asymétrique. Cette supposition est fondée sur le caractère larvé de cette guerre régionale menée par les mollahs contre les Etats-Unis. Sur la durée, cette supposition est effectivement réaliste, mais les mollahs réclament « au moins » deux mois de délais pour mettre en place ce qu’ils appellent : un plan de travail avec l’AIEA.

Ces deux mois (ou plus) vont surtout être employés à intensifier les efforts de guerre en Irak, en Afghanistan et au Liban et ailleurs pour épuiser les Américains et détériorer l’image des Républicains aux Etats-Unis et contraindre l’administration Bush à un repli aussi bien en Irak que dans ses exigences envers Téhéran. Ils espèrent également obtenir un relâchement des sanctions bancaires américaines qui paralysent partiellement le régime.

Les Européens participent à ce jeu de cache-cache en restant l’allié des mollahs. El Baradei continue également de conseiller les mollahs. L’Europe pourrait jouer un autre rôle, mais elle ne s’en donne pas les moyens.

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |