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Iran : Rushdie et les intellectuels iraniens
23.06.2007

Des écrivains se mobilisent en faveur de Salman Rushdie. Déclarations et réactions des écrivains révoltés et des responsables peu fréquentables du régime des mollahs.



En Europe, l’écrivain britannique Hari Kunzru a estimé qu’il était « absurde » de penser que l’anoblissement de Rushdie par la Reine Elizabeth était « une insulte délibérée » envers les musulmans. « La véritable insulte, c’est l’ignorance et la paranoïa de dirigeants qui se sentent tellement menacés par un romancier qu’ils réclament sa mort. »

L’association internationale des écrivains PEN a également protesté par l’intermédiaire de sa vice-présidente de la branche britannique, la romancière Lisa Appignanesi. Cette dernière a critiqué la réaction des autorités iraniennes et a présenté Rushdie comme « le Dickens de notre époque ». « Les journalistes, écrivains et universitaires qui croupissent dans les geôles iraniennes sont la preuve de l’intolérance d’un régime qui n’admet aucune forme de désaccord », écrit-elle dans un communiqué publié sur le site Internet de l’organisation. « La plupart des musulmans de Grande-Bretagne ne veulent vraiment pas de cet islam-là », ajoute-t-elle.

Il n’est pas tout à fait certain que les musulmans de Grande-Bretagne ou d’ailleurs partagent cet avis. Pour mémoire, l’ex-Cat Stevens devenu Youssouf Islam avait laissé entendre en 1989 qu’il ne s’opposait pas à cette fatwa qui proposait d’expédier « le Dickens de notre époque » vers le paradis d’Allah. D’autres célébrités musulmanes de Grande-Bretagne ont également critiqué l’anoblissement de Rushdie.

Quant aux « écrivains iraniens croupissant en geôle », il convient de préciser qu’il s’agit dans la quasi totalité de faux opposants qui n’ont jamais condamné la Fatwa lancée par Khomeiny à l’encontre de Rushdie. Les plus célèbres d’entre eux, Ganji ou Sazgara, qui vivent à présent en Europe ou aux Etats-Unis, continuent d’afficher la plus grande indifférence pour « le Dickens de notre époque ». Aucun n’a eu le réflexe de condamner les indignations et menaces formulées ces derniers jours.

La dernière réaction chez nos mollahs est venue d’Ebrahim Rahimpour, directeur des affaires d’Europe Occidentale au ministère iranien des Affaires étrangères, qui a estimé que l’honneur accordé à Rushdie était « un exemple flagrant de l’hostilité anti-islamique ». A titre d’information, en Iran et depuis l’instauration de la république islamique, le ministère des affaires étrangères et le ministère des renseignements sont amalgamés et l’ensemble du personnel diplomatique est de facto lié aux services de renseignements, d’espionnage, de contre-espionnage et la suppression des opposants.

Le « directeur des affaires d’Europe occidentale au ministère iranien des Affaires étrangères » est en réalité celui qui supervise les agents des renseignements et les tueurs du régime basés en Europe occidentale. Dans les années 90, ce poste était occupé par Hossein Moussavian à qui l’on peut attribuer tant d’éliminations sanglantes. Il n’est donc pas anodin quand le « directeur des affaires d’Europe occidentale » parle d’« hostilité anti-islamique ».

Là aussi, il n’y a aucune condamnation des défenseurs officiels des droits de l’homme en Iran à savoir Shirin Ebadi, lauréate du Prix Nobel de la Paix ou Akbar Ganji, membre honoraire de PEN Canada, lauréat du Prix international 2000 de la liberté de la presse du CJFE, lauréat du Prix Martin Ennals pour les Défenseurs des Droits humains (MEA) en 2006 !

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Rushdie et sa vision de l’Islam :
- Pour un Islam réformé (par Sir Salman Rushdie)
- (22.08.2005)

L’affaire Rushdie :
- Iran : Salman Rushdie et les mollahs
- (19.06.2007)

| Mots Clefs | Violence : Violations des Droits de l’Homme |

| Mots Clefs | Resistance : Presse, RSF, Liberté d’expression |