Les points de désaccord entre Russes et Américains sont suffisemment forts pour que l’entente sur l’Iran paraisse suspecte. Le projet de bouclier antimissile américain prévoit dix missiles intercepteurs en Pologne et un radar ultra perfectionné en République tchèque. Les Russes parlent d’une relance de « la course aux armements », et les Américains qualifient ces propos de ridicules en insistant sur le fait que cette disposition ne sera pas dirigée contre la Russie, mais contre l’Iran et la Corée du Nord. Il s’agit en réalité d’un retour à une nouvelle forme de Guerre Froide qui semble perdue d’avance pour les Américains si on se base sur leur insuccès en Afghanistan et en Irak.

Concernant le Kosovo, la Russie pourrait utiliser son droit de veto pour bloquer une résolution du Conseil de Sécurité qui recommanderait une indépendance sous « supervision internationale » du Kosovo au grand dam de la Serbie et de son alliée traditionnelle, la Russie.

Selon les différentes dépêches, sur l’Iran, les Huit sont apparus totalement soudés. « Nous demandons expressément à l’Iran de remplir ses obligations et en particulier celle d’interrompre ses activités liées à l’enrichissement d’uranium. Si l’Iran continue à ne pas donner suite à l’appel du Conseil, nous soutiendrons des mesures appropriées supplémentaires », affirme ainsi le communiqué final du sommet.

L’alignement des Russes et leur absence de tergiversations usuelles est conditionné par le « mini-réchauffement » entre les mollahs et les Américains. On ne peut pas parler d’un réel revirement car depuis un certain temps, les Russes calquent leurs réactions sur les revirements perpétuels des mollahs : quand ces derniers s’approchent des Américains, les Russes se braquent, et quand les mollahs s’éloignent des Américains, les Russes reviennent à leur mode de fonctionnement soviétisant et tatillon pour bloquer le Conseil de Sécurité. Pourtant, ils se basaient initialement sur une alliance avec les mollahs pour chasser les Américains, mais à présent ils refusent d’accepter que les mollahs ne soient pas les alliés qu’ils s’imaginaient.

En réalité, les Russes refusent de revoir leurs objectifs, mais à l’exemple des mollahs, ils changent sans cesse de tactique. En cela, ils imitent les Américains qui eux aussi suivent le rythme que leur imposent les mollahs. On pourrait qualifier cet état de « mollahisation » de la diplomatie. Les Russes et les Américains ne font que se neutraliser mutuellement dans ce peloton et laissent les mollahs s’échapper. L’unité affichée par les G8 est une unité trompeuse car elle n’est pas fondée sur une unité d’objectifs, mais sur une tactique de circonstance.

Il est d’ailleurs presque drôle d’avoir entendu, aujourd’hui, le chef de la diplomatie américaine évoquer la « nécessité pour Téhéran d’un changement de tactique » ! [1]

Les Américains avouent par ces mots qu’un simple changement de tactique sera satisfaisant en soi. Il n’y a donc aucune place pour un changement d’objectif d’aucun côté.

D’ailleurs, Russes et Américains n’auraient que faire d’une entente avec les mollahs si ces derniers changeaient d’objectifs et renonçaient à leur rôle d’arbitre régional du chaos. Cette unité trompeuse est le résultat des objectifs inavoués des Russes et surtout des Américains.

Cette situation enhardit le régime des mollahs qui ne rate pas une occasion de narguer les Américains et leurs alliés arabes régionaux. Louant l’autosuffisance de l’Iran en matière de production d’armements, Ahmadinejad a affirmé que la république islamique était si puissante que désormais aucun Etat n’oserait lancer une attaque militaire contre elle. Il fallait également comprendre que l’inverse était aussi vrai et que les mollahs pourraient s’en prendre aux arabes de l’autre rive du Golfe Persique sans que ces derniers ou leur allié Américain puissent riposter.

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