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L’Iran ne veut surtout pas dépasser les limites !
01.04.2007

L’affaire des 15 fusiliers-marins et matelots britanniques captifs en Iran est devenue l’unique sujet des médias. Cette affaire occulte entièrement la crise nucléaire et le refus persistant du régime des mollahs.



Dans ce sens, l’affaire est une aubaine pour les mollahs mais aussi pour leurs partenaires. Parmi ces derniers figurent les partenaires économiques de l’Iran et les médias qui participent à leur tour d’une manière involontaire à cette nouvelle crise imaginée par les enturbannés. C’est Téhéran qui contrôle cette crise tout en se gardant de ne pas dépasser les limites.

Son allié stratégique, qui le protège à l’ONU et lui fournit des armes destinées au Hezbollah, la Russie, participe également à cette opération de gestion de la crise. Les deux alliés jouent « au bon flic et au méchant flic » : hier, une chaîne Moscovite avait annoncé que l’affaire allait entrer dans une « phase judiciaire » et après avoir laissé l’ensemble des médias mijoter pendant 24 heures, Téhéran a démenti, prétextant une erreur de traduction du média slave !

Le régime des mollahs use et abuse des mêmes ficelles utilisées pour la gestion de la crise nucléaire : déclarations anxiogènes, démenties, re-déclarations, multiplications des intermédiaires... silences prolongés... et cette persistante envie de dialogue.

Ces mêmes ruses usées sont aussi recyclées et utilisées comme preuve de l’existence de clans plus ou moins conservateurs, modérés ou pragmatiques. Dans ce domaine, le rôle des médias est prépondérant. Ainsi le Figaro a fait appel à Bernard Hourcade, grand ami du régime des mollahs et lobbyiste qui cherche désespérément à relancer l’investissement en Iran. Hourcade est même devenu le partenaire officiel du Figaro qui participe à ces lobbying déguisés en conférences d’experts ! Il y a une dérive certaine et des pratiques qui dépassent le cadre journalistique.

Le thème de l’existence de courants divergents, qui est promu par le régime, est également diffusé comme thème central de cette crise et ce sont les journalistes ou des « experts » liés au régime ou favorables au dialogue avec les mollahs qui s’en chargent.

Ce recentrage de l’affaire sur ce thème est d’ailleurs exemplaire. C’est l’affaire dans l’affaire et finalement d’une prise d’otages, on est passé à l’expression de la querelle entre les modérés et les ultraconservateurs. C’est extrêmement habile. Ainsi Téhéran peut continuer à multiplier les provocations tout en laissant entendre qu’il existe de l’espoir au sein du régime. Le niveau de martèlement est si élevé que certains journalistes qui ne sont pas de connivence avec le régime ont été piégés (exemple : Gérard Dupuy de Libération).

Cette affaire dans l’affaire permet aux mollahs de reprendre la main dans la crise nucléaire et de laisser entendre que le dialogue serait possible seulement si l’occident donnait un coup main aux modérés du régime !

Cette affaire (querelle des modérés et des conservateurs) dans l’affaire (de la prise d’otages) permet aux mollahs de jouer dans un registre familier et ne pas dépasser les lignes rouges. La victime, la Grande-Bretagne, en fait autant : Blair prend des airs indignés et comme mesures de représailles, il a décrété une restriction de délivrance des visas en direction de l’Iran, restriction qui serait censée imiter les relations commerciales des hommes d’affaires britanniques avec Téhéran. C’est une vaste plaisanterie : les affaires se traitent à Dubaï.

13 vols quotidiens relient l’Iran à Dubaï : c’est l’omnibus des affaires. S’il voulait punir le régime des mollahs, Blair aurait dû interdire la délivrance de visas pour Dubaï. Mais cette affaire est précautionneuse de ne pas dépasser les lignes rouges. Et même les informations sont formatées et s’adressent à un public non averti.

Exit l’analyse ou l’explication qui démontrerait que l’on ne peut pas restreindre le commerce avec l’Iran si l’on permet les déplacements à Dubaï. L’analyse est remplacée par des avis d’experts comme ceux qui sont interrogés par le Figaro (Hourcade interrogé à Paris et le très louche Morteza Firouzi interrogé à Téhéran par Delphine Minoui).

Désormais on ne doit retenir de cette affaire invraisemblable que la soi-disante « querelle interne du régime ». Même les Britanniques évoquent l’excellence des relations avec les modérés ou les réformateurs en oubliant un peu vite l’échec de la troïka face au souriant Khatami. C’est à se demander si chacun ne rêve pas comme les mollahs de transformer cette crise factice en une ouverture pour relancer « le dialogue avec les modérés ».

Téhéran est preneur et revoit même ses exigences à la baisse et ne parle plus que de « garanties nécessaires pour que les violations des eaux territoriales iraniennes ne se reproduisent plus », sans insister sur les excuses publiques. Il s’agit de ne pas dépasser les lignes rouges.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur cette affaire d’otages :
- Iran – otages : Décodages des images et des contextes nationaux
- (30 mars 2007)

| Mots Clefs | Décodages : Définition selon les mollahs |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Grande-Bretagne |

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |