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Iran : Rumeurs gouvernementales après la défection d’Asghari
13.03.2007

Le passage à l’ouest d’un des fondateurs du Hezbollah qui a fourni aux Américains de précieuses informations sur les agents de terrain en Irak et au Liban a d’abord paniqué Téhéran. Cette défection a eu un impact négatif sur le moral des troupes, et, craignant d’autres défections, le régime laisse courir toutes sortes de rumeurs sauf celle d’une désertion. Par ailleurs, chaque jour nous avons de nouveaux éléments dans cette affaire rocambolesque.



Ainsi on sait que Asghari a fait sortir sa famille et ses petits-enfants de l’Iran depuis plusieurs mois et qu’il s’est livré à l’ambassade danoise et qu’il a été remis aux américains par les autorités danoises au Danemark. On sait également que l’affaire a eu lieu, il y a plus d’un mois, le 7 février 2007, et que dès le mois de janvier et probablement même avant, il avait commencé à informer les américains ce qui leur avait permis d’intercepter une cellule d’agents de haut rang du régime d’abord à Bagdad et ensuite à Arbil.

Asghari risque d’être un élément précieux susceptible de neutraliser les promesses (« iraniennes ») d’attentats « partout dans le monde contre les intérêts américains » . Cependant, la structure des services secrets veut qu’un seul agent n’ait pas toutes les informations. L’intérêt d’Asghari était son rattachement aux services d’achats d’armes ce qui lui donnait une certaine connaissance de terrain et un accès à des sites de stockages...

Sa défection est surtout importante parce qu’elle montre la faillibilité du système. A présent, les nouvelles diffusées en Iran cherchent à restaurer l’infaillibilité des agents et évidemment l’absence d’intérêt que pourraient représenter les informations d’Asghari. A vouloir prouver différentes théories, on en arrive à des incohérences savoureuses.

Dans un premier temps, on a prétendu que Asghari était un vieux retraité, loin des affaires, aux informations usées. Par la suite, on prétendit qu’il était un magouilleur qui se livrait à du trafic d’armes en Turquie et l’on a entendu parler de témoignages des membres de sa famille qui lui reprochaient d’être un père ou un mari indigne. Ses enfants disaient même qu’ils allaient porter plainte contre lui !

La deuxième rumeur était déjà en contradiction avec la première car on ne peut être un has been un peu gaga et le magouilleur qui intéresserait les trafiquants d’armes. Après ces deux rumeurs peu convaincantes et surtout peu susceptibles de décourager les rumeurs de la faillibilité du système, les mollahs ont ravisé leurs positions et sont revenus à la version évoquant un enlèvement. Mais force est de constater qu’ils peaufinent et améliorent le récit sans craindre les incohérences. Ainsi l’élément familial a été gardé et le reste de la seconde rumeur a disparu. A présent, Asghari est redevenu un haut gradé important et sa famille le pleure.

- Ces rumeurs s’adressent aux miliciens qui seraient tentés par une fuite : il s’agit d’une gestion de la crise et non d’une enquête sur les péripéties de la fuite d’Asghari. L’objectif est de ne pas laisser penser que l’on peut faire sortir les membres de sa famille et ensuite tromper le régime et quitter l’Iran. Si l’on prétend que la famille est restée en Iran, la seule explication logique restante est l’enlèvement.

Les mollahs se voient donc obligés d’insinuer un certain nombre de faits qui étayent cette version d’enlèvement d’un fidèle serviteur : ainsi Asghari est redevenu un milicien important (mais retraité et ne disposant d’aucune information valable). Dans ce cas, pourquoi l’a-t-on enlevé ?

Pour l’instant, les scénaristes du régime des mollahs calent et font dire tout et n’importe quoi aux supposés membres de la famille du disparu. Ainsi sa seconde femme est revenue sur la version du mari indigne, et elle a dit que son mari avait une affaire d’exportation d’huile d’olive en Syrie ! Et sa fille Elham n’émet plus de reproches envers ce père indigne et elle a déclaré que son père avait été enlevé par le Mossad. Elle a démenti les informations publiées dans le journal britannique Sunday Times selon lesquelles Asghari serait un espion travaillant pour les pays occidentaux.

« Je suis persuadée que les ennemis de l’Iran, Israël et les Etats-Unis, ont kidnappé mon père parce qu’il a travaillé durement pour le régime », a-t-elle déclaré. La fille et la mère (ou la seconde femme qui ne serait pas la mère de cette fille) ne semblent pas parler de la même personne. La plus drôle reste cette femme (ci-dessus) qui est allée manifester devant l’ambassade de la Turquie en prétendant que son mari avait été enlevé le « 7 décembre », soit un mois avant la date connue de la désertion du milicien !

« Il m’a appelée le 7 décembre ! » a-t-elle dit à la télévision iranienne en utilisant texto le mot « décembre » qui n’a pas d’usage en Iran, les iraniens parlent en citant le calendrier iranien (elle aurait parlé du mois d’« Âzar »).

Le reportage a donc été filmé pour être diffusé en occident. Mais le plus drôle est que le mari aurait disparu le 7 décembre et son épouse ne se manifeste qu’aujourd’hui soit 3 mois plus tard. Dans leur hâte et l’envie de bien faire, les scénaristes barbus ont fait du n’importe quoi et ils se feront sans doute taper sur les doigts. Bientôt nous ne verrons plus cette épouse éplorée et gaffeuse et aurons droit à d’autres membres de la famille Asghari dont le père qui serait en fusion avec son fiston disparu.

Là-dessus le journal britannique Sunday Times a écrit que Asghari avait été un rival politique d’Ahmadinejad. L’origine de cette rumeur est également iranienne. Cette version voudrait nous faire croire que la fameuse dissension interne du régime ne se limite pas aux différences entre les « ultras », les « pragmatiques modérés » et les « réformateurs » et qu’il y aurait une nouvelle faction de Gardiens de la révolution modérés et patriotes.

- Ce qui est incroyable c’est la capacité du régime des mollahs à exploiter une information qui prouve sa faillite et en tirer la matière nécessaire pour une foule de rumeurs abracadabrantesques qui pourront alimenter ses discours et ses slogans.

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Pour en savoir + sur le milicien Asghari :
- Toutes les précisions sur la défection du général des Pasdaran
- (09.03.2007)