Iran : Tendances 2007-2012 ! 19.01.2007 En ce moment, c’est un peu « Règlement de compte à O.K. Corral » dans la presse française, apparemment les pro-Chirac et les pro-Sarkozy s’affrontent et l’on retrouve les deux types de tireurs aussi bien au Monde qu’au Figaro. Notons que la tendance pro-Sarkozy l’emportait en début de semaine et il y a une petite remontée (trompeuse) dans le camp pro-Chirac. La munition utilisée est le voyage controversé d’un émissaire de Jacques Chirac à Téhéran. A vrai dire, le camp pro-Chirac n’existe plus depuis longtemps et tout ce tohu-bohu parisien tourne autour d’un sermon d’allégeance de la presse au futur président de la république. Le plus triste dans tout ça est le manque de déontologie dont font preuve les journalistes en lice pour devenir les futurs hussards du futur président : il n’est pas question de l’Iran ou de l’importance que revêtent les décisions de Paris, mais des petites affaires de ces messieurs dames. En début de semaine, l’objectif était de tirer sur l’ambulance présidentielle, mais pourquoi à ce moment-là ? l’avenir nous le dira, mais le Monde a ouvert le bal et crucifié le président de la république et une diplomatie qui est la sienne et qui a toujours était applaudie et servie avec enthousiasme par le Quai d’Orsay. Ainsi sans doute avec le soutien du Quai d’Orsay, l’affaire a été révélée pour torpiller le président. Et l’Iran dans tout cela ? Et l’avenir de la prolifération ? L’ingérence des mollahs en Irak ? Les droits de l’homme en Iran ? Rien de ces sujets n’a guidé les auteurs du raid à basse altitude contre le président. Le but n’était pas d’informer sur la maladresse de cette politique sinueuse qui a discrédité la France auprès de ces alliés arabes du Golfe Persique et du Maghreb, le but n’était pas d’éclairer les Français, mais de descendre le président. C’est bien triste car la presse française et quelques journalistes pensent d’abord à leur avenir et ensuite à la déontologie. La déontologie aurait voulu que l’on explique le geste de Jacques Chirac : cet homme veut préserver à tout prix les intérêts français en Iran quitte à torpiller toute la région. Or, les articles parus dans les deux quotidiens cités plus haut ne remettent pas en cause cette politique : ils ne dépassent aucune ligne rouge. « Ces articles » ne remettent pas en cause la langue de bois de la diplomatie française qui est incapable de reconnaître l’existence d’intérêts français en Iran. Ceci est loin d’être un détail comme « ce que Paris est capable de promettre aux mollahs pour les préserver » est également loin d’être négligeable : des Garanties de sécurité régionales (qui sonneront le glas de la stabilité de cette région) et peut-être le droit à l’enrichissement nucléaire qui sonnera le glas du TNP. Les articles du Monde et du Figaro ne parlent pas des conséquences des choix de la diplomatie Française sur le Proche et Moyen-Orient et l’Asie Centrale. Il n’y a pas l’ombre d’une analyse géopolitique sur les choix de la France qui privilégie invariablement l’axe Paris-Moscou... Il n’y a pas l’ombre d’une analyse géopolitique évoquant le lien entre l’instabilité créée par les mollahs et l’offensive énergétique Russe vers l’Europe. Comme d’habitude, la presse française reste un instrument de sérail. Elle fut au service de Chirac et louait la finesse de ses approches, et là, elle change de camp, comme des rats qui quittent le navire Chirac, mais ce sont des rats torves qui sur leur chemin rongent la coque pour couler leur ancien hôte. Après avoir sabordé le dernier projet de Chirac, celui de la Conférence du 25 janvier (qui par avance était voué à l’échec), cette presse a lâché sa proie. Non pas parce qu’il existait un camp pro-Chirac, mais parce que l’objectif n’était que de torpiller le président sortant, il ne fallait pas aller trop loin et il fallait éviter de torpiller le Quai d’Orsay et sa grosse cavalerie des professionnels de la langue de bois qui s’emploient à préserver les intérêts français en Iran, en déguisant leurs manoeuvres en efforts pour la Paix dans la Région ! Les deux journées hystériques de la presse française étaient des journées de casting pour le futur défilé 2007-2012 et quoi qu’il arrive il ne faut pas s’attendre à des prouesses de déontologie et d’enquêtes journalistiques dans le cas du dossier iranien, cette presse-là suivra la ligne fixée par la Quai d’Orsay et ne s’aventurera pas à dépasser les lignes rouges. L’édito du Monde de ce 18 janvier 2007 en est la preuve, l’édito du Figaro sur l’Iran critique le président (sur le même thème que le Monde), encense Nicolas Sarkozy et met hors de cause le Quai d’Orsay et évidemment, pas un traître mot sur les intérêts français en Iran. Idem, les experts réajusteront leurs discours sauf ceux qui mangent à la fois au râtelier de Paris et de Téhéran. Le seul espoir reste l’atlantisme de Sarkozy, s’il ne change pas d’avis et si le Quai d’Orsay n’essaie pas de le torpiller pour éviter un remaniement de ce système pervers où les experts et la presse ne sont que des poissons-pilotes. Au final, après une journée d’euphorie, nous retombons dans notre désespoir quotidien de lire un jour dans la presse française de vrais articles et de vraies analyses géopolitiques.
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