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Liban-Iran : Le Hezbollah attend son heure
23.11.2006

Avec la mort de Pierre Gemayel, qui prive le gouvernement d’un septième ministre sur 24, la démission ou la mort de deux autres ministres entraînerait la chute du cabinet. La majorité anti-syrienne accuse la minorité prosyrienne de vouloir ainsi bloquer la création d’un tribunal spécial chargé de juger les assassins présumés de Rafic Hariri.



Une enquête de l’ONU, en cours, a mis en cause des responsables syriens et libanais dans l’attentat commis en février 2005. Le meurtre de Gemayel a servi de déclencheur souple pour accélérer la formation du tribunal spécial, attisant les divisions et renouvelant la crainte de vendettas intercommunautaires.

Mais la Syrie dément toute implication dans l’assassinat de Gemayel, assassinat qui, malgré les apparences, peut ne pas lui être imputé. Le Hezbollah est généralement présenté comme un agent syrien alors qu’il est 100% pro-mollahs iraniens et affiche dans les rues de Beyrouth les portraits de Khomeiny et de Khamenei et non ceux des 2 monarques de la dynastie Assad. Le Hezbollah est une extension du régime des mollahs au Liban mais aussi en Afrique (ex. Sud Africain) ou en Amérique du Sud. La dernière Guerre du Liban Guerre du Liban était commanditée par Téhéran alors qu’il était sous la menace d’adoption de sanctions onusiennes dans le dossier nucléaire. Le Hezbollah agit pour servir Téhéran et non Damas.

Si d’emblée, Damas a été accusé de meurtre de Rafic Hariri, les dernières enquêtes menées sur son assassinat mettent directement en cause le Hezbollah (selon Serge Brammertz). Mais le problème avec le Hezbollah est son parrain, la République Islamique d’Iran, l’un des plus importants partenaires commerciaux de plusieurs membres du Conseil de Sécurité dont la France qui attache beaucoup d’importance à la résolution de l’affaire Hariri. L’issue du procès Hariri est hautement politique et la question est : « Le Hezbollah et donc l’Iran seront-ils ou pas impliqués ? »

La formation du tribunal spécial chargé de juger les assassins présumés de Rafic Hariri est un leurre car les présumés juges n’ont pas encore décidé de juger l’ensemble des assassins de Hariri et se focalisent sur la Syrie qui ne représente aucun intérêt économique ou énergétique pour la France entre autres.

Sur de ses arrières, de l’impunité dont il jouit effectivement, le régime des mollahs avance avec la certitude que l’on ne parlera pas du Commandant de Gardiens de la Révolution, un certain « Monsieur T », qui arriva à Beyrouth un mois avant l’assassinat de Hariri, avec des dollars neufs non pliés, pour coordonner le contrat et organiser l’exfiltration des futurs assassins du premier ministre libanais. Téhéran pose ses pions et avance sans être inquiété, en plus il est gratifié pour son rôle stabilisateur régional, on lui promet même qu’il devra jouer un rôle régional et l’on accuse la Syrie comme unique commanditaire à sa place. Il ne faut pas s’étonner si le régime des mollahs continue dans cette voie ; voie tracée depuis 1982 quand les mollahs créèrent le Hezbollah pour contrôler la région.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait prémonitoirement invité au cours du week-end dernier, c’est-à-dire 3 jours avant le meurtre de Gemayel, ses partisans à se tenir prêts à descendre dans les rues pour renverser le gouvernement Siniora si la majorité n’acceptait pas d’accroître la représentation du Hezbollah au sein d’un futur cabinet d’union nationale, ou, à défaut, si l’actuelle majorité refusait l’organisation d’élections législatives anticipées. Cet assassinat modifie les plans de Nasrallah, l’heure est au recueillement et non aux démonstrations de force de la principale formation qui pourrait être soupçonnée d’avoir trempé dans ce meurtre exécuté pour déstabiliser le gouvernement.

Nasrallah est sans doute un extralucide capable de prédire l’avenir sur 3 jours, mais cette affaire (qui le dépasse) ne sert pas réellement les ambitions affichées du Hezbollah en tant que « formation politique ». L’affaire Gemayel renforce surtout les accusations contre la Syrie et ses alliés. Elle a entraîné la formation du Tribunal qui vraisemblablement accusera les Syriens épargnant le régime des mollahs. Le vainqueur final de ces manœuvres sera peut-être le Hezbollah à moins que le Tribunal ne s’intéresse à la piste iranienne de « Monsieur T ».

Cette affaire est éminemment politique et éminemment liée à l’Iran. Si la communauté internationale décide qu’il faut renverser les mollahs pour le salut de l’ordre régional, alors ce tribunal aura un sens, sinon il condamnera les dirigeants syriens à des peines virtuelles.

L’homme fort du régime des mollahs, Rafsandjani, a deux mandats d’arrêt internationaux contre lui et il vit en toute quiétude en Iran et se rend sans être inquiété en Arabie Saoudite ou au Koweït.

Etre condamné pour un meurtre ou même pour crime contre l’humanité dans le cas de Rafsandjani reste une condamnation virtuelle. En revanche, si le tribunal onusien décide d’impliquer le régime des mollahs pour en finir avec le Hezbollah, ceci aura un sens, sinon le procès sera un spectacle pour clore convenablement une affaire bien contraignante pour les partenaires commerciaux de l’Iran. Débarrassés de cette affaire empoisonnante, les partenaires de Téhéran pourront à nouveau évoquer le rôle régional de l’Iran [1], rôle interprété par le Hezbollah.

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C’est en 1982 qu’Ali Akbar Mohtashami-pour (auj. un réformateur), l’ambassadeur la République Islamique en Syrie qui devint plus tard ministre iranien des Affaires intérieures a fondé l’organisation chiite extrémiste Hezbollah au Liban.

À partir de sa base principale au Liban, le Hezbollah entretient un contact direct avec la République Islamique, par le relais d’une unité spéciale (connu sous le nom Département 15) du Ministère des Renseignements (le Vavak fondé par Saïd Hajarian). Plus d’un tiers des aides accordées par la République Islamique aux mouvements islamiques dans le monde est destiné au Hezbollah libanais. Le budget global et annuel du Hezbollah à plus de 800 millions de dollars par an.

[1Le rôle régional de l’Iran |
- L’Iran devient l’indice de compétence de Ségolène, Mam, DSK & etc… | 09.11.2006