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Gemayel, victime du divorce Iran – Syrie ?
22.11.2006

Ahmadinejad, le représentant du régime des mollahs, est actuellement à fond sur le « mode provoc et menaces » qui est la réaction raisonnable du régime dans les périodes de transition. Il s’agit d’occuper les médias quand le régime attend des décisions internationales le concernant.



Actuellement, le régime des mollahs est confronté à de nombreuses incertitudes à l’AIEA, au Conseil de Sécurité, en Argentine ou en Irak.

L’Irak est le plus immédiat de ses soucis car son allié syrien pourrait se laisser tenter par d’autres alliances moins périlleuses que celles avec l’Iran. La Syrie a fait un premier pas dans la direction des américains et a accepté d’aider le gouvernement irakien à la stabilisation de l’Irak. En d’autres termes la Syrie serait en phase de cesser son soutien au régime des mollahs pour l’alimentation en fonds, en équipements, en hommes et en armes de la guérilla irakienne.

Le régime des mollahs essuie quelques échecs de grande envergure : Rafsandjani, l’homme fort du régime, est déstabilisé ; à l’AIEA, sa demande d’aide pour la construction d’une centrale à Eau Lourde sera sans doute refusée, et en Irak, son principal allié pourrait le lâcher ! La Syrie aurait tout intérêt à changer d’alliance pour sortir de la liste américaine des régimes à démocratiser. Elle pourrait devenir pro-américain et se démocratiser mais les risques sont importantes pour le régime. Elle pourrait retourner dans le camp Russe (ex-soviétique) et continuer à jouer dans le registre anti-israélien sans pour autant être une arrière base islamiste.

C’est une éventualité importante que nous avions évoquée au moment de la rencontre Bush-Poutine à Hanoï. Ce changement Syrien remet en cause la nécessité de dialoguer avec Téhéran au sujet de l’Irak.

Téhéran comptait sur cette rencontre pour affirmer son rôle régional (entériner le rôle régional du Hezbollah et des autres milices financées par Téhéran). En l’absence d’une telle rencontre décisive, il était à craindre que les mollahs réagiraient pour montrer leur détermination à ne pas se laisser amputer d’un allié aussi stratégique que la Syrie qui avait signé un très important accord militaire « d’assistance mutuelle » avec eux durant l’hiver 2005.

Afin de prouver qu’il pouvait ouvertement revendiquer un rôle en Irak, Téhéran avait annoncé la tenue d’ une conférence tripartite Iran-Irak-Syrie pour la Paix en Irak. Le régime des mollahs avait invité à Téhéran les dirigeants irakiens et syriens (Talabani et Bechar Assad). L’un et l’autre avaient annoncé leur venue avant de se désister aujourd’hui.

Après ce double désaveu et au lendemain du voyage du ministre syrien des Affaires Etrangères à Bagdad, Pierre Gemayel, le plus jeune politicien de cette famille patriote anti-syrienne, a été abattu au Liban.

S’agit-il d’un avertissement ? Ou d’une simple mesure « pragmatique » pour accélérer la déstabilisation du gouvernement libanais afin d’essayer un coup de force qui assurerait au Hezbollah le rôle que Téhéran lui souhaite voir jouer dans la région voisine d’Israël ?

Le meurtre de Pierre Gemayel ravive le souvenir du meurtre de Hariri dans lequel la responsabilité Syrienne avait été évoquée. Ce dernier meurtre ne tente-t-il pas de saboter le divorce sans consentement mutuel entre l’Iran des mollahs et la Syrie d’Assad ?