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Emmanuel Todd, le nouveau spécialiste délirant de l’Iran
19.10.2006

De plus en plus de personnalités françaises se risquent à jouer les spécialistes de la géopolitique quand il s’agit de justifier le maintien de bonnes relations avec le régime des mollahs en réduisant le problème à une querelle avec les Etats-Unis.



Ainsi récemment, Emmanuel Todd a donné une interview à Marianne où il recommande chaudement de renforcer les liens avec les Mollahs et avec la Russie. Ce que nous avions remarqué se généralise : de plus en plus les agents du lobby des mollahs sont les agents du lobby russe.

Le cœur des débats est l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Cependant ces apprentis géopoliticiens oublient de consulter les cartes. Un événement vient de nous rappeler la complexité de la géopolitique iranienne ou russo-iranienne : le différent qui oppose la Géorgie à la Russie. Un problème dont l’étude est précieuse et montre par ailleurs les difficultés auxquelles le monde devrait se préparer si d’aventure, ses décideurs projetaient de balkaniser l’Iran.

La Russie s’oriente vers l’instauration d’un blocus de la Géorgie, mais ainsi elle mettra en difficulté l’Arménie qui est son allié mais dépourvu de frontière avec la Russie ou d’une façade maritime lui permettant de communiquer avec l’extérieur. Ceci ne laisse d’autre choix à l’Arménie que de se tourner vers l’Iran pour son approvisionnement énergétique. Ce n’est pas une situation inédite puisque l’Arménie avait projeté de mettre en chantier un gazoduc la reliant à l’Iran. En mars dernier, la Russie a exigé de l’Arménie de lui céder ce gazoduc. Il sera la propriété de Gazprom qui financera sa construction. De ce fait, il sera difficile de le rallonger en direction de la Géorgie à moins que l’Arménie ne décide de se priver d’une alliance avec la Russie.

L’approvisionnement de la Géorgie reste donc toujours un problème. La Géorgie peut prêter son territoire pour le transit d’un gazoduc de l’approvisionnement énergétique de l’Europe mais avant de rêver à une intégration dans l’Union pour cause de complémentarité, ce pays doit trouver un moyen pour son propre approvisionnement. La géopolitique ne se résume pas à ce que dit Emmanuel Todd (le nouveau maître à penser de Le Pen).

L’Iran a aujourd’hui besoin de la Russie et ce besoin influencera ses relations avec la Géorgie. Parallèlement, les pays de l’Asie Centrale sont des territoires enclavés : ils sont handicapés par le conflit armé en Afghanistan et en même temps l’Iran et la Russie leur refusent le droit de construire un gazoduc subaquatique pour acheminer leur gaz via l’Azerbaïdjan et la Géorgie vers l’Europe. L’Azerbaïdjan lui-même doit importer du gaz pour sa consommation interne et de ce fait, il ne peut en exporter vers la Géorgie. Actuellement, même l’Iran importe du Gaz Naturel (mais en très petite quantité), le seul pays susceptible de fournir du gaz à la Géorgie reste donc la Russie !

Cependant ces problèmes persisteront tant que l’Iran sera gouverné par des islamistes qui utiliseront l’approvisionnement de l’Europe comme monnaie d’échange pour garantir des objectifs géopolitiques libanais, irakiens et autres. Ce régime a pour allié naturel la Russie qui entretient des relations constructives avec les islamistes depuis les années 60. L’ignorer ou feindre de l’ignorer est une grave erreur et signe d’une paresse intellectuelle. La géopolitique ne se résume pas à une appréciation culturelle des Etats-Unis et à garantir l’approvisionnement hypothétique du Pétrole.

Le pétrole ou le gaz doivent voyager par mer ou par tube. Dans le cas de l’Asie Centrale, ils ne peuvent transiter en cargo que jusqu’à l’Azerbaïdjan. Dans le cas de la Russie, ce pays refuse tout simplement le GNL car cette solution est contraire à sa stratégie énergétique. La géopolitique s’en mêle et crée des obstacles à l’approvisionnement. L’Alliance Iran-Russie tue toute alternative car justement ces deux pays appartiennent au même camp anti-américain qui plaît tant à Emmanuel Todd.

Pour le Bien être de l’Europe, cette dernière doit œuvrer pour arrimer l’Iran à l’occident et ceci n’est pas possible avec les mollahs ou les Pasdaran au pouvoir. Tel est la faillite des idées exprimées par Emmanuel Todd : sous des dehors du penseur pragmatique, il réfléchit en dogmatique (anti américain, anti-Sarkozy, pro-mollahs, pro-Poutine…), etc.

C’est une pensée trop politisée et partisane et en aucune manière une approche géopolitique nourrie par les enseignements des cartes géographiques et les relations entre les pays. Ce faisant Emmanuel Todd se trompe et tue toute possibilité d’alternative énergétique pour l’Europe. C’est idiot et ça mérite un Bonnet d’âne !