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Iran : le quotidien d’un peuple résigné
04.10.2006

Nous avons constaté un fait surprenant sur le site francophone de l’IRNA (agence de presse de la république islamique). Les rubriques social, culture et sciences ne contiennent aucun article. Afin de remédier à ce manque, nous avons décidé de publier des témoignages d’iraniens sur leur quotidien sous le régime des mollahs. Après, Saïd et Syamak, voici le cas de Milad : l’ouvrier sans illusion !



Milad est conducteur de poids lourds dans l’armée Iranienne. Agé de cinquante cinq ans et ayant près de quarante années de service, il peine toujours à joindre les deux bouts. Sa solde de militaire ne lui permettant pas de survivre, il accumule les emplois et se tue au travail.

Très tôt le matin, Milad se rend aux Halles de Téhéran où il vend ses services en tant que colporteur. Ensuite, il prend illico la direction de sa caserne pour se mettre derrière le volant de son camion. Enfin il finit la journée chez un monsieur âgé et invalide qui nécessite une aide à domicile. Ainsi, Milad travaille 24h/24 ! Il est vrai que son dernier emploi lui permet de dormir un peu, mais à toute heure de la nuit, il peut être réveillé pour aider son maître à faire ses besoins.

Ces trois emplois lui procurent au grand maximum 500 euros/mois, Milad dispose également d’un appartement de fonction qu’il devra quitter après sa retraite et qui n’est de toute façon pas gratuit. Il gagne le juste nécessaire pour survivre avec sa petite famille. A titre de comparaison, avant 1979, le salaire d’un ouvrier non qualifié du bâtiment, en monnaie constante, était de l’ordre de 550 euros, pour bien sûr 8 heures de travail par jour et non pas les 3 huit. Ce salaire représentait le minimum observé.

Comme toute jeune fille de son âge, la fille de Milad est coquette et désire des objets de luxe. Parfois elle appelle son père à son travail de nuit et lui demande de lui acheter un manteau, une montre, voire un téléphone portable. Pour ne pas perdre la face, Milad ne dit jamais non. Il s’adresse alors à son patron invalide afin de lui demander une avance sur son salaire. Le malade rouspète un peu, mais finit par céder. Il sait pertinemment qu’il ne sera jamais remboursé mais préfère garder Milad que risquer d’embaucher quelqu’un qui pourrait l’égorger pour moins de 10 euros . Car en effet, la misère pousse un grand nombre de jeunes gens, filles et garçons, à commettre un crime pour dix fois rien.

Comme la plupart de ses compatriotes, Milad aimerait partir vers des cieux plus cléments. Hélas pour lui, son poste de militaire lui interdit de quitter le territoire iranien. Même sans cette interdiction, s’exiler n’est guère évident pour une personne de condition humble, ne parlant aucune langue étrangère et ne disposant d’aucune économie car ce voyage périlleux a un coût de plusieurs milliers de dollars… Faute de mieux, il s’évade donc à travers son antenne parabolique qu’il s’est procurée à grands frais, et rêve d’un avenir meilleur en se saoulant avec une très mauvaise vodka de contrebande (qui rend aveugle).

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