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La décadence actuelle du système bancaire iranien
18.09.2006

Nous avons constaté un fait surprenant sur le site francophone de l’IRNA (agence de presse de la république islamique). Les rubriques social, culture et sciences ne contiennent aucun article. Afin de remédier à ce manque, nous avons décidé de publier des témoignages d’iraniens sur leur quotidien sous le régime des mollahs. Ce premier texte nous parle de Saïd et Syamak : les frères ennemis.



Syamak et Saïd sont deux frères habitant à Téhéran. Le premier, âgé de 40 ans et de 3 ans aîné de son frère, est un garçon intelligent mais très déprimé par la situation de son pays.

Pour des raisons financières et personnelles, Syamak n’a pas pu continuer ses études au-delà du Bac, mais il lit beaucoup et il se cultive. Saïd peut être qualifié, sans méchanceté particulière, de débile léger. En revanche, il connaît par coeur les histoires des douze Imams du chiisme, ne rate pas une seule de ses prières et croit dur comme fer au paradis et ses 72 vierges.

Les deux frères ont néanmoins en commun leur mépris du régime. Il faut dire qu’il ne reste plus que les journalistes occidentaux, les musulmans des pays arabes et les néo-nazis pour trouver encore des qualités dans un régime qui n’a fait qu’appauvrir sa population.

Il y a quelques années, Syamak et Saïd se présentèrent ensemble au concours d’entrée d’une banque nationalisée. L’examen comportait deux parties : l’une relative aux connaissances et à la culture générale, l’autre concernant les questions religieuses. Syamak obtint de bonnes notes pour la première partie mais échoua lamentablement à la seconde, alors que pour Saïd ce fut l’inverse. Evidemment, c’est Saïd qui obtint le poste, enfonçant encore d’avantage le frère aîné dans sa déprime générale.

Le seul vrai capital du secteur des services étant la qualité de ses salariés, on peut, dans ces conditions et sans aucune investigation approfondie, deviner l’état du système bancaire iranien, à l’image d’ailleurs du reste des secteurs d’activités économiques.

Le secteur bancaire iranien affichait pourtant une santé insolente dans les années 1970. Les banques d’affaire privées se multipliaient et en nouant des alliances avec des établissements financiers américains, européens ou japonais, se dotaient d’une infrastructure moderne et efficace. Les compagnies d’assurance n’étaient pas du reste, l’exemple le plus éclatant étant la compagnie « Bimeh Iran » qui devint avant la révolution islamique la première compagnie d’assurance de toute l’Asie, Japon compris.

Dans le domaine du grand public, les prêts immobiliers permirent à la classe moyenne en expansion d’accéder facilement à la propriété. L’Iran de cette époque pouvait être fier d’avoir plus de 50% de sa population propriétaire de son logement. Les prêts à la consommation ont soutenu l’industrie automobile, facilitant grandement l’achat d’un premier véhicule. Il en était de même pour l’industrie de l’électroménager.

Aujourd’hui, les banques, toutes nationalisées, ont pour principale vocation, outre le détournement pur et simple, le financement des soutiens du régime. Ainsi, un ex-milicien se verra facilement accordé un prêt qui lui permettra de se lancer dans une affaire, souvent fictive, sans apporter la moindre garantie. Un expert judicaire ayant pour mission d’évaluer les actifs réels des emprunteurs, nous assure qu-il lui est souvent demandé de doubler voire tripler la valeur déclarée de ceux-ci, faute de quoi le débiteur serait reconnu insolvable, mettant même en péril l’établissement financier. De plus, il est très difficile de faire respecter par ce genre de « clientèle imposée » les échéanciers des remboursements : aucun huissier n’ose s’attaquer à quelqu’un qui peut facilement tuer sans avoir à répondre de son acte.

A l’ère de la nouvelle réglementation internationale Bâle II (gestion des risques de crédit, des risques de marché et des risques opérationnels), les banques iraniennes sont encore à l’âge de pierre, se contentant d’être un simple coffre-fort pour leurs clientèles. Il n’existe toujours pas de chambre de compensation, rallongeant les délais d’encaissement des chèques. Un distributeur de billet reste encore un objet de luxe et les cartes de paiement ou de crédit une curiosité réservée à quelques excentriques qui de toutes façons ne trouvent pas beaucoup de commerçant les acceptant. Les virements vers l’étranger se font plutôt à travers de petites officines comme les bijouteries et les marchands de tapis !

Ce constat est d’autant plus affligeant qu’après 1979, des entrepreneurs Bahaïs (de la Bank Saderat) ou leurs homologues juifs (de la Bank of Tehran) qui avaient développé des établissements de renommée mondiale ont du fuir leur pays natal pour échapper à la persécution islamique. Ils ont abandonné des entreprises prospères et à la pointe aux révolutionnaires qui ne cherchaient qu’à piller sans rien construire à la place.

Près de trente ans après, nous n’avons aucune raison de penser que les choses pourraient changer tant que le régime de Téhéran reste fidèle à lui-même.

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