Liban : Poutine se repositionne favorablement par rapport l’Iran
18.07.2006
Nous avions déploré un manque de fermeté de la France en particulier et des Européens en général vis-à-vis d’une condamnation explicite de l’Iran dans la guerre larvée qui oppose le Hezbollah à la stabilité régionale et nous assistons à présent à la première conséquence de cette démission diplomatique de l’Europe.
Dans notre éditorial d’hier, nous avions conclu en prédisant que cette politique inadéquate allait renforcer la place des Russes dans la région [1].
Les dernières déclarations de Vladimir Poutine confirment cette crainte et nous surprennent car le chef d’état russe s’engouffre dans toutes les ouvertures possibles et transforme chaque maladresse européenne en une victoire diplomatique pour son pays.
Bien évidemment, Vladimir Poutine n’ignore pas que le Hezbollah est instrumentalisé par le régime des mollahs, mais le nouveau Tsar de la Grande Russie, en quête d’une reconstitution territoriale, profite du vide laissé par les Européens. Car ces derniers, désireux de préserver leurs intérêts en Iran, n’arrivent pas à choisir leur camp et se trouvent entre deux feux :
Ils ne peuvent se montrer trop permissifs avec les mollahs avec qui ils sont en cours de négociations et ils ne peuvent se résoudre à les pointer comme les coupables de la tragédie libanaise. Ils sont sans cesse contraints d’avoir recours à des formules diplomatiques pour éviter de s’en prendre explicitement au Hezbollah et de condamner son terrorisme. Ce serait reconnaître la nature et les intentions terroristes du créateur du Hezbollah, c’est-à-dire le régime des mollahs.
En réalité les européens n’assument pas leur propre soutien implicite au régime des mollahs et parce qu’ils ne l’assument pas, ils ouvrent des autoroutes diplomatiques devant le convoi impérial de Poutine au Moyen-Orient. Ce dernier n’a que l’embarras du choix pour reprendre les arguments non assumés de l’Europe en apportant un soutien intelligent au régime des mollahs :
La dernière trouvaille de Vladimir Poutine est qu’il faut proposer des mesures incitatives aux mollahs afin qu’ils intercèdent en faveur de la Paix au Liban. C’est une victoire pour les mollahs qui n’en attendaient pas tant de leurs manœuvres de nuisances anti-américaines.
« L’Iran est bien sûr un pays influent dans la région, nous devons travailler avec lui pour l’inciter à exercer un impact qui influera favorablement sur la situation », a dit le président russe au cours d’une conférence de presse tenue dimanche.
Le chef de l’Etat russe a fait remarquer que le souci d’empêcher une extension du conflit au Proche-Orient était à l’origine de la résolution équilibrée adoptée au sommet du G8 !
Les propos de Poutine réconfortent les mollahs, Poutine leur reconnaît un rôle d’arbitre régional, et les encouragent à demeurer intransigeants et intraitables dans le dossier nucléaire : plus ils feront des provocations susceptibles de faire échouer les négociations et plus ils auront la chance de se voir proposer de nouvelles mesures incitatives.
Nous devons cette nouvelle configuration à la diplomatie Française qui a été incapable de voir (ou prévoir) les dangers de l’Alliance Iran-Russie (dangers énergétiques et géostratégiques).
Pour en savoir + sur le retour de la Russie :
Iran nucléaire : Les leçons de Shanghaï
(18.06.2006)
[Mot Clef : Offensive énergétique Russe (contrôle des voies de transit du pétrole)]
[Recherche Par Mots Clefs : Provocations Insitutionnelles !]
[Recherche Par Mots Clefs : « Corée du Nord »]
[1] La Russie avance ses pions : Elle est déjà présente dans le golfe Persique. En 2005, la Russie a obtenu le statut d’observateur auprès de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI)
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