Une grève de la faim surmédiatisée et itinérante : Ganji compte arriver ce samedi à New York au siège de l’ONU pour demander à rencontrer le secrétaire général Kofi Annan. Dans ce périple, il bénéficie du soutien absolu du professeur Noam Chomsky et pour l’anecdote, l’an passé, interrogé par la presse à propos de l’opposition iranienne, Annan n’avait jamais entendu parler de Ganji.

Au cours de son séjour à New York, Ganji ne devrait pas rencontrer d’officiels américains de même qu’il refuse de recevoir le soutien des opposants iraniens en exil aux USA. Le prétexte invoqué est qu’il ne voudrait pas que le régime iranien puisse utiliser ce prétexte pour l’arrêter à nouveau à son retour à Téhéran.

L’individu compte utiliser la tribune des Nations Unies et sa grève de la faim pour attirer l’attention du monde sur la situation des prisonniers politiques en Iran. Ce qui en soi serait de notre point de vue une action louable même si elle est vouée à l’échec. Mais voilà que Ganji nous surprend une fois de plus en annonçant des chiffres qui semblent aller dans le sens de la république islamique. En effet, selon Ganji, il n’y aurait que 50 prisonniers politiques en Iran (en réalité, il n’est pas loin du compte, il y a environs 50 faux opposants politiques potentiels en Iran).

Le chiffre ressemble étrangement au nombre de prisonniers reconnus officiellement par le régime des mollahs comme étant non pas des prisonniers politiques mais des prisonniers ayant tenu des propos anti-islamiques. Étrange.

De surcroît Ganji ne compte mettre en lumière que 3 de ces prisonniers, le syndicaliste Ossanlou, le représentant estudiantin Moussavi Khoini et le philosophe Jahanbegloo. Trois éléments du régime à qui nous avons consacré quelques articles avant que ne commence la tournée mondiale de Ganji. Cependant, sa démarche montre qu’il s’agit d’un montage car Ganji n’est pas en mesure de préciser la source de son info sur le nombre des prisonniers ni leur identité ! Et tant pis pour ces « 47 » autres prisonniers dont on connaîtra ultérieurement les noms suivant les besoins du régime.

Le client de Mme Ebadi qui fait partie du groupe des khomeynistes du passé, tendance Ahmadinejad, est connu pour une très longue grève de la faim et selon son habitude il réitère la chose. Sa première grève était riche en rebondissements et cependant ne créa aucune mobilisation populaire. La grève onusienne débutera à Londres d’où il s’envolera pour New York et elle doit durer 3 jours. Il a d’ailleurs invité l’ensemble des iraniens à faire la même chose en signe de solidarité, mais sauf à supposer que ces derniers bénéficieraient du soutien implicite des forces anti-émeutes, on imagine mal les iraniens faisant la grève de la faim devant le Parlement Islamique ou mieux encore devant les portes de la prison Evin sans être inquiétés. Ceux qui se prêteront à ce show médiatique seront perçus comme étant de mèche avec le régime qui veut se donner en spectacle pour faire revivre l’épopée des réformes. A chaque fois que le régime est menacé ou isolé, il met en avant sa capacité à se démocratiser.

Dans le milieu des iraniens installés en Amérique, c’est le soutien et l’amitié entre Chomsky et Ganji qui « amuse » encore plus. En effet Chomsky s’est illustré pour son soutien au Hezbollah qui est une création des Pasdaran de la république islamique. Ganji appartenait (appartient) aux Renseignements de cette milice islamiste. Encore dernièrement Chomsky était au Liban pour rendre hommage au Hezbollah ! Il est rassurant que les mollahs n’aient pu trouver d’autre soutien que celui du très controversé Chomsky.

L’étrange Ganji s’est félicité d’avoir un large mouvement de soutien en exhibant un millier de signatures en bas de quelques feuilles. Dès à présent certains iraniens ont étudié ces feuilles et y ont vu des répétitions, des noms orthographiés différemment pour être comptés plusieurs fois et surtout quelques signatures de personnes décédées... Cependant avec toutes les tricheries, le staff de Ganji n’a pu aligner que mille signatures, un bien piètre résultat au regard du simple nombre des opposants iraniens ou des défenseurs institutionnels et organisés des droits de l’Homme de par le monde.

Pour finir, l’incroyable Mister Ganji qui avait déclaré que la république islamique n’était pas un état fasciste vient de rajouter une couche. Il a tout d’abord expliqué qu’il demeurait un musulman, c’est son droit, mais il a rajouté que parmi les dirigeants (islamistes) du régime, beaucoup avaient une vision plus démocratique que d’autres... Ce qui en d’autres termes revient à dire que la république islamique est un modèle valable pourvu qu’elle soit dirigée par les bonnes personnes aux commandes.

Finalement et pour résumer l’affaire, Ganji sonne comme du Khatami. Comme l’autre, il est pro-Hezbollah, pro-nucléaire, pro-Khomeiny, préférant la Liberté à la Laïcité...

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