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Iran-Shell : Les réactions de Téhéran et de Washington
11.03.2010

Soucieux de parvenir à une entente avec les mollahs qui lui sera stratégiquement bénéfique, Washington se garde d’appliquer des sanctions très dures contre Téhéran. Il affirme avoir du mal à mobiliser la communauté internationale. La Grande-Bretagne, dont les intérêts pétroliers souffriraient de l’entente entre les Etats-unis et l’Iran, a annoncé lundi l’arrêt de livraison de l’une de ses compagnies contre Téhéran. Washington a esquivé la pique. La Grande-Bretagne est revenue à la charge avec l’annonce de l’arrêt des livraisons d’essence de Shell en direction de Téhéran.



Il y a deux jours, le lundi 7 mars, le Financial Times a annoncé que Vitol, une compagnie helvétique qui est le plus grand fournisseur de l’essence à l’Iran, avait cessé cette semaine ses livraisons à l’Iran. Le quotidien Britannique précisait que Vitol se joignait ainsi à BP, la 3e plus grande compagnie pétrolière au monde, Trafigura et Glencore, deux autres compagnies suisses, qui avaient aussi cessé leurs livraisons à Téhéran dans les dernières semaines, dans le cas de BP à la veille de l’anniversaire de la révolution islamique.

Le Financial Times avait cependant oublié deux détails très importants. Premièrement, Vitol, Trafigura et Glencore ne sont pas des compagnies helvétiques, mais des compagnies britanniques installées en Suisse. Depuis un mois, le régime des mollahs n’est donc pas face à une coalition internationale instable, mais face à une action concertée donc une coalition très stable. Secundo, ces compagnies unies par des intérêts communs ne livraient pas 30% des besoins en carburant de l’Iran, mais 75% de toute l’essence consommée en Iran dont 50% provenant de Vitol. De fait, l’un dans l’autre, le régime des mollahs est depuis ce 7 mars privé de plus de 50% à 70% de tout le carburant consommé en Iran, ce qui le conduit aux devants de grandes troubles sociaux quand finiront ses stocks de réserves.

Une coalition stable formée des partenaires commerciaux de l’Iran est ce que Washington affirme vouloir former pour augmenter ses pressions contre les mollahs. On devait donc avoir droit à quelques félicitations. Mais vous pouvez scruter les médias américains de fond en comble, aucun membre de l’administration Obama n’a commenté de loin ou de près les infos diffusées par le Financial Times. Il n’y a rien eu non plus du côté du Congrès américain, et encore plus impressionnant, il n’y eut aucun article de fond dans les grands journaux américains et aucun débat sur les nombreuses chaînes d’info. Tout le monde a zappé cette coalition extraordinaire car elle contredit les affirmations de l’administration Obama selon lesquelles on ne peut pas sanctionner Téhéran, affirmations conçues pour éviter des sanctions dures susceptibles de renverser les mollahs afin de laisser la porte ouverte à une entente dont a besoin Washington pour devenir la première puissance pétrolière au monde.

En fait, il serait plus juste de dire que les Américains ont zappé l’info car la Grande-Bretagne, actuelle n°1 du marché pétrolier, l’avait conçue pour les forcer à sanctionner Téhéran afin qu’ils torpillent eux-mêmes toute chance pour cette entente contraire aux intérêts britanniques.

Mais les Américains ne se sont pas contentés d’ignorer l’attaque de l’armada pétrolière britannique, ils ont aussi riposté -le décalage horaire aidant- dans la même journée du 7 mars, en faisant publier dans le New York Times un rapport très détaillé faisant état de l’impossibilité pour l’administration Obama d’appliquer de nouvelles sanctions contre Téhéran. Dans notre article consacré à cette passe d’armes médiatique entre les deux adversaires, nous avions affirmé que Londres était mis en demeure de riposter. C’est ce qu’il a fait hier avec cette fois une annonce officielle du groupe pétrolier Shell, la plus grande compagnie pétrolière du monde, le navire amiral de sa large flotte pétrolière qui lui permet d’être le n°1 du marché depuis 100 ans.

L’administration Obama a encore zappé l’info, mais il a autorisé une légère médiatisation car elle estime que Londres n’aurait pas intérêt à aller jusqu’à un effondrement du régime car il espère avoir au pouvoir en Iran des personnes hostiles à tout apaisement avec Washington.

Les mollahs qui connaissent bien les Britanniques et sont par ailleurs du côté des victimes collatérales de cette guerre américano-britannique ont opté pour une ligne plus prudente en annonçant dès lundi une baisse de 25% de la part mensuelle réservée à chaque automobiliste. Elle sera désormais de 60 litres au lieu de 80 ce qui permet de ménager les réserves et de passer l’autonomie du pays de 84 à 112 jours. Si la fronde britannique continuait, Téhéran devrait réduire encore les ratios. Après, tout dépendra de Londres, mais personne n’en sortira intact.


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Pour en savoir + :
- Iran : Ce que cache l’embargo de Vitol
- (10 MARS 2010)

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |