On ne le rappellera jamais assez : les Etats-Unis ont besoin de conclure une entente avec l’Iran, pays idéalement placé entre le Golfe Persique, le Caucase et l’Asie Centrale, zones qui recèlent la majeure partie du pétrole ou du gaz de la planète. Pour conclure cette entente, Washington doit imposer ses conditions aux mollahs. Pour cela, il doit les forcer en utilisant des sanctions, mais il doit aussi convaincre l’opinion publique, en justifiant très largement ce choix de dialogue (entente). Cet effort est compliqué par la sensibilité de l’opinion américaine à la sécurité d’Israël. Dans ces conditions, quoi de mieux qu’un soutien des experts militaires de l’Etat Israélien au dialogue américain avec les mollahs !

Le document des experts ministériels israéliens recommande au gouvernement israélien d’adopter « une attitude positive envers le dialogue Washington-Téhéran » tout stipulant que ce dialogue doit être d’une durée limitée et précédé de « sanctions sévères » conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité.

Pour donner plus de probité à cette recommandation, deux avis identiques valant mieux qu’une, le même jour (limitée pendant la réunion sur la nécessité géopolitique de parler à l’Iran), John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, a aussi parlé de la nécessité d’un dialogue d’une durée limitée !

Quant à la référence aux « sanctions sévères conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité », le document israélien plaide exactement en faveur du processus américain pour légitimer les sanctions très sévères mais non-onusiennes appliquées par les Etats-Unis !

C’est ce que l’on peut appeler une opération médiatique réussie : par un document signé par des experts israéliens de la défense, on rassure l’opinion juive américaine sur le fait que ce dialogue ne va pas mettre en péril la sécurité d’Israël et parallèlement, on étoffe le camps des partisans de la méthode américaine (sanctions+dialogue). Et enfin, cerise sur le gâteau, en évoquant une durée limitée sans préciser la longueur exacte de la patience israélo-américaine, on met en place une fin ouverte, artifice nécessaire pour laisser revenir (quand on veut) les rumeurs de frappes israéliennes !

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Dans les médias occidentaux, on évoque souvent un désaccord entre les dirigeants israéliens et la nouvelle administration américaine pour envisager la possibilité d’une intervention militaire israélienne en Iran contre l’avis de Washington. Cela relève d’une vision puérile des relations stratégiques entre ces deux Etats : dans cette relation, les Etats-Unis sont la puissance dominante et Israël doit suivre leurs prérogatives.

Quand Israël évoquait une frappe des installations nucléaires iraniennes, il le faisait pour aider les Etats-Unis à intimider les mollahs, à présent que la nouvelle administration a mis au programme de ses priorités le dialogue avec Téhéran, Israël évoque publiquement un soutien positif à ce projet, pour le moment.

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Pour en savoir plus sur la méthode américaine :
 Iran-Obama : Opérations de charme et sanctions très sévères
 (5 MARS 2009 )