Le problème est que la dépêche a été rédigée à 13h05 (capture ci-dessous [1]), soit 15h35 heure de Téhéran, alors que selon AUT NEWS, l’agence de presse dissidente des « étudiants dissidents » de l’Université Technologique Amir Kabir, dont les animateurs font partie du comité de soutien à Ebadi, ladite fermeture a eu lieu une heure plus tard ! [2]

La dépêche a été finalisée à l’instant où les miliciens débarquaient et selon AUT NEWS, n’avaient pas encore précisé qu’ils voulaient fermer le bureau.

Le responsable du bureau de l’AFP à Téhéran a décrit avec précision le dénouement d’un événement qui n’avait pas eu lieu à l’heure où il rédigeait le texte à quatre mains avec la plus proche collaboratrice de Shirin Ebadi !

Il s’agit encore une fois d’un buzz médiatique pour voler au secours de Shirin Ebadi et son Cercle des défenseurs des droits de l’Homme qui sont juste des façades politiquement correctes pour le régime des mollahs, mais sans aucune activité militante. N’étant pas sincères dans leur démarche, Ebadi et ses lieutenants oublient régulièrement toutes les dates anniversaires liées aux droits de l’homme, comme cette fois le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui normalement devait être célébré le 10 décembre surtout qu’à ce moment Téhéran avait intensifié les pendaisons notamment au Kurdistan et au Baloutchistan. Ce buzz veut effacer l’ardoise de l’inaction d’Ebadi, mais ce n’est pas tout.

Cette semaine, Ebadi a fait deux autres énormes bourdes : le 18 décembre, l’ONU a adopté une résolution demandant « une mise à jour par le Secrétaire général sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran » lors de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU. Le 19 décembre, c’est l’Union Européenne qui lui a emboîté le pas dans une version moins offensive.

Normalement Ebadi et son cercle ou encore un autre dissident iranien auraient dû saluer ces déclarations. Il n’y a rien eu de la part de ces faux défenseurs des droits de l’homme parce que leur fonction n’est pas de taper sur le régime mais au contraire de prétendre que la dissidence et la défense des droits de l’homme sont possibles en Iran, sous le régime des mollahs. Ils ont un rôle d’alibi démocratique, c’est pourquoi ils ne parlent pas quand cette parole peut créer l’effet inverse. En l’absence d’une vraie activité militante dissidente, le régime organise avec l’aide des intéressés des mises en scène de persécution.

Ce sont les 2 déclarations de l’Europe et de l’ONU qui ont suscité cette mise en scène où il est prétendu qu’Ebadi allait enfin célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme avec 11 jours de retard. La soi-disant fermeture de son « centre » permet aussi de continuer à ne pas parler des sujets accablants pour Téhéran.

Mais ce buzz médiatique va plus loin : c’est aussi une réponse préliminaire à la demande onusienne de « mise à jour sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran » ! Cette fausse arrestation a pour objectif de faire dévier l’objet de cette mise à jour sur le cas d’Ebadi et ainsi détourner l’attention des cas réels et quasi quotidiens de violation de droits de l’homme en Iran.

On assiste également avec regret à une nouvelle collaboration entre le régime des mollahs et le bureau iranien de l’AFP déjà impliqué dans d’autres opérations cosmétiques en faveur de Shirin Ebadi. Par chance, pour nous, les bras cassés de l’AFP Téhéran ont dégainé trop vite leur plume avant même le début du spectacle ! C’est sans doute l’excitation des courses Noël : tout le monde est pressé d’en finir avec le boulot pour aller acheter ses cadeaux. En tous les cas, cette dépêche bâclée de 13h05 est un vrai cadeau pour les infomaniaques que nous sommes.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour en savoir plus :
 Iran : La désinformation sur les femmes via l’AFP
 (5 NOVEMBRE 2008)