Initialement, le gouvernement irakien avait affirmé que les membres de cette milice ne seraient pas inquiétés. Mais en deux jours d’opération à Amara, les forces irakiennes ont arrêté principalement des membres clef de l’armée de Mahdi : le maire d’Amara, 5 fonctionnaires du conseil régional et 4 policiers dont deux capitaines. Des mines, des bombes, des lance-roquettes, des mortiers et des kalachnikovs ont été saisis et l’on précise qu’il s’agit d’armes abandonnées par les miliciens préférant entrer en clandestinité ! Il n’y a pas de déclaration officielle sur l’ingérence nocive de Téhéran, mais des insinuations… ce qui ressemble à la méthode de communication de l’armée américaine vis-à-vis du soutien apporté par Téhéran aux miliciens irakiens. On laisse planer le doute sur une éventuelle accusation officielle afin d’encourager Téhéran à changer d’attitude.

Quel est ce changement attendu ? il y a trois semaines, Bagdad filait le parfait amour avec les mollahs : une délégation comprenant la crème du gouvernement placé au pouvoir par les américains s’était rendue à Téhéran pour normaliser les relations entre les deux pays. Il s’agissait de permettre une reprise du dialogue entre Washington et Téhéran. 48 heures après le retour de la délégation, Washington avait même lancé une invitation à Téhéran, se disant prêt pour négocier.

Une entente avec Téhéran est vitale pour les Etats-Unis et les républicains en ont besoin à titre personnel pour assurer la victoire à McCain. Téhéran qui est conscient des impératifs de Washington et des républicains se fait désirer depuis des mois pour obtenir un deal plus satisfaisant : c’est pourquoi Téhéran a laissé choir cette invitation en laissant entendre qu’il avait les moyens de faire chanter l’administration Bush.

La réponse à cette impertinence est venue par ces insinuations militaires ou journalistiques susceptibles d’être préjudiciables à l’image arabe des mollahs, mais aussi par les arrestations ciblées des membres clefs de l’armée de Mahdi dans une ville secondaire du sud irakien.

Le point le plus intéressant de cette réponse calibrée est que les américains semblaient savoir où il fallait frapper ! Ceci confirme l’hypothèse que Washington ne veut pas détruire l’armée de Mahdi, bien qu’il dispose d’informations pour le faire. Washington veut un deal avec les mollahs pour prendre le contrôle des milices créées ou financées par Téhéran. L’armée de Mahdi est un formidable outil d’agitation des communautés chiites de divers pays sunnites du Golfe Persique. Téhéran ne veut pas d’une entente qui le priverait de ses milices. C’est ce qui fait masse dans le deal entre Téhéran et Washington.

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