Iran Resist - Iran : La semaine en images (édition n°15)

Iran : La semaine en images (édition n°15)
01.06.2008

Les évènements marquants de la semaine ont porté la marque de deux caractéristiques du régime des mollahs : le retour permanent vers le passé révolutionnaire et ses slogans et la fuite désordonnée vers l’avant.

Le retour vers le passé a d’abord été la tenue d’une Enième conférence anti-israélienne (à l’université de Téhéran) dans l’indifférence générale des iraniens (cadrage serré, petite salle -remplissage photoshop-, une seule photo à un seul point de vue disponible et beaucoup de vieux).

Le régime a invité à Téhéran Khaled Mechaal, le patron politique du Hamas en même temps que le général syrien Turkmani qui allait signer un important accord militaire entre Téhéran et Damas pour ruiner les espoirs d’Israël de casser le couple Iran-Syrie. Si cet accord a fait à juste titre beaucoup de bruit, le passage de Mechaal à Téhéran a été passé sous silence.

Pourtant, cette présence était vraiment digne d’intérêt. Le régime a utilisé ce personnage comme un accessoire, l’affichant avec ses dirigeants et surtout le faisant poser devant des affiches du Hezbollah afin de montrer qu’il maîtrise aussi bien l’axe islamiste chiite que l’axe islamiste sunnite.

Autre retour vers le passé : ont débuté cette semaine les cérémonies d’hommage à la disparition de Khomeiny qui atteindront leur apogée le 3 juin, date choisie pour une rencontre de football entre l’Iran et les Emirats qui s’annonce houleuse car sur fond de querelle sur les trois îles iraniennes revendiqués par cet allié des Britanniques. En attendant le 3 juin, une conférence a déjà eu lieu sous la houlette de Khatami qui est le plus grand défenseur officiel de Khomeiny en Iran. Le chef d’orchestre Manuchehr Sahbaï a dirigé une symphonie polyphonique de sa composition en hommage à l’homme qui a entraîné l’Iran dans une guerre destructrice et meurtrière de 8 ans qu’il a à de multiples reprises qualifiée de bénédiction pour l’Iran.

Mises à part ces activités culturelles, il y a eu également moult pèlerinages sur le mausolée de Khomeiny. Tout le gratin du régime s’y est précipité pour montrer sa ferveur révolutionnaire, mais certains ont mis les bouchées doubles à l’image du maire de Téhéran Ghalibaf (à droite, dégarni avec des lunettes). Ce milicien un moment pronostiqué comme le futur successeur d’Ahmadinejad est éclipsé par un Larijani désormais omniprésent dans les médias. Il a donc décidé de s’afficher avec le petit-fils de Khomeiny (turban noir) afin d’attirer quelques caméras.

Parallèlement à cette multi fuite vers le passé révolutionnaire et les fondements de la révolution, le régime s’est lancé dans ces projets de fuite en avant. Il a annoncé l’inauguration d’une banque qui devrait sauver le régime des sanctions qui le privent des investissements étrangers. Cette banque, la IEB, sera dirigée par de vieux miliciens du régime, mais pour affirmer sa soi-disant modernité, elle expose dans ses guichets des femmes, un peu hagardes.


Tahmasb Mazaheri, le directeur de la banque centrale iranienne

Autre fuite en avant, le chanteur has been irlandais Chris de Burgh est invité en Iran pour chanter la douceur de vivre ! Il en rêvait depuis son enfance ! Chris chantera avec un groupe nommé Arian, un groupe de jeunes branchés qui roulent pour les mollahs. Il est officiellement leur invité, mais en réalité l’opération est sponsorisée par la marque LG et organisée par Mohsen Rajabpour, un gros producteur de groupes musicaux apolitiques comme Arian.

Entre ces fuites en arrière et en avant, il y a eu Shazand (ci-dessous). Deux usines de détergents sont parties en fumée et ont fait de 30 à 60 morts (version du régime et des habitants). Les pompiers sont arrivés trop tard : ils ont mis 30 minutes pour faire 6 kilomètres. L’affaire gêne tellement qu’aucun des médias ne s’y est intéressé : ni à ces 60 corps carbonisés et méconnaissables d’ouvriers pauvres et souvent très jeunes, ni à leurs femmes et enfants qui n’ont plus aucune ressource.

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