A la veille de la diffusion de Persépolis à Cannes, les mollahs ont crié à l’islamophobie, alors que pendant tout le temps où Satrapi avait écrit, publié, et diffusé sa BD, il n’y avait eu aucune protestation contre Satrapi et même pire ces mêmes mollahs lui avaient renouvelé son passeport et accordé des visas afin qu’elle voyage à travers le monde pour promouvoir sa BD !

Promotion assistée | Cette BD n’a d’ailleurs jamais été traduite en persan par son auteur : cette BD est uniquement destinée aux étrangers pour leur inculquer une vision très particulière de l’Iran où il n’est jamais question des sévices corporels du code pénal dicté par la charia ou de la pauvreté qui touchent 85% de la population. La BD justifie la révolution et cherche à gommer la présence des mollahs : ainsi on n’y voit jamais Khomeiny alors que ses portraits géants ornent toutes les rues en Iran. La BD montre que l’on vit presque à l’occidentale en Iran et que l’on peut critiquer les mollahs (ce qui est évidemment faux). Elle relativise l’image noire de ce pays et de son régime. Si une œuvre prétendait que l’Iran était un paradis, elle ne serait pas lue, mais Persépolis à seulement pour objectif de relativiser l’image du régime des mollahs. Elle est lue. C’est une œuvre efficace.

C’est pourquoi les mollahs ont toujours renouvelé le passeport de Satrapi et facilité ses déplacements pour promouvoir sa BD ! Ce manège a même continué pendant la période où elle réalisait son film : elle a bénéficié d’un passeport de la république islamique d’Iran ! [1]. Comme ces liens entre Satrapi et le régime des mollahs étaient secrets, il était aisé pour les mollahs de crier à l’islamophobie à la veille de la diffusion de Persépolis à Cannes, pour booster son film.

Après ce coup de maître, le film a été diffusé cet automne Téhéran à l’occasion d’un festival inédit et sur mesure consacré aux œuvres cinématographiques sur la révolution islamique de 1979 ! A cette occasion ce film rempli de mensonges historiques a été salué pour sa qualité narrative et sa fidélité au récit (officiel) de la révolution de 1979.

Censure libanaise | Les mollahs viennent de refaire le coup de l’appel à la censure dans un pays où ils ont des réseaux bien implantés. Le film a été censuré par le chiite pro-Hezbollah Wafiq Jezzini, directeur général de la Sûreté générale. Mais le plus incroyable est que la version imprimée de la BD est vendue depuis des années au Liban sans que Wafiq Jezzini ou les mollahs ne demandent son interdiction !

Cette affaire d’interdiction aurait donc été un nouveau buzz, mais sa cible n’était pas le Liban : il avait pour mission de lancer la carrière du film pour sa sortie américaine prévue le 11 avril. Le Liban, pays multi-éthnique où les mollahs disposent de complexes réseaux d’influence, a servi d’instrument pour déployer cette opération médiatique.

Ce buzz a d’ailleurs été un petit chef d’œuvre de communication : après la censure imposée par un chiite pro-hezbollah, le chrétien Tareq Mitri, ministre libanais de la culture, très impliqué dans le dialogue des civilisations de Khatami, a déclaré qu’il avait l’intention de « (se) battre » pour faire lever l’interdiction de la diffusion en salles du film !

Le Parti socialiste progressiste (PSP) s’est joint au concert pour se demander si le but ultime n’était pas de « transformer Beyrouth, dans sa vie culturelle et artistique, en une banlieue de Téhéran ». Des cinéastes libanais (Khaled Mouzannar, Nadine Labaki et Nidal Achkar) qui ne se doutent pas qu’il s’agit d’un coup de pub des mollahs ont participé au battage pour faire autoriser le film !

Finalement, le général chiite pro-Hezbollah Wafiq Jezzini a changé d’avis et autorisé la projection ! Quelle victoire ! Le film retrouve une seconde actualité, une seconde vie. Et libanais et américains se précipiteront pour le voir afin d’absorber ses allégations mensongères comme des vérités échappées des griffes de la censure du Hezbollah.

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