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Irak : Les Etats-Unis lancent une invitation à l’Iran
19.11.2007

Très récemment, les mollahs avaient affirmé qu’ils accepteraient de rencontrer les représentants américains en Irak si les Etats-Unis le leur demandaient officiellement et directement. L’objectif des mollahs était évidemment que les américains reconnaissent officiellement le rôle régional de l’Iran. Cette demande est aussi impossible que les rencontres entre les deux camps sont indispensables pour les américains. Rappel de la situation et trouvaille américaine pour répondre à la demande des mollahs !



La situation | Il nous paraît utile de rappeler à chaque occasion que la querelle entre les mollahs et les Etats-Unis concerne les modalités d’une entente secrète et que par conséquent les deux parties se battent sur des terrains choisis.

Ainsi, les mollahs financent les guérillas anti-américaines en Irak et en Afghanistan, et de leur côté, les américains imposent des sanctions contre les mollahs au motif de certaines menaces qui sont inexistantes (comme des missiles nucléaires avec des portées planétaires), mais en revanche les américains n’accusent pas les mollahs de financer les guérillas qui tuent leurs militaires en Irak ou en Afghanistan.

Ce refus d’accuser l’adversaire iranien de ce crime tient à la volonté américaine d’arriver à une entente (ponctuelle). De même le régime des mollahs ne reconnaît pas officiellement l’aide apportée aux guérillas anti-américaines et accepte le bras de fer nucléaire comme crise de substitution, car il y a aussi une volonté iranienne d’arriver à une entente régionale (durable), preuve d’une reconnaissance tacite de son rôle régional.

Dans cette guerre asymétrique à plusieurs titres, quand l’un recule ou mollit, l’autre durcit et avance ses pions sur les différents tableaux à sa disposition, c’est-à-dire à la fois les crises de substitution (nucléaire et balistique), mais aussi sur le terrain où a lieu la vraie guerre (en Irak et en Afghanistan). Ainsi, dès que les américains ont lâché les pasdaran prisonniers, Téhéran a détecté un recul américain et il a exigé une demande officielle de la Maison-Blanche et non un arrangement par l’intermédiaire de l’ambassade de Suisse à Téhéran.

L’objet du bras de fer entre les deux pays est du point de vue des mollahs une reconnaissance du rôle régional de l’Iran et du point de vue américain une soumission des mollahs.

Il n’est donc pas question de faire ce que demandent les mollahs. Après la demande formulée par Téhéran, on n’a plus entendu parler de la rencontre souhaitée par les Etats-Unis. Les américains ont creusé leurs méninges pour trouver une solution passe-partout : désormais ils reconnaissent l’implication des mollahs dans les attentats et embuscades qui ont coûté la vie à des milliers de soldats américains mais ils affirment que les mollahs ont changé !

Selon le Général de division James Simmons, l’un des principaux chefs du commandement américain en Irak, le régime des mollahs semble respecter sa promesse du 1er novembre d’arrêter le flux d’engins explosifs arrivant en Irak ! Après cette réhabilitation des intentions façon rapport El Baradei, on n’est pas loin de décréter qu’il faut donner leur chance aux mollahs d’encore mieux faire !

C’est d’ailleurs ce qui a été fait par un haut responsable militaire américain qui sous couvert de l’anonymat a déclaré : « Qu’ils aient eu une influence négative dans le passé, qu’ils aient contribué à tuer des soldats de la coalition, irakiens et américains, est un fait », mais « nous voulons qu’ils aient un rôle plus pacifique, plus positif et plus productif ».

Ce n’est pas explicitement la reconnaissance officielle recherchée par Téhéran, mais elle lui ressemble. La déclaration contient également une invitation que les mollahs ne refuseront pas car ils ont besoin de ces rencontres, preuve tacite de leur rôle d’arbitre du conflit en Irak.

Afin que le jeu n’échappe pas aux concepteurs américains de cette invitation tactique, d’un côté le général Simmons et son ami anonyme souligne les progrès de Téhéran et de l’autre le secrétaire à la Défense Robert Gates et d’autres hauts responsables militaires anonymes estiment qu’il est trop tôt pour tirer les conclusions de cette amélioration du comportement des mollahs qui selon eux a commencé « depuis plusieurs mois » !

Il est vrai qu’il y a eu une décrue mais elle est indépendante de la promesse faite le 1er novembre. Depuis septembre 2007, on est passé de 1650 de morts irakiens par mois à 848, puis à 679 en octobre et la baisse continue. Pour ce qui est des militaires américains, la baisse est moins forte et on est passé d’une centaine de morts mensuels à 65 en septembre, 38 en octobre et 27 au 19e jour du novembre (il y avait également 27 morts au 19e jour d’octobre [1]).

Plus qu’un résultat de la promesse, il s’agit visiblement d’une certaine difficulté des mollahs à intensifier la guérilla, d’où la promesse surprenante formulée à l’occasion de la conférence d’Istanbul (ces événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs). Cependant, la moyenne mensuelle est identique par rapport à l’année 2006 qui fut la plus meurtrière en termes de morts américains.

La décrue (qui reste à confirmer) n’est pas due à une volonté des mollahs mais sans doute à une usure de leur force et les coups portés par l’armée américaine contre les cellules autonomes des Pasdaran qui gèrent les opérations sur le terrain. L’armée américaine à intercepté près d’une centaine d’iraniens en Iran en dehors de leurs chefs arrêtés à Arbil que les mollahs essaient de récupérer pour stopper cette décroissance de leur force. Cependant, les américains ont décidé qu’ils fallait décerner des bons points aux mollahs pour les inciter à accepter une rencontre, des bons points qui sont censés remplacer l’invitation officielle exigée par Téhéran.

On se souvient qu’en octobre 2007, il y a un mois la donne était différente : le général David Petraeus, le commandant en chef des forces américaines en Irak, avait affirmé que les mollahs continuaient à approvisionner fortement la guérilla en armes, en explosifs et en missiles Missagh 1 (missile portable équipé d’un système de guidage à infrarouge). Cette déclaration avait été faite pour mettre la pression sur les mollahs afin qu’ils acceptent de rencontrer les représentants américains. Cette tactique de menace n’a rien donné, les américains ont décidé de prendre la direction opposée.

Les Etats-Unis ne cessent de changer perpétuellement les règles du jeu dans les crises qui les opposent au régime des mollahs, tout en demandant une conduite invariable de la part des autres grandes et petites puissances. La source du désordre mondial réside dans cette gestion versatile et finalement peu efficace.

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