Le samedi 24 mars, le Conseil de Sécurité a adopté la résolution 1747 qui demandait une nouvelle fois au régime des mollahs de cesser ses activités nucléaires. Cette résolution accordait 2 mois de délais aux mollahs et fixait l’échéance à fin mai 2007. C’est alors que les mollahs ont proposé à Javier Solana une série de rencontres pour reprendre les négociations en promettant plus de coopération avec l’AIEA et ce alors qu’ils n’avaient jamais coopéré avec l’AIEA (sinon il n’y aurait pas eu de crise nucléaire iranienne).

Cette soi-disant reprise de la coopération avait été décidée unilatéralement par l’Iran et ce uniquement pour prouver que le dossier ferait plus de progrès s’il était géré par l’AIEA. Afin de prouver que l’AIEA était plus apte que le Conseil de Sécurité à gérer ce dossier, les mollahs ont consenti à coopérer avec les inspecteurs de l’AIEA et ils leur ont promis des visites des sites que l’on dit sensibles.

Mais il semblerait que les Occidentaux n’avaient pas saisi la signification de ces gestes, c’est-à-dire qu’ils n’avaient compris que l’intention des mollahs n’était pas de coopérer mais de faire sortir le dossier du Conseil de Sécurité. Il a donc fallu que les mollahs demandent à leurs lobbyistes (Nicoullaud et Djalili) de reprendre leurs plumes pour expliquer en quoi le retour du dossier à l’AIEA constituerait un progrès pour résoudre cette crise.

Sur un plan concret, les mollahs ont essayé de gagner le maximum de temps entre chaque étape de la nouvelle coopération : promesse de coopération, rencontres préliminaires, promesse de visite et finalement une visite. Et cette visite ne concernait pas le site qui pose problème : l’usine d’enrichissement nucléaire de Natanz qui fait fantasmer les occidentaux.

En refusant l’accès à cette usine, les mollahs peuvent amplifier la crise selon leurs convenances et sur la base de cette escalade proposer un consensus sur le droit à l’enrichissement contre un abandon de leurs activités nucléaires. Mais pour l’heure, depuis la prétendue reprise de la coopération avec l’AIEA, Natanz reste invisible. Personne ne peut confirmer l’existence de ces activités. Les mollahs gèrent l’escalade avec des déclarations anxiogènes. Toute cette stratégie est basée sur le refus d’accès à Natanz.

Entre temps, pour prouver leur bonne foi, les mollahs ont organisé une autre visite guidée pour les journalistes étrangers. Initialement, ils avaient promis à ces journalistes la visite de tous les sites nucléaires du régime, y compris le site de Natanz, mais en fait l’invitation s’est révélée une farce.

Les journalistes ont été autorisés à visiter un site de production d’électricité. Les mollahs ont été déçus quand l’un des journalistes, le Britannique Julian Borger, a révélé la supercherie. Nous avions signalé l’affaire car l’envoyée spéciale du Monde avait joué le jeu des mollahs en produisant un article bidon sur un site qu’elle n’avait pas pu visiter.

Les mollahs ont manifesté leur colère face à l’article du Guardian car cette visite guidée pour Journalistes de Gauche était manifestement un élément important de leur nouvelle politique de coopération et de transparence.

Malgré tous les efforts de communication consentis, on parle à nouveau d’une nouvelle résolution au Conseil de Sécurité. Téhéran a donc menacé de mettre fin à sa nouvelle soi-disant coopération avec l’AIEA. Finalement, ça tombe bien puisque cette interruption permet aux mollahs de ne pas ouvrir les portes de Natanz aux inspecteurs de l’AIEA.

Natanz qui semblait proche, s’éloigne... Et bien sûr Téhéran a précisé qu’il n’y avait eu aucun ralentissement dans ses activités nucléaires pendant sa récente coopération avec l’AIEA (nouveaux propos anxiogènes qui annoncent une nouvelle série de provocations verbales d’Ahmadinejad).

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