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Iran : Un grand pas, mais en arrière !
08.07.2007

Le 20 juin dernier, nous avons analysé un article écrit par un ex-ambassadeur de France en Iran : François Nicoullaud. Ce dernier parlait de l’inefficacité des sanctions imposées à l’Iran, même si dans les faits l’ONU n’a imposé aucune sanction économique handicapante à l’Iran. Nicoullaud proposait de « mettre entre parenthèses, au moins pour un temps, nos pressions et nos menaces de sanctions » et de revenir à une gestion du dossier par l’AIEA. Entre temps, les mollahs ont évoqué un gel des sanctions et leur appel a été entendu. C’est désormais clair, Téhéran ne se contentera pas de cette demi-mesure et exigera plus. | Décodages



Nous l’avons évoqué dans notre dernière analyse, il y a un consensus pour retarder la prochaine résolution. Notre prophétie sur les délais à rallonges accordés aux mollahs se réalisent également et ces derniers ont désormais la certitude que l’affaire des ultimatums est purement conjoncturelle : les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité se réservent le droit de modifier leurs précédentes déclarations qui insistaient sur l’urgence d’intervenir pour écarter la menace iranienne.

Cette menace est donc à géométrie variable : si l’on estime qu’une entente est possible, on reviendra sur les estimations d’avant et l’on dira que l’on s’est trompé sur les activités nucléaires des mollahs.

Cette souplesse d’esprit en matière de lutte contre la prolifération et le terrorisme a encouragé mollahs à ne pas mollir. Puisqu’ils ont la certitude qu’ils auront un gel de la procédure, ils laissent entendre qu’il faut aller plus loin, c’est-à-dire sortir le dossier du Conseil de Sécurité et le restituer à l’AIEA. Cette restitution, qui avait été proposée par El Baradai et défendue en sa qualité de lobbyiste par Nicoullaud, est à nouveau évoquée par Soltaniyeh, l’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA.

C’est désormais l’objectif avoué du régime des mollahs qui ne veut plus se contenter d’un gel des sanctions mais d’un retour en arrière. En langage diplomatique, ceci devient : « Nous acceptons un grand pas » (en arrière).

Dans un entretien accordé à un quotidien Belge, l’ambassadeur iranien auprès de l’AIEA explique en quoi il s’agit d’un grand pas ! Soltaniyeh a dit : « Le renvoi du dossier devant le Conseil de sécurité a compliqué la situation... L’enjeu est très simple : comment assurer que nos activités nucléaires demeurent pacifiques. Et il peut demeurer quelques questions sur le passé, des réponses à apporter, des points à refermer. Techniquement, cet enjeu doit être appréhendé au niveau de l’AIEA, pas le Conseil de Sécurité, et s’il y a des points qui doivent être négociés concernant les obligations de chacun, c’est sans prérequis, à la table de négociation qu’il faut les soumettre, et l’Iran est prêt à y répondre. C’est un grand pas car, jusqu’à la dernière assemblée des gouverneurs de l’AIEA, la position que j’ai défendue officiellement est que nous ne discuterions plus du sujet que lorsqu’il serait replacé dans sa totalité dans le cadre de l’AIEA. »

L’entretien avec le journal belge donne un avant-goût de ces négociations. Une question précise du journaliste, évoquant des critiques de l’AIEA envers l’Iran sur le manque de transparence de ses activités nucléaires, provoque la colère du représentant des mollahs qui a déclaré : « Nous n’avons aucune obligation légale de transparence dans les textes de l’AIEA. S’ils veulent quelque chose qui va au-delà des obligations légales, au titre de geste de transparence ou de mise en confiance, cela est une attente supplémentaire qui dépend du contexte politique général : ça, c’est l’enjeu ! »

Ce n’est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière : Téhéran veut bien négocier mais uniquement négocier, c’est-à-dire parler longtemps, remettre en cause tous les points d’obligation du TNP, sous prétexte que le texte est mal écrit ou que la république islamique en avait une autre interprétation. L’enjeu pour les mollahs est de gagner du temps pour épuiser ses adversaires.

En guise de conclusion, le représentant du régime a également encore affirmé que l’Iran n’abandonnerait jamais son droit inaliénable à l’énergie atomique, à la recherche et au développement nucléaire... et qu’il « espérait » que les décideurs Européens admettraient cette réalité.

La pause accordée aux mollahs sera vraiment un grand pas en arrière et une perte de temps car pendant ce délai accordé les mollahs restaureront leurs pertes et intensifieront leur influence au Moyen-Orient, dans la péninsule d’Arabie ou en Asie Centrale. Et dès la fin de ce délai accordé et l’échec prévisible de ces nouvelles négociations (sur tous les sujets sauf l’enrichissement), les mollahs lanceront des projets de déstabilisation dans ces régions qui renferment la majeure partie des réserves pétrolières du monde.

Mais d’une certaine manière, ce recul est peut-être nécessaire : il prouve que ce régime est incapable de saisir les perches que lui tendent ses partenaires commerciaux pour le sauver. Il restera toujours identique à lui-même, un Etat voyou.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur la méthode :
- Iran : Nicoullaud cherche à neutraliser le Conseil de Sécurité
- (20 juin 2007)

| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions (du Conseil de Sécurité) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : DROIT à l’enrichissement et Maîtrise du cycle |

| Mots Clefs | Nucléaire : TNP+AIEA |