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Iran - Afghanistan : Les Etats-Unis hésitent à reconnaître l’aide aux Talibans
14.06.2007

Dans un précédent article, nous avons évoqué l’hésitation des Américains à renforcer les sanctions contre le régime des mollahs. Cette même hésitation due à l’impérieuse nécessité d’une entente régionale avec les mollahs encourage les américains à se montrer très laxistes quant à l’ingérence des mollahs en Afghanistan et en Irak.



En Irak, les Américains jouent le black-out total quant à la responsabilité des mollahs dans l’aide à tous les facteurs de violence, c’est-à-dire les milices chiites et sunnites. Il leur arrive d’évoquer le plus vaguement possible des expéditions d’armes, une certaine influence sur les milices chiites et du bout des lèvres des liens avec Al Qaeda Irak : nous avons longuement expliqué les raisons de cette attitude dans un précédent article, en résumé, ils ne peuvent pas admettre une telle ingérence en Irak car cet aveu rendrait toute entente avec les mollahs politiquement incorrecte et éthiquement impossible.

En ce qui concerne l’Afghanistan, jusqu’à la semaine dernière, la méthode choisie était la méthode de l’autruche : déni de toute ingérence du régime, rejet des accusations de livraisons d’armes et même au contraire, affichage d’une relation au beau fixe entre les deux pays. Or, un pas a été affranchi hier par le plus consensuel politicien de l’administration Bush : Nicolas Burns. Et ce qu’il a dit pose certains problèmes.

Burns, précédemment amis des mollahs et grand partisan du dialogue à tout prix, à affirmé mercredi sur CNN que les Etats-Unis disposent des preuves « irréfutables » que l’Iran approvisionne les talibans afghans en armes. Il a notamment déclaré que L’OTAN avait intercepté certaines de ces livraisons.

Les affirmations de Burns sont fondées sur les récentes déclarations du général américain Dan McNeill, commandant des forces de l’OTAN en Afghanistan. Ce dernier affirme dans un entretien à l’AP que les Talibans utilisant des techniques de combat comparables à celles d’« une armée occidentale avancée » lors d’embuscades visant des soldats des forces spéciales américaines.

Burns a très prudemment déclaré : « Cela vient du commandement des Gardes révolutionnaires, qui est une unité essentielle du gouvernement iranien ».

Dans cette déclaration de ce responsable américain transparaît le souci des Etats-Unis à ne pas impliquer l’ensemble du régime des mollahs mais le « gouvernement ».

Or, les Gardiens de la révolution ne dépendent pas du « gouvernement » mais du régime et le commandant des Pasdaran n’est pas nommé par le président mais par Khamenei, le Guide Suprême. La République Islamique est une oligarchie militaro-religieuse (alliance des mollahs et des Pasdaran), c’est la terminologie du mot République qui exige un décorum républicain. La fonction présidentielle n’a aucune autre utilité en Iran. Un des fondateurs du régime des mollahs, Khalkhali, procureur général de Khomeiny, avait dit : « nous l’appellerons une république et nous aurons un Parlement pour fermer le clapet aux Européens ! » Dans un tel régime, le « gouvernement » n’a aucun pouvoir.

En insistant sur les termes comme le « gouvernement » ou en prétendant séparer les Gardiens de la révolution du reste du régime, des mollahs soi-disant « modérés », Burns et ses semblables ne font que jouer le jeu subtil des mollahs qui cultivent la confusion pour brouiller les cartes et laisser espérer des améliorations ou une future entente.

Comme nous l’avons dit en début de cette note, en Irak, les Américains ne reconnaissent pas les liens entre les mollahs et les milices sunnites (assimilé à Al Qaeda). Ils ne peuvent pas admettre l’existence d’une ingérence multilatérale car cet aveu rendra impossible toute entente avec ces mollahs tueurs de GI’s. C’est pourquoi, après les déclarations de Burns, nous étions en mesure de nous demander comment les Américains allaient justifier leur théorie.

La réponse est venue du Département d’Etat qui a tout simplement refusé d’appuyer la version de Burns et du commandant de l’OTAN. Officiellement, le Département d’État ne peut pas se montrer aussi affirmatif que Burns sur une implication directe du « gouvernement iranien ».

« Nous sommes absolument certains qu’il y a un flot d’armes d’origine iranienne qui entrent en Afghanistan pour les talibans », a déclaré le porte-parole du Département d’État Sean McCormack à la presse. « Maintenant, dans quelle mesure le gouvernement iranien est impliqué dans ces livraisons, je ne peux pas vous le dire. » Le Département d’Etat a même minimisé l’impact de ces livraisons d’armes !

Les Américains restent donc figés dans leurs approches laxistes et au mieux, ils parleront d’une responsabilité du « gouvernement iranien » !

Ces attitudes laxistes et surtout les déclarations imprécises qui les accompagnent ne font que renforcer les mollahs : ces derniers continueront à aider les Talibans par les soi-disant « durs » du régime tout en faisant miroiter la carte des soi-disant « modérés ».

A titre d’information, les armes qui ont servi dans la guerre de l’été 2006 au Liban ont été livrée au Hezbollah en 2003 sous la présidence du « modéré et souriant » Khatami. En 1985, Khatami était lui-même le premier responsable des escadrons d’élimination des opposants en exil durant la présidence de Khamenei, aujourd’hui considéré comme un « ultra conservateur » qui à l’époque était qualifié de « modéré » ou voir de « laïc » !

L’histoire du régime des mollahs est un « Jeu de rôles » interminable et cette représentation ne cessera que si les spectateurs américains et européens se lassent du spectacle.

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