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France-Iran : Les conséquences internationales du rapprochement
03.08.2006 En 2nd partie de l’article : Une doctrine nucléaire russe étudiée sur mesure pour l’Iran !

Une réunion extraordinaire du Comité exécutif de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) consacrée au Proche-Orient se tiendra mercredi dans la capitale malaisienne, Kuala Lumpur. Cette réunion a été convoquée sur l’initiative du régime des mollahs, avec l’appui de la Malaisie, présidente de l’OCI, et de la Turquie, dont un représentant occupe le poste de secrétaire général de cette organisation.



Officiellement, Ahmadinejad a convoqué les représentants de l’Arabie saoudite, de la Turquie, de l’Indonésie, du Pakistan, du Brunei, du Bangladesh, de l’Azerbaïdjan, du Qatar, du Yémen et du Sénégal afin de rechercher les moyens à mettre en oeuvre pour sortir de la crise au Proche-Orient. En réalité, le régime des mollahs tente de mettre les états musulmans dans l’embarras afin de radicaliser la position des états musulmans. Nous l’avions prédit dans un précédent article : le temps joue en défaveur de ces états musulmans qui avaient condamné le Hezbollah ou lancé une Fatwa contre son initiative jugée désastreuse pour le monde musulman. Plus le temps passe et plus ces pays seront dans une position inconfortables surtout s’ils ne sont épaulés par les pays occidentaux.

Dès lors nous pouvons attribuer cette dégradation du camp des modérés anti-Hezbollah aux signaux contradictoires qui leur parviennent de l’Europe et des Etats-Unis. Les prises de positions Françaises ont notamment été déterminantes : dans un interview accordé au journal Le Monde, le président de la république a explicitement refusé d’accuser le Hezbollah ou d’envisager de la classer comme un mouvement terroriste et le Quai d’Orsay a évoqué une collaboration avec le régime des mollahs pour stabiliser ou pacifier le Moyen-Orient.

Ces deux séries de déclarations ont dégradé la position tenue par l’Arabie Saoudite et de nombreux autres états musulmans, et les choses risquent d’aller en s’empirant. La France contribue à radicaliser le monde musulman sans prendre garde aux conséquences nationales ou internationales. De plus, après avoir été l’initiateur de ce conflit, l’Iran se place pour devenir membre de la force internationale et officialiser les Pasdaran qui sont présents au Liban pour encadre le Hezbollah.

Selon le ministère malaisien des Affaires étrangères, «une déclaration unanime de l'OCI devrait condamner résolument les actions agressives d'Israël au Liban et appeler à un cessez-le-feu immédiat et sans condition [1] afin de rétablir l'ordre légal dans les territoires libanais occupés par Tel-Aviv».

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Une doctrine nucléaire russe étudiée sur mesure pour l'Iran !

A très court terme, les mollahs sont dans une stratégie de nuisances régionales par l’intermédiaire du Hezbollah et les autres groupes terroristes qu’ils financent (le Hamas, le Jihad, le FPLP, les GIA, al Qaeda…) et à court (voire moyen) terme, ils revendiquent le droit inconditionnel à l’enrichissement nucléaire. Comme nous l’avons affirmé dans notre texte consacré à la doctrine nucléaire des mollahs, cette revendication s’inscrit dans l’optique de créer une jurisprudence internationale du droit à l’enrichissement. Qui à moyen-long terme aboutira à ce que nous avons appelé l’Abolition de l’Exclusivité de la Dissuasion Nucléaire.

L’Iran n’est pas isolé quant à cette revendication et il est suivi par ses alliés (Corée du Nord, Venezuela, Qatar, Russie, etc…). Ces derniers (sauf la Russie qui les soutient dans un pur style soviétique) sont en mesure de reprendre le relais en demandant le même droit qui est aujourd’hui exigé par l’Iran. La victoire de l’un profitera à tous.

Cependant pour réaliser cet objectif à moyen terme (d’ici 10 ans), les alliés de l’Iran ont maintenant besoin de lui et de sa capacité de nuisance aussi bien au Moyen-Orient que sur les deux routes de transit du pétrole vers l’Europe : le Golfe Persique et la Région Caspienne.

La réunion de Kuala Lumpur est un test : le nombre des participants, les propos qui y seront tenus permettront de connaître les alliés de l’Iran. Le régime des mollahs a choisi la carte de la transparence afin de mettre dans l’embarras les adversaires du Hezbollah. Désormais, ces réunions seront aussi importantes que celles du G8 et nous devons cette revitalisation d’un régime moribond aux politiques immatures et suicidaires du Quai d’Orsay. La France a malheureusement participé à une résurrection de la grande Russie en impliquant ce pays dans les négociations nucléaires avec l’Iran et à présent, la France milite pour une implication diplomatique de l’Iran dans le conflit au Liban, ce qui conduira à une résurrection diplomatique de cet état islamiste isolé et décrié au sein du monde musulman au bord du cataclysme.

Quoiqu’il en soit, ce choix désastreux du Quai d’Orsay ne contribuera pas à une plus grande popularité française due à l’anti-américanisme revendiqué de ces prises de positions. Ce choix précipitera la division du camp occidental et donnera une véritable légitimité à la position extrémiste du régime des mollahs. Les télévisions islamistes par satellites financées par le régime des mollahs feront le nécessaire pour embrigader l’opinion des états musulmans qui avaient condamné le Hezbollah.

Cette politique française encouragera ces états luttant contre un terrorisme islamique interne à se diriger vers une entente avec les partisans du Hezbollah afin d’éviter des problèmes internes. De plus cette adhésion (au régime des mollahs) leur permettra d’intégrer une Alliance qui a un véritable projet politique et militaire fort et séduisant. Il s'agit d'un changement (voire d'un retournement total de la situation) qui aura de nombreuses retombées notamment au sein de l'OPEP et ce à la veille d'un des plus grands conflits pétroliers qui opposera l'Iran à l'occident.

Autres méfaits de cette adhésion forcée : certains états comme l’Arabie Saoudite ou le Koweït seront sacrifiés car l’Abolition de l’Exclusivité de la Dissuasion doit contribuer à l’émergence d’un état fort par région et dans la région concernée, c’est l’Iran qui se réserve la part du Lion. Tous les autres doivent composer avec lui, idem pour la Région Caspienne. C’est pourquoi ceci s’appelle l’Alliance Iran-Russie. Et c’est pourquoi aussi la Russie soutient inconditionnellement l’Iran et évidemment son droit à l’enrichissement. L’Iran est l’élément clef de « sa stratégie » pour Abolir l’Exclusivité de la Dissuasion à 5. Il s’agit d’une vraie alliance et chacun connaît l’importance de l’autre, surtout la Russie qui a besoin de l’Iran.

Le défaut de la diplomatie française est qu’elle refuse de voir le rôle directeur de la Russie et cherche à conforter le rôle de l’Iran au Liban espérant l’amadouer. Or, le Liban n’est qu’un épiphénomène d’une stratégie plus vaste voulue et menée par la Russie. Plus le régime des mollahs sera puissant au Liban et plus la Russie pourra se réjouir. C’est surtout la Russie qui a besoin de l’Iran et non l’inverse.

Le régime des mollahs peut (et veut) uniquement se préserver. Ce régime est aujourd’hui entré dans une spirale internationale qu’il ne contrôle pas, et la France le pousse à y demeurer. Il faut évidemment éviter de le renforcer et pas uniquement pour le bien-être le l’Iran, mais aussi et surtout pour contrer l’offensive énergétique Russe et évidemment pour détruire les Alliances pétro-nucléaires que la Russie imagine pour contrôler les voies de transit des hydrocarbures. Un Iran démocratique, patriote, monarchique et laïque sera l’allié modéré et moderne de l’occident et la route privilégiée du transit des hydrocarbures de l’Asie Centrale ou de l’Azerbaïdjan vers l’océan indien.

Nous sommes au regret d’affirmer que cette politique du Quai d’Orsay nuira à court et à moyen terme à la place de la France car l’Iran islamique et la Russie n’ont guère besoin de la France quand l’Exclusivité de la Dissuasion sera abolie par une dissémination du Savoir-faire nucléaire. Cependant, tout dépend de la réunion de Kuala Lumpur et de la réaction des états musulmans adversaires des mollahs. Espérons qu’ils agiront avec moins de démagogie que les dirigeants Français qui surfent sur la vague anti-américaine pour remonter dans les sondages.

[1AFP | Beyrouth | 1er août 2006 | Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a fustigé mardi à Beyrouth les Etats-unis et l’Onu et renouvelé son soutien au parti libanais chiite du Hezbollah. Mottaki a d’autre part exprimé des réserves sur le plan global de règlement du conflit du Premier ministre libanais Fouad Siniora, et qui prévoit implicitement le désarmement du Hezbollah, à l’exception du cessez-le-feu immédiat qu’il a appelé de ses voeux. «La priorité est le cessez-le-feu et la fin des hostilités de l'agresseur » israélien. Les questions ne faisant pas l'objet d'un consensus, devraient être laissées à plus tard pour des négociations», a-t-il dit ! Comme chacun le sait, les négociations sont la spécialité de ce régime. Mottaki a également cité le Général Emile Lahoud, le président chrétien pro-syrien du Liban, qui lui avait affirmé que « l’ennemi, qui a complètement échoué sur le plan militaire, essaie désormais d’obtenir par les voies diplomatiques ce qu’il n’a pas pu réaliser sur le terrain ». On se demande qui est l’ennemi ? |