Accueil > Articles > Iran : Une vraie crise au sommet



Iran : Une vraie crise au sommet
24.06.2011

En ce moment, l’actualité iranienne est centrée sur l’abus de pouvoir du ministre des affaires étrangères, Ali-Akbar Salehi et de son président Ahmadinejad pour nommer comme vice ministre un certain Malek-zadeh pour mettre en place un coup d’Etat destiné à renverser le Guide et prendre le pouvoir. On parle de leurs limogeages, on hésite, il y a débat : à l’heure de la publication, nous avons appris la destitution et l’éventuelle arrestation du vice-ministre Malek-zadeh…

Mais cela n’a aucun sens car selon la constitution de la république islamique, le Guide n’a pas de pouvoir politique, le pouvoir politique est entre les mains des 22 membres à vie du Conseil de Discernement, les représentants des clans alliés de Khomeiny, qui tels des parrains mafieux décident ensemble toutes les politiques de l’Etat dans l’intérêt du régime, mais aussi dans leurs propres intérêts personnels. On pourrait renverser le Guide et changer le président et tous les ministres (qui sont de simples exécutants) rien ne changera si l’on ne touche pas à ce cartel qui par son fonctionnement rappelle le syndicat du crime façon Coppola.

D’ailleurs, les années passent et ce cartel reste inchangé alors que le pays a connu de nombreux ministres ou présidents. Cependant, on ne peut pour autant parler de beaucoup de bruit pour rien ou d’un autre show du régime pour brouiller les cartes quand tout va mal car à chaque fois que ce cartel dirigeant a décidé de changer de cap, il l’a fait au travers d’un changement d’exécutants.

Dans le cas présent, il n’y a pas qu’un débat indécis sur un ou plusieurs ministres, mais plutôt un débat au sein du Conseil de Discernement sur la politique menée par un des clans qui composent ce cartel. Cela veut dire qu’un ou plusieurs membres du premier cercle du pouvoir sont sur la sellette, critiqués par leurs pairs pour leur incapacité à contrer les sanctions et arrêter la contestation.

C’est donc une grave crise interne ! Cependant, ce n’est pas le conflit qui oppose les clans au pouvoir : les intérêts en jeu les opposent souvent. A chaque conflit, les vielles rancœurs refont surface, on cherche des alliés pour se maintenir ou prendre le pouvoir. La présente crise s’inscrit dans cette même logique : il y a la crise et une guerre ouverte au sommet de l’Etat. Pour comprendre ce qui se trame actuellement à Téhéran et nous concerne tous, voici un bref historique du Conseil de Discernement suivi d’une analyse des faits présents.



Le CV du Cartel | L’idée du Conseil de Discernement est née en 1988 par la volonté de Rafsandjani (le demi-frère de Khomeiny) qui contrôlait alors l’armée, le ministère de la guerre, les services secrets des Pasdaran et leurs cellules terroristes, mais aussi le très lucratif marché d’armes et ne voulait pas perdre tous ces privilèges après la mort de Khomeiny. Pour imposer son idée et garder le pouvoir, Rafsandjani a utilisé son réseau et 7 autres personnes proches de Khomeiny qui risquaient de sauter en son absence dont Khamenei, Moussavi, Jannati (du conseil constitutionnel) et Rezaï, l’ex-commandant des Pasdaran avec qui Rafsandjani avait prolongé la guerre Iran-Irak pour enrichir la caste en place.

Initialement, la première mouture du Conseil avait peu de pouvoir, mais en 1990, le groupe a falsifié le testament de Khomeiny pour écarter les grands ayatollahs et nommer à sa place un des leurs, Ali Khamenei (qui a alors quitté le Conseil). Mais en fidèle membre, il a renvoyé l’ascenseur en leur octroyant tous ses pouvoirs politiques : le droit de choisir toutes les orientations politiques du pays dans tous les domaines, le droit de choisir les lois à venir, le droit de négocier les accords internationaux et aussi signer les contrats commerciaux. Khamenei a donné les pleins pouvoirs à ses amis ! Les membres du Conseil sont devenus les patrons du pays. Rafsandjani qui avait le plus grand réseau est devenu le patron des patrons politiques du régime et s’est octroyé d’autres secteurs rémunérateurs comme le pétrole, le cuivre, l’automobile et le pistache.

Cela a évidemment provoqué la haine de ceux qui avaient été exclus du jeu. Le Conseil a provoqué une crise en prenant les pleins pouvoirs. Mais ses adversaires n’ont rien pu faire car le groupe bénéficiait de la coopération des tueurs des services secrets. Le système était en crise, mais verrouillé. Grâce à ce verrouillage, Rafsandjani et ses amis ont pu également choisir les divers ministres et responsables parmi leurs amis, cousins, gendres (des gens sûrs) pour exécuter leurs décisions et surtout veiller à leurs intérêts. Depuis des années, le pouvoir est ainsi resté entre les mains de 5 familles sous la domination du clan de Rafsandjani.

Mais en 1997, la terre a tremblé : une cour allemande a reconnu Rafsandjani coupable de meurtres d’opposants kurdes en exil dans l’affaire connue sous le nom de « Mykonos-Attentat ». Il a été placé sous mandat d’arrêt international. La même année, son nom a été cité comme le responsable de l’attentat contre le centre juif argentin d’Amia à Buenos Aires.

Dans la foulée, Washington a utilisé ces accusations de terrorisme pour adopter ses premières sanctions pétrolières afin d’empêcher le régime de signer de nouveaux contrats dans ce domaine vital pour sa survie. Puis il lui a proposé le dialogue. Mais les mollahs ne pouvaient pas accepter car Washington cherchait en fait à normaliser les relations pour que ses pions islamistes (exclus par les mollahs en 1980) puissent revenir en Iran et prendre le pouvoir de l’intérieur. Le dialogue étant synonyme d’une perte de pouvoir, la seule solution pour y échapper était de mettre fin aux sanctions en livrant Rafsandjani.

Rafsandjani était sur la sellette. Pour ne pas être sacrifié par ses adversaires, Rafsandjani a pris deux mesures. Tout d’abord, Rafsandjani a acheté le soutien de ses adversaires, notamment les affairistes intéressés par son éviction, en leur ouvrant les portes du Conseil pour bénéficier de ses privilèges et a se débarrasser de quelques domaines d’influence pour avoir la paix. Ali Larijani, le fils de l’ayatollah Larijani (un rival que Rafsandjani avait éliminé au début de la révolution) est ainsi rentré au Conseil de Discernement et a demandé et obtenu le contrôle des médias nationaux et des télévisions du Hezbollah et la nomination de son lieutenant Kordan à la tête du département chargé de contourner les sanctions pétrolières via la signature de contrats avec des compagnies offshore basées à Dubaï. Rafsandjani a vu ses demandes comme une tentative de coup d’Etat, il a également fait entrer ses lieutenants et son frère dans le Conseil pour constituer une majorité de blocage contre Larijani.

Parallèlement à cette mesure interne pour calmer ses adversaires, Rafsandjani a inventé un courant réformateur et modéré pour dialoguer avec Washington afin d’apaiser son adversaire extérieur. Il a placé ce dossier entre les mains d’un ex-responsable des cellules terroristes du régime, Mohammad Khatami ! Les nouveaux membres du Conseil de Discernement ont apprécié ce choix et la ruse de Rafsandjani et ont laissé le pestiféré mener les affaires de l’Etat sans s’occuper des accusations qui allaient aggraver la situation économique du pays.

1997 est une date importante pour le Conseil de Discernement : les exclus ont intégré le système et la base a réalisé que les puissants pouvaient s’arranger entre eux dans le sens de leurs intérêts sans prendre en compte l’intérêt général.

Mais en 1999, Washington a perdu patience, il a intensifié ses pressions en parlant de la menace balistique et nucléaire du régime pour imposer des sanctions plus fortes. Il ne visait plus un homme mais tout le régime. Il est devenu clair que l’élimination de Rafsandjani n’aurait pas changé la donne. Il fallait organiser la défense : Rafsandjani qui avait autrefois négocié avec les Français en recourant à la menace terroriste a renouvelé le schéma en continuant ses négociations sans fin pour empêcher l’adoption de nouvelles sanctions tout en introduisant la menace de provoquer une nouvelle guerre au Liban ou une guerre pétrolière dans le but de contraindre les Américains à abandonner la partie. Larijani l’a aidé via les médias qu’il contrôlait.

Mais malgré le soutien de ses collaborateurs et même de ses adversaires unis dans l’adversité pour préserver leurs privilèges, la politique de Rafsandjani n’est pas parvenue à ses fins. Elle a même embarqué le régime dans un jeu d’apaisement contraire à la nécessité d’éviter tout dialogue. Par ailleurs, Washington était sur le point d’introduire le dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité pour légitimer ses sanctions. Le régime devait changer de politique.

En 2005, Rafsandjani a opéré ce changement en douceur en changeant les exécutants par le jeu électoral : le provocateur Ahmadinejad (ex-membre de ses services secrets lors de la guerre Iran-Irak) a remplacé son autre pantin, le soi-disant modéré Khatami.

Il fallait aussi durcir le ton dans les négociations : le « négociateur modéré » Rohani, membre du Conseil de Discernement, devait partir et céder sa place à un dur. La signature des accords internationaux étant parmi les privilèges du Conseil de Discernement, il fallait un dur qui soit membre de ce cartel. La seule option était Ali Larijani.

C’est ainsi qu’un rival de Rafsandjani est arrivé à un poste où il pouvait négocier directement avec les Occidentaux. Il en a profité pour entamer un dialogue direct avec les Américains pour trouver un arrangement lui garantissant le pouvoir. Mais aucun de deux dialogues n’a séduit Washington.

Fin 2006, Washington a finalement introduit le dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité. En 2007, il a commencé à adopter des sanctions bancaires. Le régime devait revoir sa politique : s’adoucir ou se durcir. Il a choisi la seconde option : Larijani a été remplacé par son adjoint Jalili qui était qualifié d’être encore plus dur et le régime a aligné les déclarations extrémistes pour provoquer une escalade afin de pousser Washington à reculer. Le régime alors mené par Rafsandjani a même annoncé la victoire des néo-conservateurs comme Larijani aux prochaines élections présidentielles pour confirmer la volonté de la caste à jouer l’unité et la fermeté face à ses adversaires quelles que soient les sanctions. Tous unis ! Le peuple ne pouvait qu’être dégoûté ! Le régime a fait le lit de la contestation actuelle.

Vers la crise actuelle | La fermeté affichée et soutenue par le clan Rafsandjani et le Clan Larijani n’a pas fonctionné selon le souhait de ces deux-là et leurs 20 complices du Conseil de Discernement : le pays a été placé sous une chape de sanctions et a été, de fait, privé d’importants revenus en devises indispensables pour importer les produits de grandes consommations dont les divers carburants nécessaires pour les transports et surtout pour la production électrique. Le pays a manqué d’électricité : l’économie iranienne en a pâti, des emplois ont été perdu, mais les membres du Conseil de Discernement n’ont pas changé de ligne, ils ont baissé le pouvoir d’achat pour limiter leurs difficultés avant d’intensifier leurs provocations pour faire craquer Washington, mais sans y parvenir.

Les gens de la base du régime (les Pasdaran, le clergé et les Bazaris) écrasés par le plan de rigueur ont compris que la caste au pouvoir allait les sacrifier pour sauver ses privilèges. Ils ont compris que la seule solution était de renverser le régime en boycottant les manifestations officielles.

Le coup d’Etat manqué de Larijani | En 2008, dans ce contexte de mécontentement général, un attaché parlementaire a publié une lettre détaillée sur les larcins des membres du Conseil de Discernement. Larijani n’y était pas, on y voyait que les noms des alliés de Rafsandjani. Le coup était vraisemblablement l’œuvre de Larijani. Ce dernier cherchait à pousser le peuple à exiger le départ des voleurs désignés afin de faire sauter la ceinture de sécurité de son rival et ainsi pouvoir prendre le contrôle du Conseil de Discernement donc du pays tout entier.

Les Pasdaran n’ont pas sauté sur l’occasion pour tenter l’aventure avec Larijani, montrant qu’ils ne cautionnaient pas cette option. Larijani a fait nommer son ami Kordan au ministère de l’intérieur pour forcer les Pasdaran à le suivre. Ces derniers n’ont pas bougé. En revanche, Rafsandjani a contré la seconde tentative de Larijani en discréditant Kordan par un de ses pions, Mohsen Tavakkoli, le cousin germain de Larijani ! Kordan a été destitué et Larijani est entré au purgatoire politique sans être exclu du Conseil de Discernement.

L’attitude des Pasdaran et d’autres groupes comme le clergé et les Bazaris à ne pas suivre ou aider Ali Larijani, le fils d’un des premiers compagnons de Khomeiny, a convaincu Rafsandjani que tous ces gens étaient en fait hostiles au régime. Lui et ses amis du Conseil étaient isolés et donc en danger face à un éventuel soulèvement. Rafsandjani devait changer de cap pour contrer la chute. La solution choisie par le patron du régime a été de simuler une révolution de couleur (verte) en faveur d’un membre historique du Conseil, Moussavi, pour amener Washington à plébisciter un partisan de refus de tout compromis afin de se retrouver dans l’obligation d’abandonner ses sanctions. Le régime allait aussi placer ses amis à la tête de la contestation pour éviter une révolution.

Cette incroyable opération nécessitait la présence du peuple : les Pasdaran, le clergé et les Bazaris ont boycotté ce plan désespéré qui devait donner carte blanche aux dirigeants pour continuer leur refus de tout compromis au détriment de l’intérêt du pays. Le peuple est également resté à l’écart. Mais il a finalement bougé après un appel lancé par Reza Pahlavi pour profiter de l’occasion et contester le régime en criant « Mort à la République Islamique ».

Les Pasdaran ne sont pas intervenus, le 20 juin 2009, le régime a vacillé, mais il n’est pas tombé car Washington qui a besoin d’un régime islamiste dirigé par ses pions pour agiter l’Asie Centrale n’a pas soutenu le peuple. L’Europe a aussi tourné le dos aux Iraniens pour préserver ses contrats. En l’absence d’un soutien international, Rafsandjani a pu réparer son erreur en matant le soulèvement avec l’aide de ses amis des services secrets.

Malgré le fait d’avoir rétabli l’ordre, Rafsandjani était sur la sellette. Pour ne pas sauter et continuer son plan suicidaire, il a admis le frère cadet d’Ali Larijani, Sadegh Larijani au Conseil de Discernement et il lui a même offert le pouvoir judiciaire, un poste essentiel pour régler des comptes (il devait être désespéré). Puis il a recommencé à provoquer Washington ou à agiter Moussavi pour piéger Washington. Ce qui a intensifié la dissidence interne au sein du clergé, des Pasdaran et les Bazaris.

Après un an d’échecs de ce genre, le 20 juin 2010, à l’anniversaire de la journée la plus agitée de l’été 2009, Rafsandjani n’a pas participé à une rencontre officielle, il a été remplacé non pas par Rezaï le n°2 du Conseil, mais par Ali Larijani. Le patron historique du régime venait d’être en quelque sorte limogé par ses pairs. Il n’a cependant pas été éliminé du Conseil pour ne pas révéler l’existence d’une crise capable de provoquer sa mise à l’écart. Mais il a perdu son influence et beaucoup de ses alliés (Khamenei ou encore son cousin traître, Tavakkoli) ont retourné leur veste pour rejoindre le camp d’Ali Larijani, le nouveau patron qui ne pouvait pas faire pire que l’autre.

Après la mise à l’écart de Rafsandjani et l’arrivée de Larijani, le régime devait changer de cap pour récupérer ses Pasdaran et ses Bazaris. Les Larijani Brothers ont arrêté la provocation directe et ont choisi les provocations douces ou indirectes. Ce changement superficiel n’a pas calmé la dissidence. Les Pasdaran ont boycotté la journée de Qods, la prise de l’ambassade américaine (appelée la seconde révolution islamique) et enfin en novembre 2010, la Journée de Bassidj.

En réponse, en décembre 2010, Larijani a annoncé un possible changement de ligne à travers la nomination provisoire de Salehi, un « modéré » du clan Rafsandjani, au ministère des Affaires étrangères.

L’arrivée de Salehi était une ruse car le régime continuait la politique de provocation. La dissidence s’est intensifiée : les Pasdaran ont rompu plus radicalement avec le régime en boycottant à l’unanimité la célébration de la révolution islamique, puis en laissant le peuple manifester le 15 mars, la date anniversaire de Reza Shah, l’initiateur de la laïcité en Iran.

La rupture des Pasdaran avec le système islamique avait paniqué les derniers partisans du régime : ils s’étaient mis à vendre leurs actions pour acheter de l’or afin de préparer leur fuite. Le processus s’est répété après chaque boycott. Le régime était confronté à la menace d’un effondrement. Les frères Larijani qui assurent la direction du régime ont d’abord menacé les acheteurs paniqués avant de diriger la menace vers les Pasdaran. Mais les Larijani ne sont pas parvenus à calmer la crise. Ils ont enfin diabolisé les Pasdaran avec une rumeur d’un coup d’Etat en faveur d’Ahmadinejad pour empêcher leur rapprochement avec le peuple. Puis ils ont changé de position pour affirmer le soutien des Pasdaran pour se montrer fort. Bref, ils n’ont pas été capables d’apporter une réponse claire, forte et efficace à la dissidence désormais généralisée et à sa conséquence : la panique de leurs derniers alliés qui provoque une grande instabilité interne.

La crise actuelle | Les Larijani devait changer de cap ou sauter comme Rafsandjani. Ce besoin de changement (souhaité par les Larijani, mais aussi par leurs rivaux dont Rafsandjani) coïncide avec le show médiatique pour virer un ministre, le président et plusieurs adjoints. Le changement risque d’être radical ! C’est à l’image des difficultés du régime pleinement contesté par tout le monde. Cependant, les pions sortants étant de tous les bords, il est difficile de se prononcer sur le nouveau cap. Mais trois détails de cette destitution et plusieurs faits graves survenus hier permettent de peaufiner l’analyse et écarter les ambiguïtés.

Le premier détail est que la campagne médiatique annonçant le virage a été déclenchée un an après l’arrivée de Larijani, c’est-à-dire à l’heure du bilan pour ce dernier qui se voyait comme le sauveur du régime. Il peut donc s’agir d’un changement pour éviter la chute, mais aussi une campagne menée par Rafsandjani pour reprendre le pouvoir.

Le second détail qui complète le premier est que les sortants sont tous des éléments liés à Rafsandjani notamment le provocateur et bouc émissaire Ahmadinejad, la pièce maîtresse pour la politique d’amplification de crise ou pour la promotion de Moussavi comme un idéal. L’éjection d’Ahmadinejad signe la mort définitive des deux options politiques préconisées par Rafsandjani.

En conséquence, on peut exclure la possibilité d’une campagne montée par Rafsandjani pour orchestrer son come-back. Nous sommes même face à un revirement décidé par les frères Larijani pour assurer leur survie aux dépens de Rafsandjani.

Deux faits graves confirment cette hypothèse : le bureau de Rafsandjani au Conseil de Discernement a brûlé hier et l’ex-patron du régime a perdu tous ses dossiers sur tout le monde. Le pouvoir judicaire s’est montré indifférent vis-à-vis de cet acte criminel. Le représentant de Jannati au ministère de pétrole a été descendu par un tueur alors qu’il se promenait à Bagdad ! Rafsandjani a riposté en envoyant son pantin Ahmadinejad parler de la bombe nucléaire. Une bataille s’annonce. Elle nuira au régime.

Le troisième détail intéressant dans la crise apparente axée sur les ministres est l’utilisation de la rumeur du coup d’Etat des Pasdaran pour écarter les boucs émissaires visés : le régime cherche à accuser au passage les Pasdaran en rupture qui fragilise son pouvoir. Cela annonce également des purges. Les nouveaux patrons (intérimaires du régime) remplacent les stratégies terroristes et inefficaces préconisées par Rafsandjani depuis 30 ans par de la terreur intérieure. C’est l’aveu d’un manque de solutions. C’est tragique pour un organe disposant des pleins pouvoirs et dédié au discernement de l’intérêt du régime !

Ceci explique la durée des débats sur la destitution des pantins de Rafsandjani : les membres du Conseil de Discernement hésitent. Ils ne savent que faire (suivre ou ne pas suivre les frères Larijani, ces émules novices de Rafsandjani qui ont aggravé les erreurs commises de ce dernier). Le régime est paralysé.

Selon Lénine, « quand le bas n’en veut plus et le haut n’en peut plus, on va vers une révolution ». Les conditions semblent réunies avec cette grande crise au sommet de l’Etat au sein du cartel censé monopoliser les pleins pouvoirs.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
article complémentaire :
- Iran-Rafsandjani : l’Etat se fissure.
- (9 MARS 2011)

| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ali Larijani |

| Mots Clefs | Resistance : Boycott (du régime ou du Mouvement Vert) |

| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie médiatico-Islamique |