Accueil > Photos > Iran : La semaine en images n°154



Iran : La semaine en images n°154
30.01.2011

Le régime des mollahs va mal car en refusant catégoriquement tout compromis quelles que soient les sanctions, il a peu à peu perdu le soutien de ses propres partisans notamment ses miliciens malmenés par ces sanctions. Cette rupture est devenue visible à l’occasion des grandes manifestations que le régime devait organiser sans y parvenir.

Sans sa base traditionnelle, le régime repose aujourd’hui d’une part, sur ses cadres dirigeants et des gens des services secrets qui ont un passé trop lourd pour cautionner un changement et d’autre part, sur les officiers de l’armée qui sont tenus de rester à ses côtés pour défendre le pays. Leur nombre n’est cependant pas suffisant pour simuler un front capable de contenir le peuple. C’est pourquoi depuis des mois, le régime tente d’intimider le peuple avec des annonces de pendaisons ou encore de le duper avec des annonces de grands rassemblements lors des diverses manifestations prévues à son calendrier.

Cette semaine, à une vingtaine de jours du 32e anniversaire de la révolution, une manifestation qui peut devenir la vitrine de l’isolement du régime, on a assisté à une intensification de cette propagande et des annonces de pendaisons. Voici les images d’une semaine placée sous le signe de la terreur.



En Iran, la terreur est partout car le régime est lui-même terrorisé : il a peu de fidèles et ces derniers sont sollicités par l’envie de le laisser tomber afin de sauver leurs têtes. Cette envie se manifeste quand ces gens assistent à une nouvelle baisse du nombre de leurs collègues présents dans les rassemblements officiels.

Ainsi dernièrement, à l’occasion de la journée d’hommage à la milice anti-émeutes du Bassidj, le régime devait faire défiler les 110,000 miliciens qu’il est censé avoir à Téhéran. Il avait annoncé ce défilé pour intimider le peuple, mais à la dernière minute, il avait prétexté l’existence d’une pollution mortelle à Téhéran pour annuler le défilé et annoncer le rassemblement de ces 110,000 miliciens loin de Téhéran. Il avait évidemment diffusé des images pour attester la tenue d’un rassemblement de 110,000 miliciens anti-émeutes, mais on n’y voyait surtout un rassemblement de quelques milliers de personnes agées (retraités devenus des manifestants professionnels), c’est-à-dire la preuve du boycott du régime par ses miliciens.

Au lendemain de cette journée néfaste, un savant nucléaire iranien, le professeur Shahriari, qui travaillait sans la surveillance des Pasdaran en Jordanie et qui était de ce fait capable à tout moment de prendre le large, a été tué à bord de son véhicule en présence des gardes fournis par le régime. Nous avions noté que l’épave de son véhicule n’était pas ensanglantée. Nous avions alors parlé d’un avertissement à ceux qui seraient tentés de laisser tomber le régime. Un an auparavant, le régime avait tué un autre collègue de cet homme, un certain Ali-Mohammadi dans un attentat à la bombe devant son propre domicile alors que la situation politique était instable.

Dans le cas de ce premier mort, nous avions trouvé des détails faisant état d’une mise en scène évoquant un assassinat ailleurs que sur le site annoncé. Dans le cas du savant tué plus récemment, nous avons découvert que la photo présentée à la presse n’était pas la sienne. Le régime l’avait pour ainsi dire effacée pour lui attribuer une nouvelle famille composée de ses agents.

Cette semaine, alors que la situation du régime est très précaire, on n’a pas assisté à un autre assassinat louche, mais à un rappel de ces deux assassinats étranges grâce à une visite ultra médiatisée du Guide Suprême aux familles des deux hommes au 1er jour de la semaine, le samedi 22 janvier.

Ces images intitulées « visites aux familles des martyrs » sont très étranges car on ne voit aucune photo des deux victimes ou encore des photos de famille dans les domiciles des deux hommes, mais uniquement des posters officiels des victimes édités par le régime. Les épouses qui sont très souriantes sont plus âgées qu’elles devraient être par rapport à l’âge annoncé des victimes. Les enfants qui ressemblent aux photos officielles de leurs pères ont l’air figés. Il n’y a aucune larme, aucune émotion entre les gens présents. On dirait des figurants dans un mauvais décor. Tout est si artificiel dans ce rappel de la capacité du régime à éliminer les candidats à l’exil. Vous pouvez cliquer puis zoomer sur les images pour les agrandir une ou deux fois.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 645.1 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 606.1 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 490.2 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 402.5 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Dimanche : un second avertissement | Ce même jour, un des plus importants passages du Bazar de Téhéran a pris feu comme cela avait été le cas par le passé chaque fois que le régime était certain que les Bazaris allaient contester son autorité ou entamer une grève.

Le régime a déclaré que l’incendie avait diffusé des particules très polluantes dans l’air afin de relancer la théorie de pollution qui est censée maintenir les Iraniens à domicile les jours où le régime se sent faible. Il n’existe aucune image de cet incendie.

Intimidation acte 3 : Lundi, des pendaisons à gogo | Après avoir rappelé ces deux assassinats très louches pour intimider les siens, le régime a provoqué la stupeur chez le peuple avec une pendaison publique suivie de plusieurs annonces évoquant plus de 20 pendaisons jusqu’à jeudi, dernier jour de la semaine. Comme la fois précédente, cette pendaison publique a eu lieu en présence des miliciens fidèles au régime avant l’aube afin d’éviter une colère spontanée de la population.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 177.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 153.8 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 255 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 221.9 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 156 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 36.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 62 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 62.5 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 72.7 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Intimidation acte 4 : Lundi encore, le soutien de la province à Ahmadinejad | On connaît les images manipulées du régime pour évoquer une forte présence populaire lors des voyages du Guide et d’Ahmadinejad dans les régions iraniennes. Le régime s’en sert pour duper le peuple. Cette semaine, on a eu une nouvelle version maximaliste de cette propagande avec la visite d’Ahmadinejad à Rasht, une ville du nord qui compte le nombre le plus élevé de consultation de sites d’opposition anti-régime via le net. Les images de ce rassemblement sont sont truquées, mais elles ont un autre défaut : elles ne peuvent pas avoir été prises ce 25 janvier car on y voit un ciel bleu alors que selon la météo, le temps était gris et brumeux.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 164.7 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 405.2 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

PNG - 119.9 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Mardi, un boycott important| On peut dire que le régime a fait un super forcing en terme de propagande et d’autorité car il s’attendait à un boycott massif de la journée (religieuse) d’« Arba’eyn » qui devait avoir lieu ce mardi. Ces annonces de soutien de la province et les annonces de pendaisons n’ont pas réussi à redresser la barre : la mobilisation autour de cette journée organisée par le régime a été la plus faible de ces dernières semaines.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 119.8 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 59.6 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cette absence de mobilisation a poussé le régime à programmer l’enterrement des restes d’un soldat inconnu dans la région où la veille Ahmadinejad avait « mobilisé les foules » : il espérait un rassemblement pour sauver la mise, mais la mobilisation a été très faible. Il a cependant tenté de le récupérer en déployant des drapeaux religieux.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 148.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
L’absence de mobilisation a été encore plus forte dans les villes saintes : il n’existe aucune image de cette journée à Qom. A Machad, le régime a distribué de bons petits plats sucrés (du Halim ou encore du Sholeh Zard) : les gens les ont mangé sans rester pour former un cortège.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 118.5 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 110.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Mardi, un imprévu de taille | Ce même mardi religieux, tard dans la soirée, un de ces camions chinois très bon marché importé par le régime et utilisé pour les transports de la compagnie automobile Iran Khodro a échappé au contrôle de son conducteur en raison d’une rupture des freins. Ce modèle de camion qui est à l’origine d’un grand nombre de morts a alors foncé dans un groupe d’ouvriers qui faisaient route à pied vers l’usine : 8 hommes sont été tués (l’un d’eux a même été décapité) et une quarantaine ont été gravement blessées.

L’usine toute entière s’est enflammée. Des ouvriers qui sont actuellement sous pression en raison du plan de rigueur anti-sanction du régime ont occupé l’usine et ont commencé à scander mort à la république islamique !

ce même mardi, Panique à bord et 1ère gestion de la crise . Les derniers partisans du régime issus des services de renseignements ont envoyé un mouchard à l’intérieur pour désamorcer la crise : cet homme a filmé les manifestants en ajoutant pardessus leurs cris de « Mort à … (quelque chose d’inaudible) », ses propres « Allah Akbar » ou encore des « Ô Hossein » pour inscrire cette agitation dans un contexte non hostile au régime ou encore pour l’associer à Moussavi, le faux opposant interne !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
<br /


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Mercredi : gestion de la crise, suite | On n’a guère entendu de message de soutien du faux opposant Moussavi à ces ouvriers car le but était de clore l’affaire et non de parler du mécontentement.

Finalement, les ouvriers qui craignent la perte de leur emploi ont abandonné le terrain. Le régime a alors produit ces autres images où un contremaître parle de l’accident provoqué par un camion de la marque Mercedes Benz faisant 4 morts et très peu de blessés !
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


Ce second film est très étrange. On voit un camion d’un modèle très ancien, manifestement repeint récemment, dont le pare-choc est enfoncé à sa droite. Le phare est ressorti et pend. Mais la voiture devant lui n’a rien. En revanche, une voiture isolée est gravement endommagée à l’arrière. Si le Mercédès en était responsable, il aurait plus de dégâts et la peinture porterai les marques de la voiture grise. L’accident ne semble pas avoir été provoqué par ce camion...
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cette agitation ouvrière qui aurait pu dégénérer avec le niveau de troupes dont dispose le régime a certes été maîtrisée, mais elle a marqué les esprits. Pour éviter que l’on en parle, ce même jour, parallèlement à la diffusion de la seconde vidéo minimisant l’incident, le régime a tenté une diversion médiatique en publiant enfin des images des victimes du dernier incident aérien survenu à Tabriz, images qu’il avait censurées après les rumeurs évoquant le fait qu’il avait lui-même organisé l’incident pour accuser les sanctions américaines. Les images sont violentes. Les médias sont le dernier rempart de ce régime.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 94.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 138.2 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 103.6 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 72.8 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 94.7 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 103.5 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Jeudi : des complications | On se souvient que le régime avait à l’époque diffusé les images les plus aseptisées de l’incident pour éviter toute agitation sociale d’autant plus que les utilisateurs d’avions sont généralement issus du Bazar qui est devenu un foyer d’hostilité. De fait, en faisant appel à une diversion lourde de conséquences pour faire oublier l’usine en révolte, le régime prenait un risque important en provoquant les Bazaris.

Pour preuve, au lendemain de cette diffusion, le jeudi 27 janvier, un important passage du Bazar de Tabriz a été victime d’un incendie : un avertissement invitant les Bazaris à rester calmes.

Généralement, après les incendies de ce genre, le régime parle de la vétusté des équipements, mais ce passage était très moderne comme on peut le voit sur les images publiées par le régime.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 42.3 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 52.7 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 92.8 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Ce même jeudi, le régime a changé le commandant de la base Khatem ol Anbia qui est chargée de la défense aérienne du pays. Exit, le colonel Mighani (à gauche) qui était issu de l’armée de l’air : il a été remplacé par un certain Farzad Esmaeli, qui est plus jeune, issu des Pasdaran et qui selon le régime, est « doté d’une mentalité Hezbollahi ». C’est là peut-être le signe d’un problème au sein du cercle des derniers fidèles…
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 95.9 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 125.6 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
récapitulatif | Mise à part cette fracture qui reste à confirmer, la semaine a été globalement marquée par des opérations d’intimidation : en premier lieu, le régime a mis en garde ses partisans, puis il a effrayé les Bazaris et enfin le peuple. Il a ainsi établi une hiérarchie de sa propre terreur : d’abord, la peur est d’être lâché par ses derniers gardiens, puis la peur est l’agitation sociale.

Puis advint l’agitation à l’usine d’Iran Khodro, il est alors passé d’un état préalable à une crise à une vraie crise. Il a alors mis en avant uniquement des pendaisons avec une approche créative. Il a annoncé explicitement l’exécution de plusieurs opposants ! Il s’agissait de deux sympathisants des Moudjahiddines (ci-dessous) et d’un kurde du Komoleh, c’est-à-dire des gens proches de mouvements financés par Washington pour balkaniser le pays afin de donner une nuance dangereuse à un changement de régime, autrement dit pour dissuader le peuple de s’engager dans un changement de régime.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 11.5 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
L’exécution du militant séparatiste kurde aurait provoqué des tensions dans l’Ouest du pays... Au début de la semaine en cours, le régime a encore changé d’approche en annonçant l’exécution de l’opposante patriote et monarchiste Zahra Bahrami (ci-dessous) sous la qualification de trafiquante de drogue. Il est retourné à une approche traditionaliste de ses exécutions. Visiblement, le régime est sous pression et ne sait pas comment gérer la situation. Tout cela est bien triste pour les Iraniens et les familles des victimes, quel que soit leur bord.