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Iran : La carapace imaginaire
24.07.2010

En réponse à l’adoption de nouvelles sanctions européennes, Téhéran a tenté de donner le change en fixant ses conditions pour vendre son pétrole aux Européens ou en annonçant des contacts prometteurs avec des non Européens pour la signature de nouveaux contrats mirobolants. Ces annonces ne sont pas le produit de l’imagination des mollahs, mais le résultat des problèmes économiques très réels qui perturbent actuellement le régime. Cette semaine, le choix de Téhéran s’est porté sur l’élimination d’euro et un énorme contrat gazier avec la Turquie.



Depuis le début de la semaine, Téhéran a fait état de son refus d’accepter l’euro ou le dollar au nom de ses intérêts supérieurs, ce qui dans le langage des mollahs veut dire : aucune vente aux Européens ou les alliés des Etats-Unis qui le sanctionnent.

Nous avons là une version réactualisée de représailles pétrolières alors que le principal problème du régime n’est pas de punir ses interlocuteurs occidentaux, mais de trouver des acheteurs pour ses barils ! Il convient de préciser qu’au cours de son existence, le régime des mollahs a essentiellement vendu des droits d’exploitation à des compagnies étrangères et de ce fait tous les barils produits en Iran ne lui appartiennent pas, seul un tiers de la production normalement réservé à la consommation intérieure lui appartient. C’est ce qu’il tente désespérément de vendre en l’absence de nouveaux investissements en dollar du fait des sanctions américaines depuis 1996.

Le choix du dirham en remplacement de l’euro n’est donc pas un acte de vengeance sereine des mollahs, mais un effet obligatoire de leur difficulté à trouver des clients prêts à leurs donner des dollars (ou des euros).

Grâce à ce non-choix, le régime s’apprête à stocker des devises indésirables dont les cours sont facilement influençables par les Etats étrangers qu’il voudrait punir ! Le régime fait le fier, mais cela annonce de grandes difficultés économiques supplémentaires qui vont rendre plus difficiles le défi de l’approvisionnement intérieur notamment l’achat d’essence.

Téhéran a clôturé cette semaine de représailles anti-européennes par l’annonce de la signature d’un contrat gazier de près d’1 milliard d’euros avec la Turquie, un Etat non-européen. Cette punition anti-européenne est de la pure désinformation car la somme d’1 milliard d’euros ne sera pas versée aux mollahs : c’est le coût d’un gazoduc que ces derniers devront construire et financer en collaboration avec les Turcs. Non seulement, les mollahs ne gagnent rien, mais encore ils devront payer près de 200 millions d’euros dans l’année avant de rembourser les 700 millions d’euros investis par les Turcs en leur fournissant du gaz bon marché pour une durée indéterminée. Par ailleurs, selon certaines rumeurs, ce contrat en sens unique pour les Turcs aurait été signé après la décision turque de bloquer le 15 juillet à Istanbul un cargo d’essence destiné aux mollahs.

Téhéran va mal… par la faute des sanctions existantes et non par la faute de celles qui n’ont pas encore été adoptées. Pour cacher sa vulnérabilité à ses adversaires ou à ses alliés intérieurs, il déguise ses défaites en choix. Il s’invente une carapace imaginaire... C’est bien plus dangereux que les sanctions elles-mêmes.


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Pour en savoir + :
- Iran : Le régime a un sérieux problème de financement
- (14 janvier 2010)

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Instituions : Economie iranienne |