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Iran : 5 pendaisons pragmatiques
11.05.2010

Il y a régulièrement des personnes arrêtées en Iran. Mais il y a parmi eux des gens du régime que les mollahs veulent faire passer pour des opposants. Ils font généralement un petit séjour sur-médiatisé en prison avant d’être libérés pour aller aux Etats-Unis ou en Europe promouvoir le dialogue avec les mollahs. La fabrication de ces opposants est fondée sur la médiatisation de leur détention et elle est confiée à des défenseurs iraniens des droits de l’homme comme le très suspect HRA. Pour être efficace, ce système a aussi besoin de vrais prisonniers qui peuvent vraiment être pendus. Puisque le régime est dans le registre pragmatique, il choisit ces derniers parmi les groupes qui lui posent des problèmes : en les tuant il peut au passage intimider durablement les forces qui lui semblent capables de se mobiliser contre sa sécurité. Hier le régime a pendu 5 de ceux-là : un monarchiste nommé Mehdi Eslamian et 4 kurdes : Farzad Kamangar, Ali Heydarian, Farhad Vakili, Shirin Alamhouli.



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Les 5 pendus hier étaient en prison depuis 2 à 3 ans. Cependant, on ne sait rien de ces 5 personnes, en dehors des informations que les faux défenseurs des droits de l’homme ont bien voulu diffuser sur eux au cours des années passées pour en faire des victimes de choix. C’est terrible à dire, mais ces 5 personnes ne sont pas mortes pour ce qu’elles avaient fait ou pas, mais pour ce qu’elles étaient devenues dans l’inconscient collectif (c’est-à-dire des victimes d’un système impitoyable). Hier, le régime a crevé 5 parcelles de notre conscience.

Ce qui est encore plus terrible est qu’il n’a pas crevé notre coeur pour intimider une région où les gens ont l’habitude de se battre ou encore intimider la jeunesse, aujourd’hui favorable à la monarchie. Ces raisons sont plus pragmatiques.

Ces derniers mois ont été marqués par des pendaisons politiques de Kurdes ou de monarchistes. Elles ont toutes eu lieu 1 mois avant un appel au rassemblement du Mouvement Vert, la fausse opposition interne qui n’arrive pas à mobiliser les Iraniens. Toutes ces pendaisons ont été suivies d’un soutien officiel des médias Verts afin de mobiliser les Iraniens meurtris pour le rassemblement à venir. Cette fois, le régime a tué avec une froideur méthodique à un mois de l’anniversaire du Mouvement Vert (officiel) le 13 juin prochain. Et comme pour les précédentes pendaisons, la machine médiatique des Verts a été immédiatement mise en branle avec la publication de lettres posthumes non authentifiables de pendus, la diffusion de messages d’amis inconnus des victimes et évidemment des appels au rassemblement.

Ce mouvement Vert n’ayant pas de partisan en Iran, toujours dans le registre pragmatique, le régime a remplacé l’absence de partisans par des actions trompe-l’œil en Occident. Le jour même de ces pendaisons crève-cœur, des gens portant l’insigne islamique du Vert ont manifesté sur la voie publique pour faire croire que la seule voie pour l’Iran est le Mouvement Vert. Ces employés du régime n’ont évidemment pas scandé les noms des 5 malheureux. Ils sont restés dans le registre pragmatique de slogans comme Mort à Khamenei, le guide (du régime) déjà malade, dont la disparition ne met en aucun cas en péril l’intégrité du régime.

La version française de cette mise en scène cynique et formatée a eu lieu avec l’aide de l’Etat français à Paris sur la Place du Trocadéro où normalement on ne peut se réunir sans autorisation faute de quoi, on est vite dispersé sans ménagement et même avec une certaine brutalité. Là, il n’y a pas eu non seulement d’intervention policière, mais encore les forces de l’ordre ont laissé les simulateurs marcher sur l’ambassade des mollahs avenue d’Iéna. Sur place, les simulateurs verts ont pu approcher les murs de l’ambassade ce qui normalement est très difficile. Ce lieu normalement très bien gardé n’avait plus de protection afin de laisser se dérouler le spectacle qui plait au régime.

Pour avoir organisé des manifestations sur ce site, nous pouvons vous affirmer que normalement, aucun manifestant ne peut s’approcher à moins de 50 mètres des murs de l’ambassade et tout contrevenant termine au poste quel que soit son âge. Là, pour cette mise en scène en faveur de la fausse opposition interne, la police française a laissé les simulateurs s’approcher et même casser les caméras ou encore taguer les murs (et une voiture !), actes qui sont interdits en dehors de toute considération politique.
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Toujours sur la base de notre expérience avec l’ambassade, on peut affirmer que ce lieu contient un certain nombre de nervis et de gros bras prêts à intervenir dans ce cas de figure : aucun n’est sorti de l’ambassade. Les simulateurs ont pu se donner en spectacle et tourner les vidéos destinées à duper l’opinion occidentale avant que n’interviennent les CRS pour « faire des interpellations suite à un rassemblement sans autorisation préfectorale ! »

Ce dimanche, tout a été si parfait : pour signifier la présence des manifestants et des CRS, ces derniers ont laissé ces drôles d’opposants filmer leurs camarades soi-disant arrêtés en train de poser dans les paniers à salade ! On aurait tout vu.
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C’est bien triste car ce dimanche, la France a participé à une opération médiatique qui a été rendue possible à la suite d’une quintuple pendaison des vrais opposants à ce régime. Encore plus triste, pour donner une publicité médiatique encore plus surdimensionnée au Mouvement Vert, Bernard Valero, le porte-parole du Quai d’Orsay a exprimé lors du point de presse ses regrets suite « aux dégradations survenues à l’ambassade d’Iran à Paris lors d’un rassemblement d’opposants » avant de « rappeler que les forces de Police avaient procédé à près de 150 interpellations ! » Nous invitons Madame Valero à acheter des lunettes à Bernard car sa vue baisse. Sur la foi des images amateurs (ci-dessous) de ces manifestants professionnels, on peut voir qu’ils étaient une petite centaine.

Qu’ils aient été peu est l’un des trois points réjouissants de cette triste mise en scène. La seconde source de réjouissance est que ces simulateurs peu estimables étaient également très divisés. Tout d’abord, il y avait la petite quinzaine de jeunes Verts pro-mollahs reconnaissables à leurs foulards verts : ils sont partisans de Moussavi et veulent juste améliorer ou rajeunir l’image de la république islamique. En second lieu, dimanche devant l’ambassade, il y avait aussi des Verts pro-américains qui portent aussi du vert. Ceux-là arborent également un drapeau iranien sans insigne historique. Ce sont des islamo-fédéralistes qui veulent engager le régime dans un processus électoral plus libre afin d’y participer pour prendre le pouvoir de l’intérieur. Il y avait enfin une quarataine de vieux du groupuscule « Union des Fedaian du Peuple en exil », ex-complices révolutionnaires des Moudjahiddines du peuple, qui espèrent revenir dans les bagages de ces derniers si les Américains réussissaient. De par leur passé de révolutionnaires islamiques en 1979, ils sont à voile et à vapeur puisqu’ils font aussi la promo des faux opposants du régime. Et enfin, il y avait également des Kurdes venus pleurer les enfants du pays.

Pour résumer, le régime avait raclé les fonds de tiroir pour organiser son show sans parvenir à mobiliser sur une grande échelle. A cet échec s’ajoutaient les Kurdes venus pleurer leurs quatre pendus : ils sont l’origine du 3ème point de réjouissance car ils ont bousculé le programme des slogans formatés en criant à plusieurs reprises le très réjouissant « mort à la république islamique ! »
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Mais cet écart par rapport au scénario a vite été corrigé par Armin Arefi, un hybride qui après avoir roulé pour les mollahs roule actuellement pour les Verts pro-américains qui lui ont offert une tribune sur le site de BHL, agent de promotion des projets américains en France. Sur ses deux blogs de désinformation, Arefi a écrit des articles en Français où il a oublié de signaler ce slogan [1] entendu à plusieurs reprises dimanche, slogan que tout vrai opposant a crié quand il a lu l’annonce crève cœur de la pendaison de ces 5 jeunes compatriotes inconnus : Farzad Kamangar, Ali Heydarian, Farhad Vakili, Shirin Alamhouli et Mehdi Eslamian.
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Pour en savoir + sur :
- Iran : Les condamnés à mort du Mouvement Vert
- (6 mars 2010)

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[1Arefi a supprié le slogan anti-régime, il a aussi occulté l’existence d’un prisonnier monarchiste parmi les 5 pendus.

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Arefi et la manif du 9.05.2010