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Iran : La semaine en images n°78
16.08.2009

Cette semaine, le régime entendait relancer le Mouvement vert, cette fausse contestation scénarisée fidèle à la révolution islamique, avec des manifestations mais aussi un rassemblement autour de Rafsandjani. Ces rêves se sont heurtés à une réalité : le refus du peuple iranien d’être le complice de basses manoeuvres pour clamer l’illégitimité d’Ahmadinejad afin de rendre toutes futures négociations avec lui dépourvues de valeur.



Le Mouvement Vert n’a plus d’actualité : le régime n’arrive pas à mobiliser les foules derrière cette manœuvre utile pour son avenir. Cela ne veut pas dire que les Iraniens ne font rien : ils sont très actifs, mais pas au service de cette fausse opposition. Chaque nuit, ils montent sur les toits pour crier contre le régime. Cette semaine, il s’est même passé une chose tout à fait extraordinaire.

Slogans | Le dimanche 9 août, des médias exilés en faveur d’un renversement du régime ont affirmé que depuis le soulèvement du 15 juin, le régime avait mis en place un plan de gestion des slogans qui incluait les cris nocturnes d’« Allah Akbar », une manière de limiter les dégâts provoqués par la diffusion via YouTube d’images de soulèvements qui lui échappaient. Ces médias ont alerté les Iraniens qu’en continuant dans cette direction de récup imaginée par le régime, ils étaient en train d’enterrer leur révolte en la plaçant sous la bannière verte.

Les Iraniens ont été sensibles à ces propos et le soir même, ils ont changé de slogans pour crier « Mort à la République Islamique ». Cet enregistrement sonore réalisé le 9 août à Téhéran révèle une joute entre les crieurs anonymes hostiles au régime et des miliciennes ou des miliciens équipés de haut-parleurs qui continuaient à crier Allah Akbar.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG


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Le Lundi 10 (enregistrement ci-dessous), le régime a reculé d’un pas puisque pour contrer la déferlante des cris de « Mort à la République Islamique », il a demandé à ses agents de crier « Mort à ce gouvernement démagogue ». Le 10 août, le régime a réalisé qu’il n’avait plus de base à Téhéran, plus aucune capacité de mobilisation. C’est peut-être un signe, c’est le 10 août que le puissant Rafsandjani a renoncé à son discours à la prière de vendredi, événement qui avait pour ambition de rassembler une foule conséquente à Téhéran.
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Le mardi 11 août (enregistrement ci-dessus), Téhéran était habité par les mêmes slogans hostiles au régime. Cette activité nocturne est certes peu dangereuse pour le régime, mais elle donne la mesure de la rupture avec le pouvoir. Elle donne la mesure d’une rupture avec les soi-disant modérés du Mouvement Vert car au même moment le régime jugeait ces personnages pour en faire des héros et il n’y eut ni manifestation en leur faveur et ni slogans nocturnes. Désormais, pour contrer la rupture consommée avec le peuple, le régime n’a pas d’autre moyen que de modérer la diffusion des enregistrements sonores des quartiers populaires ou pauvres de Téhéran.

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L’actualité en images nous donne des preuves visuelles de la principale raison de cette rupture : une très grande pauvreté. Cette semaine, une collaboratrice du site nous a signalé un article d’Alain Gresh du Monde diplo qui s’est autoproclamé spécialiste de l’Iran suite à sa lecture des chiffres transmis par le régime ou peut-être aussi d’un voyage en Iran.

Les lessiveuses lettrées | Sous le titre de « L’Iran tel que nous ne le connaissons pas », Gresh écrit en juin 2009 : « Sans revenir sur tout ce que les femmes iraniennes ont gagné depuis 1979 – notamment l’éradication de l’analphabétisme –, ni sur les progrès faits dans le domaine de la lutte contre la pauvreté ou de l’accès à l’eau et à l’électricité… »

Pour ce qui est de l’éradication de l’analphabétisme, le régime lui-même n’est pas si affirmatif, mais pour ce qui est de l’accès à l’eau, des images prises cette semaine nous en donnent le détail. (cliquez sur les images pour les agrandir)

Eaux | La première série montre l’accès à l’eau dans la région de Kohkilouyeh : où l’eau courante n’existe plus. La cause est que le régime des mollahs détourne les cours d’eau pour alimenter les régions arides où il a construit des usines pour avoir accès à la main d’œuvre la plus cheap possible. La seconde série montre les enfants de la ville de Karaj (environ de Téhéran) en train de patauger dans des mares d’eaux usées à ciel ouvert, un fléau créé par ce régime.
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Trou | Ces eaux usées proviennent des usines, mais aussi des complexes d’habitation car le dada des mollahs est l’immobilier. On construit sans cesse pour vendre des appartements car chacun sait que la seule source durable de revenus est d’avoir un local à louer. Tout le monde rêve de se constituer un patrimoine immobilier pour se mettre à l’abri de la pauvreté dans ce pays où le chômage dépasse les 45%. Mais actuellement, le marché est morose en raison des faillites en chaîne et des licenciements qui rendent impossible la location. Pour relancer ce marché, le régime a un secret : construire des équipements (routes, universités…). Il en résulte que l’Iran possède une université internationale par ville de 30,000 habitants dont le diplôme ne vaut rien, car même les meilleures universités iraniennes ne sont pas classées dans les meilleurs 10,000 universités du monde. Un autre équipement pour relancer l’immobilier dans un secteur est la construction de routes, de bretelles ou encore de tunnels. On construit vite et mal.

L’événement urbain de la semaine à Téhéran a été l’effondrement du futur super tunnel souterrain qui fait la fierté du régime ! L’incident a provoqué un énorme cratère en surface. Après avoir reconnu l’effondrement du tunnel, le régime a changé de version pour parler d’un affaissement indépendant du tunnel et lié à l’existence d’un puits d’eau non bouché, un changement de discours pour éviter un autre effondrement : celui des prix du terrain dans ce coin désolé de Téhéran. Du coup, on a vite rebouché grâce aux techniques de bourrage et d’asphaltage nickel sans donner de détails sur le nombre des victimes.
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Il y a d’autres fléaux qui n’ont pas d’images : cette semaine le prix du pain complet a été multiplié par 10, et ceux des fruits et de la viande ont augmenté de 30% ! Ainsi, le régime s’enrichit sur le dos des professions libérales qui veulent acheter un bien et aussi sur le dos des pauvres qui veulent simplement manger.

Alors le soir, on va crier sur les toits car on est malheureux en Iran et l’on ne se retrouve pas dans les paroles ou les gestes des dirigeants de ce régime ou de ses parlementaires qui se la coulent douce à Téhéran dans leurs locaux à température constante.
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Dons | Cette insouciance est insupportable pour les Iraniens qui vivent entre deux jobs ou la peur de perdre toutes leurs économies. Les députés du régime qui sont payés grassement le savent. Cette semaine, influencés par les cris nocturnes de mort à la république islamique, ils sont allés donner leur sang, après leur festin quotidien. Ils espèrent peut-être que le sang donné ne sera pas versé.
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La question est à poser à ceux dont on pend les grands frères pour un petit larcin. Ceux qui vivent en marge, sur les terrains vagues, les invisibles de Téhéran aux regards secs.