Iran : Indications sur le taux de participation aux élections 23.05.2009 Après avoir implanté son décor électoral, Téhéran a lancé la campagne des présidentielles dont le véritable enjeu est l’annonce d’un fort taux de participation qui soit la preuve éclatante de la légitimité du régime et ses différentes politiques. Actuellement, les divers responsables du régime prennent la parole pour appeler les Iraniens à une participation massive. Il y a une semaine, pendant sa tournée au Kurdistan iranien, c’est le Guide suprême qui avait ouvert le bal des appels à voter. Il avait clairement associé ce vote à un plébiscite sur la nature du régime. Puis ce fut le tour de Khatami à mettre en garde contre les dangers de l’abstention. La série continue avec la prière de vendredi officié par Rafsandjani, le patron occulte du régime. Ce dernier a opté pour une combinaison de deux thèmes développés par Khamenei et Khatami. « Ne pas se rendre aux bureaux de vote et refuser de donner sa voix ne résoudront rien et ne bénéficieront à personne. Les voix de chaque personne dans toutes les élections donneront du crédit au système islamique. La présence forte de tous ceux qui aiment leur pays et la révolution islamique décevra les ennemis », a déclaré Rafsandjani. Il a précisé que ces ennemis à savoir les contre-révolutionnaires ont toujours reculé face à la révolution quand cette présence a été entre 70 et 80%. Ce choix correspond à une réalité : contrairement à de nombreux Etats non démocratiques qui se prétendent comme telles, le régime des mollahs n’affiche pas des taux de participation de 99,9%. Il simule les vraies démocraties en annonçant des taux de participation normaux. Il a ainsi annoncé 68% en 1980 (Banisadr destitué en juin 81), 64% en 81 (Radjaï tué en août 81), 75% en 81 (Khamenei), 55% en 85 (Khamenei), 55% en 89 (Rafsandjani), 51% en 93 (Rafsandjani), 80% en 1997 (Khatami), 68% en 2001 (Khatami) et 60% en 2005 pour Ahmadinejad. On constate que par deux fois, le régime a affiché des taux élevés. Cela est dû au fait que le régime utilise le taux de participation comme un message subliminal. En 1997, le régime devait faire face à ses premières sanctions pétrolières (loi d’Amato) et Rafsandjani avait été placé sous mandat d’arrêt international, il a alors sorti de son chapeau le modéré Khatami et pour donner des gages de bonne volonté, il l’a affublé d’un taux de participation de 80%. Il en allait de même en 1981 après les premières sanctions américaines avec l’élection de Khamenei (actuel guide suprême ultra-conservateur), qui à l’époque pour les besoins de la cause bénéficiait d’un label de modéré, ce label qui plait tant aux Occidentaux. Dans les deux cas, il ne s’agissait pourtant pas de plaire, mais d’aller dans les sens des intérêts vitaux du régime. Cette fois, c’est aussi le cas, mais l’intérêt suprême du régime n’est plus de plaire mais faire la forte tête, ce qui nous vaudra une réélection d’Ahmadinejad. L’évocation par le patron du régime de la nécessité d’une participation massive de l’ordre de 70 et 80%, c’est-à-dire les deux maxima jamais utilisés par le régime, est le signe avant-coureur de l’annonce d’un tel taux. Comme disait Staline, « ce n’est pas ceux qui votent qui importent, mais ceux qui comptent les bulletins ». Quel que soit le vrai taux de participation (probablement entre 5 et 10%), Téhéran annoncera un taux choc très élevé. En le demandant, puis en l’obtenant forcément, le régime et aussi Rafsandjani s’offrent un plébiscite supplémentaire parallèlement au plébiscite accordé à Ahmadinejad comme le porte-parole de l’intransigeance nucléaire. Qui gouverne en Iran ?
| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani | |