Les Etats-Unis souhaitent arriver à une entente avec les mollahs. Cette entente pourrait leur permettre de contrôler la presque totalité des fournisseurs énergétiques de la Chine (Golfe Persique – Iran – Asie Centrale). Sans ce contrôle, Washington ne peut pas faire pression sur Pékin, c’est pourquoi il presse Téhéran de dialoguer (s’entendre). Téhéran fuit le face-à-face pour excéder Washington afin de faire montrer les enchères et monnayer cher son ralliement contre la reconnaissance de son rôle régional ce qui suppose un abandon du projet américain de la démilitarisation du Hezbollah.

Pour empêcher Téhéran de fuir le dialogue sans pour autant lui accorder ces « compensations », Washington a évoqué la nécessité d’une participation iranienne à une conférence internationale, simple prétexte pour coincer les mollahs dans une négociation directe. Détectant le piège, Téhéran a riposté par une exigence piège en demandant « une invitation officielle américaine », une sorte de reconnaissance implicite de son rôle régional. En réponse, Washington a demandé à ses alliés régionaux, la Turquie, le Pakistan, mais aussi l’Afghanistan à encourager Téhéran à participer au nom de leur intérêt commun. Tous ces efforts ont échoué, pire encore, le Guide Suprême a tancé le président turc Abdollah Gül, porteur d’une lettre d’Obama, pour « sa soumission aux Américains et ses relations avec Israël ». Alors que tout semblait bloqué pour un bon moment, jeudi soir (veille de w-e en Iran), à 20h00 heure locale, l’agence de presse Fars a soudainement annoncé sur la partie anglophone de son site que le ministère iranien des affaires étrangères avait annoncé l’« accord de son pays pour participer à la prochaine conférence sur l’Afghanistan ».

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accord | Immédiatement cette info rédigée en anglais a été transmise aux agences de presse étrangères qui ont signé un accord de partage de fichiers avec l’Iran. Elle a alors été reprise dans l’heure par Xinhua et la BBC et mondialement diffusée par ces deux agences. Mais il semblerait que l’agence Fars a fait une erreur grossière dans sa version destinée à l’international. En effet, la veille le mercredi 11 mars, l’agence ISNA [1] avait évoqué un entretien accordé par le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères au journal italien Europa où il était question d’un oui iranien à la conférence sur l’Afghanistan, pas celle du 31 mars à La Haye, mais celle qui devait se tenir en marge du sommet des G-8 le 27 juin en Italie ! ISNA indiquait que le porte-parole iranien (Hassan Ghashghavi) avait précisé : « nous avons dit oui à l’invitation officielle italienne et nous attendons l’invitation officielle américaine que nous accepterons quel qu’en soit son contenu ! »

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correction | Ce qui avait été une tentative médiatique à large portée orchestrée pour rappeler l’ouverture de Téhéran à un dialogue et sa sensibilité à une invitation officielle a été gâché par une regrettable erreur. Téhéran a essayé de corriger le tir par une autre déclaration forte via le célèbre « ministre pro-israélien » d’Ahmadinejad, Esfandiar Rahim-Mashaï qui était en visite officielle au Canada. Lors de sa conférence de presse, Rahim-Mashaï a déclaré que l’Iran était favorable à des discussions multilatérales sur l’Afghanistan, mais qu’il n’avait pas reçu d’invitation officielle à la conférence internationale.

« Nous avons entendu parler des ouvertures de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, mais nous n’avons pas reçu d’invitation officielle à un sommet. J’aimerais ajouter que n’importe quelle discussion concernant l’Afghanistan est importante et nous y serons favorable, mais avant d’envisager une participation, Téhéran voudrait en savoir davantage sur son ordre du jour », a-t-il précisé !

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démenti | Pendant la journée qui a suivi, Ahmadinejad a pris la parole à deux reprises, mais il n’a rien dit sur l’accord évoqué par le porte-parole du ministère des affaires étrangères de son gouvernement. Téhéran a attendu en vain une quelconque réaction occidentale saluant cette ouverture et plaidant en faveur d’une invitation officielle américaine adressée à l’Iran.

Finalement, 24 heures après le lancement de cette rumeur ratée, le vendredi jour férié à 20h pétante, Téhéran a démenti ! Le porte-parole du ministère des affaires étrangères (ci-dessous) a nié en bloc [2] « à 100% avoir tenu les propos rapportés par l’agence Fars et la presse étrangère ou encore avoir accordé un entretien au journal italien cité par ISNA ».

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Pour en savoir + :
 Iran : Ce que le Guide entend par des « compensations »
 (12 MARS 2009)