Comme dans le cas du Hezbollah, Téhéran utilise le Hamas pour créer une agitation régionale en représailles à des sanctions contre son programme nucléaire. S’attendant à un renforcement des sanctions, en prévision à une manœuvre de diversion via le Hamas, le régime a commencé pendant la période de l’Aïd à attaquer « certains Etats arabes », en particulier les alliés arabes des Etats-Unis pour leur « insensibilité aux malheurs de la bande de Gaza ». Ce furent d’abord des discours très violents notamment celui de Rafsandjani, l’actuel patron du régime, puis des manifestations très hostiles de miliciens et jeunes mollahs devant l’ambassade saoudienne et la représentation égyptienne (où les manifestant ont lancé un appel au meurtre d’Hosni Moubarak) et enfin une lourde campagne médiatique iranienne relayée par les télévisions arabophones du régime qui ciblent la rue arabe. On évoquait « une complicité entre certains Etats arabes et Israël qui impose un blocus à Gaza le privant de tout même de médicaments pour ses enfants palestiniens ».

Les deux principales cibles de cette campagne musclée ont été l’Arabie Saoudite, auteur d’un plan de paix avec Israël et l’Egypte qui œuvre pour la réconciliation entre le Hamas et l’autorité palestinienne. Sensible à l’impact de cette campagne malfaisante et très subversive, l’Egypte a riposté en accusant les mollahs d’exploiter le conflit israélo-palestinien pour dominer la région.

Cette accusation d’une domination chiite sur la région, bien que géopolitiquement incorrecte, a été choisie par les Egyptiens pour son impact sur la rue arabe majoritairement sunnite. Très sensible aux humeurs de son public, Téhéran a vite organisé un colloque et invité à la ville de Qom, siège du clergé chiite iranien, le cheikh égyptien Tantawi, grand imam d’Al-Azhar et plus haute autorité religieuse de l’Islam sunnite ! Ce dernier a refusé non pas en évoquant des motifs religieux, mais pour le fait que le nom de l’assassin de Sadate a été donné à une rue de Téhéran.

Ce refus n’arrange pas les affaires des mollahs, qui restent accusés de chercher à exploiter le conflit israélo-palestinien pour dominer la région. C’est dans ce contexte qu’est intervenu Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, mais aussi grand défenseur des mollahs !

Son appel modérateur ne tient aucunement compte des tensions voulues par Téhéran, qui est à l’origine même de la récente crise. C’est encore la rue arabe qui est visée par Téhéran (initiateur de cet appel) et non les Etats arabes. Amr Moussa a été le ministre des affaires étrangères de l’Egypte de 1991 à 2001 : les mollahs espèrent que son soutien convaincra la rue arabe qu’ils sont des partenaires fiables et non des profiteurs qui chercheraient à exploiter les malheurs des Arabes.

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Article copmlémentaire :
 L’Iran joue la carte du Hamas aidé par les Arabes et les Russes
 (20 DÉCEMBRE 2008 )