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Iran : Fin de carrière difficile pour un ami de Larijani
01.10.2008

Il y a environ deux mois, les médias iraniens ont pris en grippe Ali Kordan, le nouveau ministre de l’Intérieur du cabinet d’Ahmadinejad, pour avoir contrefait un doctorat honorifique de l’université britannique d’Oxford. Au fil des jours, même ses diplômes précédents obtenus en Iran ont été remis en cause, puis son implication dans la signature d’un contrat gazier avec Crescent, une compagnie des Emirats. Après avoir dit divers mensonges pour se tirer d’affaire, dans une lettre ouverte à Ahmadinejad et rendue publique par la presse du régime, Kordan explique qu’il avait été dupé par un intermédiaire se représentant comme un responsable d’Oxford. Récit d’une histoire à rebondissements !



En introduction, il faut préciser que cette campagne médiatique contre Kordan avait un fond politique et ciblait son ami et protecteur Ali Larijani, la figure montante du régime. L’actuel homme fort du régime, Rafsandjani, qui contrôle le ministère du pétrole, le cœur économique du régime, a soupçonné Larijani de vouloir placer ses hommes (Kordan, Nahavandian...) aux postes clefs pour accaparer le pouvoir et chasser la vieille garde enturbannée pour pactiser avec Washington.

Rafsandjani a réagi au nom de Kordan, un pasdaran qui venait aussi du ministère du pétrole où il était en charge des signatures des contrats pétroliers donc à même de le remplacer. Il a décidé de reprendre en main la situation : il a fomenté une rude campagne de presse contre Kordan. La presse a remis en cause son doctorat d’Oxford, puis ses diplômes précédents (licence et maîtrise d’on ne sait quoi) obtenus dans l’Université Azad (« Libre », ie privée et non homologuée), et enfin son rôle en tant que gestionnaire au ministère du pétrole dans l’affaire Crescent qui a abouti à sa radiation du team des superviseurs des signatures de contrats d’exportation.

C’est un Kordan déplumé qui est autorisé par la même presse à expliquer qu’il avait été dupé par un soi-disant intermédiaire d’Oxford qui pour une raison obscure lui a remis un faux doctorat honoraire. Dans sa lettre, il précise que c’est ce faux intermédiaire qui l’a approché pour l’informer que l’université d’Oxford était sous le charme de ses articles et insistait pour soumettre une nouvelle recherche pour lui obtenir un doctorat. Il précise que suite aux rumeurs répandues dans la presse, il aurait demandé au même intermédiaire et un avocat londonien de s’assurer de la véracité du document, les deux l’auraient assuré que le document n’était pas faux. Kordan précise que « personnellement il n’accorde aucune valeur à ce doctorat ni à aucun diplôme, mais meurtri par les accusations de tricherie, il a envoyé un émissaire à Oxford qui a été confronté à l’incroyable supercherie ». Avec cette explication, il n’y a ni diffamation, ni mensonge. Kordan a droit à un pardon, mais il reste sans diplôme. Le récit est pourtant inexact car dès le début de l’affaire, l’université d’Oxford avait fait savoir que ce doctorat honorifique attribué à Kordan était un faux.

Dans la foulée de cette explication fournie par Oxford, le ministre de l’enseignement iranien avait cherché à nuire à Kordan en précisant qu’il n’avait même pas de licence ou de maîtrise obtenues en Iran. Sur ce point, le ministre a aussi une explication très intéressante : il prétend que normalement on passe les unités de valeurs de licence avant celles de la maîtrise, mais lui les a passées en même temps. Ceci a perturbé l’université qui ne lui a pas donné les documents et notre surdoué étourdi a oublié de les demander car, comme vous le savez, il n’accorde pas de valeur aux diplômes. Il doit sans doute être maso pour passer tant d’unités de valeurs en si peu de temps pour rien.

Passons sur le fait que l’on a jamais su qu’elles étaient la matière de ses études. Les dirigeants du régime qui ont tous le même cursus universitaire imaginaire oublient parfois les évidences n’ayant jamais franchi le portail d’une université. Cette explication sur la double amnésie de l’étudiant Kordan et du directeur de l’université a reçu la validation de son accusateur et du chef de la commission parlementaire chargée des études et des recherches. Selon eux, mais désormais selon la direction de l’université en question, il est avéré que les unités de valeurs de Kordan existent !

C’est tout de même bizarre car malgré cette reconnaissance, le chef de la commission parlementaire chargée des études et des recherches, Ali Abbas-pour Tehrani continue d’affirmer que le ministre n’a ni licence ni maîtrise. Un autre de ses proches confie à l’AFP qu’il a bien fait de reconnaître son tort.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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De toute évidence, personne n’entend lui donner cette licence et cette maîtrise dont il a soi-disant passé les UV. Kordan (ci-dessus) doit désormais trimballer l’étiquette d’un brave homme peu instruit et un peu bête. C’est la fin de la carrière de Kordan et la touche artistique de la vengeance de Rafsandjani.

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Pour en savoir plus :
- Iran : Le fabuleux destin d’Ahmadinejad, le miraculé !
- (8 SEPTEMBRE 2008)

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