Accueil > News > Iran - économie : Le programme des réjouissances



Iran - économie : Le programme des réjouissances
12.09.2008

Il y a une semaine, la Banque Centrale iranienne a annoncé la maîtrise de l’inflation à 18,1% soit 0,3% en dessous de son seuil officiel en 2007. Le lendemain, elle a évoqué un taux d’inflation de 22,3% et le surlendemain un taux de 27,6%. Chaque chiffre incarne un message politique, les messages se succèdent au gré des besoins du régime, mais ils n’annoncent rien de vraiment réjouissant.



Quand Téhéran avait officiellement évoqué un taux de 22,3%, le même jour il avait laissé entendre par un des responsables de la BCI que ce taux était en rapport avec 36 milliards de dollars de bons de trésor non vendus. L’argument était peu convaincant, mais il s’agissait de suggérer indirectement un volume de masse monétaire d’environ 162 milliards de dollars (dont 22,3% égal à 36 milliards de dollars).

Dès le lendemain, la BCI a effectivement annoncé que la masse monétaire était de 160 milliards de dollars, mais il faut croire qu’elle a jugé son propre argument des bons de trésor peu convaincant, car elle a changé son fusil d’épaule pour désigner un autre coupable : des aides qu’elle aurait distribuées aux jeunes « entreprises rapidement créatrices d’emplois » !

Figurez-vous que l’on parle d’aides allant jusqu’à 1 million de dollars ! Ces aides ne sont d’ailleurs pas une nouveauté, depuis toujours le régime accorde des prêts aux fils des mollahs et des Pasdaran via de fumeux projets de création d’entreprises (prêts jamais remboursés). Dans le cas présent, le régime veut rendre responsable de sa folle politique de planche à billets cette pratique. Cependant, comme dans le cas des bons de trésors, le régime gonfle ses chiffres pour expliquer un surplus de liquidité désormais reconnu à 48 milliards de dollars (distribués sous forme de chèques-billets).

Dans la réalité, en se rapportant aux journaux iraniens, on trouve que précédemment le régime avait reconnu avoir accordé des aides élevées mais moins importantes. Pour l’année en cours, on peut avancer un montant global de 18 à 42 milliards de dollars versés à 307957 projets, soit une moyenne de 58000 à 169000 dollars, et ces projets ont créé 624000 emplois, c’est-à-dire 2,02 emplois par « entreprises rapidement créatrices d’emplois » (le directeur et sa secrétaire) !

Cependant, chacun a désormais oublié ces chiffres officiels et les médias du régime font une affaire d’Etat de la décision « arbitraire » de la BCI de couper cette « aide vitale » à des « projets prometteurs » qui auraient pu absorber totalement le chômage en créant « en six mois 2,4 millions d’emplois ». Le ministre de l’emploi Jahromi demande même sa destitution ou celle de Mazaheri, le directeur de la BCI !

Cette mascarade médiatique autour de faux chiffres met aujourd’hui les Iraniens devant le seul choix du régime : en théorie plus de chômage ou plus d’inflation, mais en réalité plus des deux et encore plus de pauvreté. On familiarise ainsi les Iraniens avec le concept d’une crise durable et insurmontable.

Parallèlement, le régime prépare un possible remaniement ministériel ou encore le départ du Mazaheri qui sera un bouc émissaire idéal. Son successeur à la BCI aura les mains plus libres pour continuer cette même politique de fuite en avant avec une population préparée au pire.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur l’économie iranienne :
-  Iran : Plus de blé, plus d’eau, à sec et HS !
- (30 AOÛT 2008)

Pour en savoir + :
-  Iran : Mésententes sur les chiffres de chômage
- (15 AOÛT 2008)

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Fléaux : Chômage |

| Mots Clefs | Fléaux : Pauvreté (et Disparité) |