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Iran : Les taux d’intérêts explosent !
02.09.2008

Après une semaine de folie sur le plan monétaire pendant laquelle la Banque Centrale Iranienne a imprimé en vitesse des millions de coupures de faux billets d’une valeur globale de 20 milliards de dollars, les banquiers iraniens se sont retrouvés en séminaire en même temps que siégeait la Commission Spéciale des Evolutions Economiques, un groupe autonome au sein du gouvernement, dont les décisions ne nécessiteront aucune approbation du président ou du Parlement. C’est la crise.



Rien d’intéressant n’a filtré de ces rencontres, mais néanmoins on sait que les débats n’ont pas été consacrés à la décision d’imprimer les billets sans contrepartie et encore moins à la dévaluation (moins 3 ou 4 zéros). Ces commissions ou séminaires ont deux priorités : rassurer les partenaires étrangers du régime et rassurer les commerçants iraniens.

Toutes les décisions bancaires du régime sont conformes à ces deux priorités. Ainsi pendant le 19ième séminaire des banquiers, Mazaheri, le directeur de la BCI, a affirmé qu’il n’avait pas pu réussir à émettre de grosses coupures, c’est pourquoi il a utilisé le subterfuge de chèques-billets. En réalité, le régime des mollahs refuse d’émettre « officiellement » de nouveaux billets ou rechigne à dévaluer car il affirme que la situation est loin d’être inquiétante et que l’inflation est sur le point d’être maîtrisée. Il a par conséquent créé une monnaie de substitution pour relancer la consommation sans admettre sa défaite.

La même hypocrisie règne à un degré encore plus élevé pour les intérêts bancaires. Dans les médias iraniens, le directeur de la BCI affirme qu’il faut résister à la baisse des taux d’intérêts sur l’ordre du gouvernement et qu’il y résiste de son mieux !

Mais il ne s’agit que de mots pour rassurer ceux qui gravitent autour du régime et qui ont confié leurs économies à ses banques. Dans la réalité des faits, en deux ans et demi, le directeur de la BCI a baissé les taux d’intérêts des banques d’Etat de 16 à 14% puis à 12% et ceux des banques semi-privées de 22 à 17% puis à 13%.

Motif invoqué : agir conformément à la promesse de baisser les taux d’intérêts parallèlement à la baisse du taux de l’inflation. En abaissant les taux d’intérêts à environ 12%, le régime des mollahs et la BCI se basaient sur le taux officiel de l’inflation à un chiffre (7%) qu’il prévoyait d’atteindre en 2007. Avec 12%, la différence entre les taux d’intérêt et le taux de l’inflation restait positive.

Cependant, vers le mois de juin 2008, le régime a dû admettre un taux officiel d’inflation aux alentours de 18%. Aujourd’hui pour rassurer les partenaires étrangers, la BCI évoque des mesures d’assainissement monétaire qui lui permettront de maîtriser rapidement l’inflation. Les mesures en question sont les émissions de billets sans contrepartie et des injections de dollars sur le marché ! La BCI est en plein délire ! C’est pourquoi il ne faut pas s’attendre à un quelconque changement dans ce système complètement à la dérive.

En dehors de la BCI, dans la réalité, le taux de l’inflation vacille de 45 à 70% selon les produits, et de ce fait avec 12% et même 22%, les taux d’intérêts des banques iraniennes restent négatifs. Ce n’est pas une nouveauté, ils sont négatifs depuis la révolution islamique de 15 à 25 points. Les épargnants ne gagnent rien et les banques non plus. Cependant, les banques peuvent émettre des faux billets sans contrepartie, mais pas les épargnants.

Ces derniers ont toujours eu deux choix : se serrer la ceinture ou tenter leur chance sur le marché noir qui dès les années 90 s’est adapté à l’hyperinflation permanente pour élever ses taux d’intérêt à 5 à 6% par mois (60 à 70% annuels). Dans les années 2000 (avant la crise nucléaire), ces taux ont légèrement baissé pour se situer entre 3 à 4% par mois. Hossein Hachemi, un ancien directeur de la Bank Saderat a reconnu ce fait en 2005.

Les récentes envolées de l’inflation – dues principalement aux émissions désordonnées de billets par la BCI - ont provoqué une nouvelle hausse et les taux sont revenus à 5 à 6% par mois à partir de 2005/6 pour atteindre les 8% par mois en août 2008 si l’on en croit Ali Rachidi, un des responsables de la chambre de commerce de Téhéran ! Certains taux courts seraient encore plus élevés, mais les chiffres restent non confirmés.

Avec de pareils taux, l’économie iranienne est proche de l’effondrement et l’on comprend la fuite en avant de la BCI et sa décision d’imprimer plus de billets et d’injecter toujours plus des dollars dans le marché. On comprend également l’exode massif des épargnants (8% le mois dernier) qui quittent les banques du régime pour s’orienter vers ce marché noir à haut risque. Ils espèrent gagner très vite le plus de rials possibles pour les convertir en dollars ou en or dont les valeurs restent étrangement stables depuis plusieurs mois.

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Les marchés qui rapportent :
-  Iran : La ruée vers l’or !
- (22 NOVEMBRE 2007)

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