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Iran : Reformatage du discours sur Israël et les Etats-Unis
21.07.2008

Les médias israéliens et occidentaux ont été agréablement surpris par la déclaration d’un ministre proche d’Ahmadinejad qui aurait déclaré que l’Iran était « l’ami du peuple israélien ». Ces propos ont déclenché une vive polémique dans les médias iraniens et cet homme par ailleurs lié par des liens familiaux à Ahmadinejad a dû démentir.



Dans la version diffusée par les médias occidentaux, Rahim-Mashaie aurait déclaré : « Aujourd’hui, l’Iran est l’ami du peuple américain et du peuple israélien. Aucune nation n’est notre ennemi dans le monde et cela est un honneur pour nous… Nous considérons le peuple américain comme l’un des meilleurs peuples du monde ».

Cette version est incontestable : Rahim-Mashaie a réellement dit ces mots, mais « un ami (lui) a dit que ses propos pouvaient être interprétés comme un premier pas dans le sens d’une reconnaissance du régime sioniste » et il a décidé d’intervenir pour mettre les choses au clair.

Pour expliquer sa déclaration, ce milicien peu instruit s’est lancé dans des considérations philosophico-sémantiques sur la signification des mots qu’il avait employés : il a ainsi évoqué « la différence entre les peuples et les Etats précisant au passage que la république islamique d’Iran n’était pas par exemple l’ennemie du bon peuple américain, mais en froid avec son gouvernement ».

Concernant Israël, il a précisé qu’en parlant du peuple israélien, il évoquait « les nobles autochtones palestiniens (des territoires occupés) de quelque religion qu’ils soient et non les immigrants juifs »… Il a par la suite replacé son discours initial éclairé par ces explications dans son contexte politique, pour affirmer que ce discours était dans la droite lignée des propositions pacifiques d’Ahmadinejad demandant « le départ des juifs (suite à un référendum) et non l’élimination d’Israël ». Il a aussi évoqué l’absence d’une intention guerrière du régime contre Israël, « car de toute façon, Israël était condamné ». Bref, il s’est emmêlé les pinceaux au point que désormais personne ne sait ce qu’il a voulu dire.

Ces explications pleines de confusions ont provoqué d’autres polémiques et tout est renté dans l’ordre suite à une intervention de Rezaï, l’adjoint de Rafsandjani au sein du Conseil de Discernement de l’intérêt de l’Etat. Rezaï a affirmé que concernant Israël, on ne pouvait distinguer le peuple de l’Etat : aussi bien son peuple que son Etat n’ont aucune raison légale d’exister. Rezaï a précisé que l’objectif du régime était de mettre fin à cette existence illégitime d’Israël en militant en faveur d’un référendum local. En revanche, Rezaï n’a nullement remis en cause le volet américain des propos de Rahim-Mashaie et ses références constantes à la bonté du peuple américain, références présentes aussi bien dans ses premières déclarations dans leurs explications fumeuses.

En réalité, la faute de Rahim-Mashaie a été son incapacité à communiquer un message que le régime souhaiter passer. Ce message est celui d’un possible dialogue avec un ennemi potentiel (en l’occurrence, les Etats-Unis). Le message devait expliquer que le dialogue avec les Etats-Unis n’était pas en contradiction avec les slogans officiels du régime car il s’agit d’un dialogue avec le bon peuple américain. Parallèlement, Téhéran cherche à reformater son discours concernant Israël, afin d’éliminer les références guerrières qui sont un obstacle au dialogue avec Washington.

Rahim-Mashaie s’est emmêlé les pinceaux en cherchant à rationaliser ces deux arguments complémentaires et a cru bon de les réunir en un seul discours dogmatique sur les peuples ! Comme il parlait des Etats-Unis, il a cherché autre exemple d’Etat hostile, c’est pourquoi il a évoqué Israël…

Mais après l’intervention punitive de Rezaï, l’incorrigible Rahim-Mashaie a pris une nouvelle initiative en faisant du zèle à l’envers : il a rappelé aux journalistes qu’il y a deux jours, il leur avait déclaré qu’Israël était mort depuis longtemps, et il ne restait que la formalité de l’enterrement pour l’oublier définitivement. Les mollahs lui demanderont sans doute de se mettre un peu au vert car ce genre de discours politiquement incorrect est désormais banni au pays des mollahs.

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