Téhéran n’a pas hésité à protester, jugeant les propos « immoraux » et le sénateur indigne d’assumer la plus haute fonction américaine. Pour notre part, nous condamnons également ces propos qui confondent les mollahs et la population iranienne, mais aussi le cynisme des mollahs car cette affaire est surtout révélatrice de l’économie iranienne.

Avant la révolution islamique, l’Iran était un important producteur de tabac qui exportait vers l’Europe et le Moyen-Orient (notamment au Liban, en Syrie et tout le pourtour du Golfe Persique). Reza Shah [1], le fondateur de l’Iran moderne, avait doté le pays d’unités de production industrialisée tournées vers l’exportation. Fondée en 1928 pour assurer au pays de confortables revenus, l’ITC ou Iranian Tobacco Company est rapidement devenue dès 1937 un label de qualité aussi bien pour la qualité du tabac iranien, très doux, que pour la qualité de la production.

Mais la production et l’exportation n’occupent pas une place privilégiée dans l’économie mafieuse du régime des mollahs. Les exploitations ou usines sont bazardées et remplacées par des produits d’importation sur lesquels les mollahs peuvent toucher des commissions pour autoriser leur entrée sur le marché national ou sur les marchés noirs parallèles. De plus les terrains des exploitations et des usines bazardées sont réutilisés pour la spéculation foncière.

Il est certes politiquement incorrect de parler de ce produit, mais la très ancienne et prospère industrie iranienne du tabac a été ainsi démantelée par les mollahs : un savoir faire et des emplois perdus à jamais.

Les mollahs ne sont pas bien placés pour critiquer les propos déplacés de McCain car c’est à eux que nous devons la lente déchéance de l’Iran. Quant à ce crétin de McCain, il ignore tout de l’Iran et du « persian tobacco » pourtant cité comme délicieux par son compatriote Mark Twain.

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