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L’Irak, simple figurant dans le conflit Iran - Etats-Unis
08.05.2008

Hoshyar Zebari, le ministre des affaires étrangères irakien a confirmé mercredi que « le quatrième round de négociations entre l’Iran et les Etats-Unis avait été renvoyé à une date indéterminée en raison des tensions dans la région ».



Le premier point intéressant est qu’un responsable irakien a enfin parlé de négociations irano-américaines et non de négociations tripartites selon la formule politiquement correcte des agences de presse occidentales. Les irakiens font de la figuration dans cette affaire et les propos du ministre irakien évoquant les tensions dans la région le confirment. Ces tensions ne sont pas entre l’Iran et l’Irak, mais entre l’Iran ou les Etats-Unis, d’où la nécessité de négociations irano-américaines.

Le second point intéressant est que tout le monde parle à présent d’un report de ces négociations alors que nul n’avait évoqué leur tenue avant le refus tonitruant des mollahs ! Nous avons été le seul site d’info à évoquer les préparatifs secrets irano-irakiens de cette rencontre et aussi le principal motif de son report irakiens par les mollahs (pressions russes et non les tensions dans la région).

Ce report avait été interprété à Washington comme une tentative pour faire pression sur l’administration Bush qui est pressée par le calendrier électoral et soupçonne Téhéran de préférer une entente avec les démocrates. L’administration Bush a réaffirmé qu’elle se tenait prête pour des négociations, mais a décidé de faire à son tour pression sur Téhéran pour briser cette « tentation démocrate » : les américains ont demandé au gouvernement irakien d’évoquer la création d’une commission pour enquêter sur l’ingérence terroriste des mollahs en Irak. Ils espéraient faire peur aux mollahs en laissant entendre que cette commission arabo-musulmane pouvait les accuser d’être à l’origine du carnage des civils irakiens, ou au contraire les blanchir des accusations d’ingérence formulées par l’armée américaine… Entreprise peu convaincante, puisque aussi bien les américains que les mollahs savaient que la commission ne pourrait pas accuser Téhéran car son verdict sans appel détruirait la possibilité d’une entente.

La commission est devenue désormais assez encombrante. C’est ce qui explique cette intervention de Hoshyar Zebari : le gouvernement irakien fait acte de présence, prend le relais des américains uniquement pour faire du bruit, parle de mesures de confiance ou de réelles possibilités de reprise des négociations au lieu de parler de commission d’enquête et de preuves accablantes... En une semaine, le gouvernement irakien a changé 3 fois de position !

Quand les préparatifs avançaient bien, le gouvernement irakien disait ignorer la présence des émissaires du président irakien en Iran !

Quand les émissaires sont rentrés à Bagdad avec une promesse iranienne de reprise de dialogue, avec l’accord de Washington le porte-parole du gouvernement irakien a déclaré que l’ensemble des accusations américaines était des allégations sans fondement, et ce afin de rendre politiquement correct le projet de dialogue avec les mollahs.

Quand Téhéran a dit non, Washington s’est fâché, et le gouvernement irakien a changé d’avis pour reconsidérer les accusations rejetées deux heures plus tôt pour évoquer la création de l’encombrante commission.

Quand Washington a finalement compris que le refus de Téhéran était motivé par des pressions russes, et non pas une folle envie de rire de Bush, il s’est adouci. L’amiral Mullen qui avait la semaine dernière agité le spectre de la guerre a pris la parole pour écarter les menaces d’un nouveau conflit. Et finalement, Washington envoie ce Zebari pour parler de tout sauf de la commission.

Ceci n’est pas nouveau, le gouvernement irakien a toujours agi ainsi. Quand les américains ont commencé à utiliser les miliciens du PKK en leur laissant carte blanche, le gouvernement irakien n’avait pas son mot à dire.En représailles aux dérives des PKK, le territoire du Kurdistan irakien fut bombardé, mais aucun ministre irakien et même Zebari le kurde n’a pas quitté ce gouvernement pour protester contre le mépris affiché des américains pour les intérêts nationaux irakiens. Aujourd’hui, c’est le même scénario ; les mollahs financent des miliciens qui tuent d’autres irakiens pour tenir tête aux américains, mais dans l’intérêt des Etats-Unis, le gouvernement irakien participe à toutes sortes d’intimidations américaines sans lendemain, pour accélérer une entente entre les deux parties qui ont le même mépris pour l’Irak et les irakiens.

L’administration Bush veut une entente rapide, essaie toutes sortes de solutions et entraîne dans ses variations hasardeuses ce pauvre gouvernement de figurants irakiens.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur la situation :
- Iran-Irak : Analyse globale des relations irano-américaines
- (10 Avril 2008)

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : IRAK |