C’est étonnant comme le Country Reports on Terrorism évite d’utiliser le nom officiel du régime des mollahs : Islamic Republic of Iran (IRI) pour désigner les vrais responsables de ce soutien aux mouvements terroristes. La seule référence à l’islam dans le cas de l’Iran concerne les Pasdaran que les américains souhaitent neutraliser pour affaiblir les défenses du régime des mollahs ; dans tout le reste du document, les auteurs de ce rapports du Département d’Etat utilisent les mots Iran ou dirigeants iraniens avec cette arrière-pensée obscène de ne pas créer un lien intellectuel entre ses dirigeants islamistes et le terrorisme.

Les Etats-Unis soutiennent l’émergence des Etats islamistes démocratiques : l’Irak est devenu une république avec une constitution islamique grâce aux américains. En Afghanistan, le régime allié des américains est encore une république islamique ! En Turquie, ils tremblent actuellement pour le parti au pouvoir qui pourrait être déclaré anti-constitutionnel : Rice a dit craindre pour la démocratie en ce pays.

Comme les britanniques aux XIXe siècle, les américains espèrent contrôler et empêcher la modernisation de l’Orient et de l’Asie grâce à des alliés religieux aussi bien musulmans que bouddhistes pour redessiner la carte mondiale et décomposer les pays millénaires à l’avantage de l’empire économique américain.

Les mollahs sont évidemment des terroristes, mais pas les iraniens. Cependant, ce rapport qui se veut catégorique n’a pas empêché ces mêmes américains des services du contre-terrorisme de rencontrer discrètement à Paris des responsables issus des Pasdaran « terroristes » pour évoquer la possibilité de travailler ensemble !

Cette publication n’est qu’un autre élément du roulement de tambours inutile des Etats-Unis pour intimider les mollahs afin qu’ils acceptent le deal (d’entente) proposé par Washington… Ce qui permettrait aux Etats-Unis de compléter leur puzzle d’alliés islamiques au Moyen-Orient pour s’attaquer ensuite au plat de résistance qu’est l’Asie Centrale, territoire gazier indispensable à la Russie et la Chine, les deux adversaires de cette politique impérialiste des Etats-Unis.

Pour aller dans le sens de cette entente, répétons-le, vitale pour les Etats-Unis, le rapport se conforme à la méthode de communication partielle de l’armée américaine à propos de l’ingérence des mollahs en Irak. Ainsi le rapport, dans son chapitre 3, sur « l’Iran » évoque un lien avec des miliciens chiites, mais n’établit aucun lien avec les djihadistes non-chiites, ceux qui tuent les américains ou posent des bombes.

Cette restriction du rôle des mollahs à un soutien seulement aux miliciens chiites irakiens est en contradiction flagrante avec le chapitre 6 (consacré aux mouvements terroristes au Moyen-Orient et en Asie Centrale) qui cite abondamment l’Iran comme étant le parrain de plusieurs mouvements islamistes sunnites !

Le rapport participe donc à la « politique de roulement de tambours » tout en se gardant de lier les mollahs à Al Qaeda Irak afin de ne pas griller les chances d’une entente. La même autocensure calibrée règne à propos du rôle des mollahs en Afghanistan. Afin d’amplifier le roulement de tambours, le chapitre 2 évoque une aide matérielle des mollahs aux Talibans mais pas de lien avec Al Qaeda (alter ego des talibans) !

Ces formulations sont plus complexes que l’on ne l’imagine car dans les deux cas, le soutien relève plutôt d’actes de guerre que du terrorisme. L’« Iran » est sur les listes des Etats parrains du terrorisme en Irak ou en Afghanistan, les deux principaux centre d’intérêts des électeurs américains, mais sur ces deux points, les Etats-Unis lui reprochent essentiellement des actes de guerre !

Finalement, le seul point noir du bilan terroriste des mollahs reste leur soutien aux mouvements islamistes palestiniens comme le Hamas et le Hezbollah. Sur ce point aussi le rapport a fait un effort en qualifiant ces groupes terroristes, de mouvements opposés au processus de la paix !

Cependant, il est nécessaire de rappeler que l’édition 2006 du même rapport jonglait sérieusement avec les formules dans l’espoir de trouver une entente avec le Hezbollah, mais dans les faits, nous savons que les américains n’y sont pas parvenus.

Le rapport 2007 resserre un peu les boulons côté Hezbollah, mais reste à l’image des actions diplomatiques entreprises contre l’Iran : empreint d’une approche biaisée et calibrée pour rendre possible une entente aussi vitale qu’impossible. Washington continue donc d’utiliser (sans succès) les communiqués d’ordre militaro-sécuritaire à des fins politiques.

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